Chapitre 53 (Aux portes de la Sybille)

20 9 0
                                    


                  Les explications furent difficiles à entendre et d'autant plus à assimiler. En particulier pour le porteur du célestin, marchant en solitaire en tête de file pour tenter de calmer sa haine. Colère justifiée, mais malheureusement inassouvissable pour l'instant. Mais le célestin à la carrure d'un colosse se forcerait de faire avec. Du moins, pour l'instant.

Après avoir infliger une correction à l'escadron entier au péril de sa vie, Annatar avait enfin était écouté, à contrecœur, par les impériaux et notamment Jina. Celle-ci fut convaincue des explications de l'apostel. Avec son aide, celle d'Eslen et de plusieurs paladins, le zélateur à la poitrine généreuse et aux courbures parfaites avait dû intervenir pour que Tristan ne tente pas de tuer Annatar durant ses explications. Elle essayait de bloquer le capitaine au sol, pendant que son parent justifiait son retournement de veste.

Un changement de camp, si on s'autorisait à l'appeler ainsi, car ça n'en était pas vraiment un. Non, l'obscur ne désirait pas expier ses péchés. Il les acceptait et les assumait entièrement. Car il les avait commis pour elle. Pour réparer son odieux crime dont il n'était, si on pouvait le dire, qu'à moitié coupable. Rien d'autre n'avait compté depuis plus de dix ans. Rien que le retour de son amour perdu grâce à des puissances interdites que peu osaient utiliser.

Des forces que seul un puissant de ce monde, dénommé Herumor, prétendait posséder. Le désormais Annatar Narb im Hals avait cru aux paroles d'un ordre manipulateur... Granela, Gelt, Herumor, VitaliK, son gatsgeber... Cette seconde famille, aussi terrible et sans pitié soit elle, l'homme en noir lui avait fait confiance et lui voua corps, âme et souffrance.

Aujourd'hui, il savait la vérité par un malheureux hasard. Il remerciait les setters de l'äther pour ces révélations. Et il devait venger le pion, la marionnette qu'il était depuis dix ans. Et il n'avait eu d'autre choix que de trouver les seuls alliés de circonstance qui lui restaient, son frère et les mages Ut supra.

Triste coup du destin... Demander de l'aide à l'ennemi.

Il l'avait promis, il se livrerait à la justice sans aucune résistance, une fois le dirigeant sybillin détruit. Ou plutôt, si le groupe vainquait le meister, ce dont l'apostel doutait sérieusement. Mais il fallait essayer de venger la mort calculée par la Sybille, de sa belle et tendre Héléna. Une mort que le duo de vieillard avait prévue depuis l'adolescence d'Annatar. De Gabriel...

Ce fut le seul et unique argument qui avait fait changer d'avis le porteur du célestin de ne pas continuer sa vendetta contre son parent. Peu importaient les mille circonstances justifiant la trahison du cadet, seule celle de sa défunte promise comptait. En acceptant temporairement l'aide de l'obscur, Tristan se vengerait trois fois. Car en tuant Herumor et en arrêtant son frère, comme un capitaine paladin se le devait, il vengerait Héléna, son père Hector et le nom des De Justinier. Trois fois, telle était sa nouvelle source de détermination, son mantra qui l'empêchait d'exécuter le membre de sa famille sur-le-champ.

Leur si innocente et douce Héléna que les fils d'Hector aimaient par-dessus tout. Chacun à leurs manières... La pauvre et défunte Varguas, victime d'un coup monté de toute pièce par Siraffon et son meister.

Le capitaine, Jina et Eslen en tombaient encore des nues. Mais pourquoi ? Pourquoi tous ces drames et tout cet esclandre pour convertir à leur cause un adolescent maladroit, faible et sans prétention aucune, qui définissait Gabriel à l'époque ? Même le multiple cicatrisé ne sut répondre à cette question posée tant de fois à lui-même.

Ils essaieraient d'obtenir des réponses une fois arrivés au domaine de la forêt morte. Car le groupe ne se situait plus qu'à quelques kilomètres de Gravitz. Le numéro deux de la Sybille le leur confirma et dévoila toutes les subtilités d'un lieu qu'il connaissait comme sa poche. Il n'avait cependant pas révélé que le convoi de la défunte fille Varguas se dirigeait également au manoir. Le trio militaire ignorait tout des intentions d'Annatar, dans le projet de résurrection de la belle. Il ne pensait pas que son grand-frère voudrait soumettre le corps et l'âme de sa bien-aimée à des forces bannies par l'empire. Même pour la ressusciter.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant