Duquesa

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La douce odeur de chocolat chaud mêlée à la chaleur du soleil levant me tira doucement des bras de Morphée alors que ma peau glissa plaisamment contre les draps fins en m'étirant. Lentement, je m'extirpai du grand lit dans lequel j'étais seule, et contemplai un instant la mer s'étalant à perte de vue sous les fenêtres de la chambre à coucher, et dont le doux ressac résonnait comme une comptine apaisante.

Affamée, je quittai le confort de cette vue pour descendre les escalier de notre vaste demeure, surplombant le grand patio au centre duquel, assis avec son journal, se trouvait attablé mon délicieux mari, et un encore plus délicieux petit déjeuner.

-Holà, Julian. Dis-je en glissant une main sur son torse musclé en passant derrière lui.

-Holà, mi Duquesa. En beauté ce matin, comme toujours.

-Et toi toujours aussi prompt au réveil, te voilà déjà habillé comme pour un mariage.

-Quand on a mon âge, il faut savoir toujours se montrer élégant afin de se montrer à la hauteur de la beauté des jeunes femmes.

-Oooh, tonto... tu sais que je n'ai pas besoin de tes costumes pour t'aimer.

-Je le sais bien, mi amore... mais cela ne m'empêche pas d'apprécier quand tu me fais de tels compliments sur ma tenue.

-Tu es un français pur souche, mon cher... toujours les mots pour séduire les femmes, et l'apparence qui va avec.

-Oh, cela n'est pas simplement lié au fait d'être français, sinon la couronne d'Espagne devrait déjà déplorer que toutes ses jeunes femmes traversent les pyrénéennes.

-Ne parles pas de malheur, mi hermoso. Je préfère tous vous garder pour moi.

Un baiser sur ses lèvres vint sceller notre habituel petit échange matinal, et je vins m'asseoir à ses côtés pour dévorer mon petit déjeuner, avalant au passage ma pilule quotidienne. Julian, avec ses quarante ans consommés, était un homme mûrs, mature et réfléchi. Son apparence de gentleman était tout simplement à faire fondre, tout comme son regard pénétrant, ses beaux cheveux légèrement grisonnants, sa barbe toujours parfaitement taillée, la ligne si carrée de sa mâchoire... Il était l'homme que toute femme rêverait d'avoir et, coup du sort, s'avérait être également un parti plus qu'intéressant. Le groupe Asseni, un des leaders de la mode et de la parfumerie, duquel il était à la tête, pesait plusieurs milliards de dollar, le mettant à jamais à l'abri du besoin, et des très loin. Beaucoup de femmes tournaient autour d'un tel homme, et beaucoup ont réussi à l'avoir comme en témoignent ses deux divorces, ce qui n'est pas quelque chose de rare dans le milieu, surtout quand on a son âge. Mais, contrairement à ses deux femmes précédentes qui, même si elles avaient probablement quelques sentiments, devaient aussi avoir lorgné sur son argent, surtout lors du divorce, c'est bien loin d'être mon cas, et c'est pour cela que j'aimais à croire que la relation que j'entretenais avec Julian était loin d'être aussi superficielle que ses précédentes. L'argent de mon mari n'a jamais eut d'autre intérêt pour moi que convaincre ma famille qu'il était un parti favorable pour leur petite Duquesa adorée, me permettant de fuir l'atmosphère étouffante des terres de Montellano dont mes parents s'imaginaient encore les maîtres. Pour une noble espagnole telle que moi, il était difficile d'imaginer autre chose qu'une union arrangée entre famille avec l'homme qui me déplairait le moins, dans le but de conforter cette haute société dans son délire d'autosuffisance et de distanciation des classes plus populaires.

Julian, lui, n'avait rien à voir avec ce milieu. Il était beau, intelligent, intéressant, et, surtout, possédait une maturité et une aura qui me rassuraient, et avaient également rassuré suffisamment mes parents pour qu'ils passent sous silence ses deux précédents mariages, et acceptent de lui donner ma main. Julian était mon billet hors de l'enfer, et vers le paradis.

SauvagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant