Chapitre 25 - L'Aile Ouest (Partie 1)

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Son second plan imaginé sur le tas fonctionnait à merveille jusqu'à présent. Non sans casse, mais pour de l'improvisation, l'apostel s'en sortait très bien. Des trois niveaux inférieurs d'où il s'était approximativement réveillé, il avait atterri sur la vaste place intérieure non couverte du château de Paradis. D'ici, on pouvait contempler le plein soleil qui débutait son chemin vers son zénith, lentement mais sûrement. Le beau ciel bleu éclairait parfaitement les couloirs qui donnaient sur la place terreuse d'où marchait Annatar.

Ici, quelques chevaux d'importants notables étaient attachés aux barreaux en bois, créés à cette fonction. Les équidés mangeaient du foin de qualité. Pas comme dans l'écurie principale de la garde régulière, située à l'autre bout du château, près de la caserne.

La place était inondée de dizaines de soldats, affairés à discuter, patrouiller, ou à quelconques tâches dans leurs attributions.

On aperçut même sur les balcons de différents étages, quelques femmes de notables de la cité, amusées à regarder ces castes de rang inférieur qu'étaient les soldats de l'armée régulière. Elles se moquaient de l'apparence de leurs sous-fifres, travaillant à la sécurité de ces dames pour un meilleur salaire que ce qu'ils trouveraient par leur condition dans le privé, dans des fermes, ou des mines. Les poules de luxe, aux rires stupides et aux larges robes colorées à outrance, se moquaient également des tâches ingrates des écuyers en bas. Ces derniers bougres nettoyaient le purin des chevaux. Les équidés valant mieux que ceux qui les entretenaient aux yeux des bourgeoises. Les bécasses étaient coiffées de fanfaronnes façons. Avec des rubans ou des pics-cheveux en forme d'oiseaux, ou pire. Également maquillées de façon à ne plus voir aucun pli sur leur visage de poule de luxe. Car beaucoup d'entre elles tentaient de cacher leurs âges réels. Elles voulaient paraître plus juvéniles qu'elles ne l'étaient réellement, autant dans leurs physiques que dans leurs comportements. Tout comme leurs filles, à côté d'elles sur le balcon. Elles reproduisaient l'éducation malsaine et nombriliste que ces dames du monde leur avaient enseignée.

Annatar ne prêta plus attention à ces hurluberlues. Il continuait de marcher droit dans ses bottes volées, tentant d'imiter ses faux confrères en leur rendant leurs salutations humblement. Il essayait néanmoins de cacher une partie de ses vêtements, rendus écarlates par la propagation du sang de leurs anciens propriétaires. Heureusement pour lui, c'était une partie légèrement dissimulée et cela n'avait pas l'air d'attirer plus l'attention que cela.

Il se dirigea vers ce qui semblait être l'entrée principale du château. L'accès liait l'aile est, où était dirigé le comté de Jezeberg, et l'aile ouest où devait sûrement siéger sa cible. Cette dernière réunissant en ce moment même les preuves à apporter à l'inquisition pour détruire la Sybille.

D'après le rapport d'Herumor, Édouard Bouchard ne se doutait pas qu'on venait aujourd'hui pour lui. Et l'assassin l'espérait de tout cœur. La surprise restait une alliée utile pour l'assassinat d'un administrateur puissant, qui savait engager une armée entière pour sa protection personnelle.

L'intrus déguisé fut arrêté d'un signe de main par un des deux soldats. Ces derniers gardaient la porte d'entrée ouvrant l'aile ouest :

- Halte, Soldat. Tu ne peux pas entrer ici, et encore moins armé.

- Je sais bien, Soldat... ?

- Bern.

- Soldat Bern. C'est le fourrier Uk Tyriel qui m'envoie quémander le vaguemestre, pour une affaire de la plus haute importance concernant le prisonnier Gasper Ventabren.

- Comment cela ?

- Il désire faire des aveux supplémentaires au gouvernor.

- OK, OK, laisse-le passer, Jil, je connais le cas. J'étais de service il y a quelques jours pour cette histoire.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant