Ad'heko, qui m'avait amenée, était déjà reparti, et Nokomis n'avait évidemment pas de permis et encore moins de véhicule. Il nous fallut donc choisir entre le taxi à l'heure de pointe ou les transports en commun - à l'heure de pointe également. Sans surprise, et après une âpre argumentation de ma part, ce fut le premier qui l'emporta, et nous pûmes donc profiter de nos retrouvailles assises en silence côte à côte, sur la banquette arrière d'un véhicule coincé dans les embouteillages, à tenter d'oublier l'étrange sensation qui s'était saisie de nous lorsque nous étions dans les bras l'une de l'autre. Enfin, c'était mon cas en tout cas, mais j'osai espérer que Nokomis se posait les mêmes questions que moi, mais qu'elle le cachait juste un peu mieux. La nuit commença à tomber tandis que nous roulions dans un silence tendu, chacune regardant par une fenêtre les lumières de Paris défiler à grande vitesse sous le ciel aux teintes rougeoyantes. Nokomis brisa le silence la première.
-Tu devrai appeler tes employés. On en aura plus besoin à l'avenir.
J'étais un peu triste de devoir me séparer de mon cuisinier, dont j'appréciais autant la présence que le talent. Mais c'était une des demandes de Nokomis, après tout. J'espérai simplement que ses talents culinaires étaient à la hauteur. Je sorti donc mon téléphone et passai mon appel. Celui ci terminé, le silence retomba dans le taxi pendant un moment, et je cherchai un moyen de le lever sans paraître m'y forcer.
-Puisque j'ai renvoyé le cuisinier, il faudra faire la cuisine dès ce soir. Fis-je remarquer.
Ce n'était peut être pas le meilleur moyen d'engager la conversation.
-Ok. Grogna-t-elle.
Une idée me traversa l'esprit.
-Quiero que tu n'auras pas à cuisiner ce soir. Dis-je. Tu viens de revenir, après tout, et je me sentirai mal de te faire travailler ainsi à peine arrivée.
-Ca me gêne pas, je t'ai dit. Puis, quoi, tu veux faire la cuisine pour moi? Toi? Je crois que je préfère jeuner.
-Toujours aussi venimeuse, eh? Rétorquai-je. Je comptais t'inviter au restaurant, mais si tu insiste à ce point pour cuisiner, je ne vais pas t'en empêcher.
Je sentis sa curiosité piquée.
-Attends un instant, ça dépend. Quel genre de restaurant?
-No lo se. A toi de choisir.
-Vraiment? Donc, si je dis McDonald, tu viendras avec moi manger dans un McDonald?
Je lui jetai un regard empli d'un mélange de courroux et de doute, me demandant si elle parlait sérieusement. Son expression malicieuse et amusée ne me donna que peu d'indication à ce sujet.
-En théorie, oui. Répondis-je. Pero, étant donné que je paie, tu pourrai choisir quelque chose de plus... élaboré.
Son regard continua de me fixer, comme pour attendre une autre réaction de ma part. Je ne lui fis pas le plaisir de lui montrer à quel point j'éspérai qu'elle ne me traîne pas dans un lieu pareil.
-Détends toi. Fit-elle finalement. Aucune chance que je mange dans un endroit pareil. Si tu savais la manière dont ils produisent ce qu'ils te font manger, tu en ferai autant pour les même raisons.
-Je ne mange pas dans les fast food. Répondis-je.
-Parce que c'est un truc de pauvre, et que tu es un princesse, oui. Pas parce que tu as une conscience écologique.
-Vale, maintenant que tu as bien ris, as tu décidé du genre de restaurant où tu veux aller?
-Tant que c'est pas de la bouffe industrielle, tout me va.
VOUS LISEZ
Sauvages
RomanceIls étaient là avant, alors ils ont été conquis. Ils refusaient de se soumettre, alors ils ont été chassés. Ils étaient différents, alors ils se sont battus pour le rester. Pour nous, ils semblent être des barbares surgis d'un autre âge, refusant la...