Odyssée sauvage

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Ce n'étais pas le genre de voyage à se faire en un seul jour, car il n'y avait pas moins de 6 heures de routes entre ma villa et le complexe rocheux terré au cœur des vallées ancestrales des Suomen – je le savais, puisque j'avais effectué le voyage une fois. Pourtant, Hen'Ruay sembla décider que le départ se faisait immédiatement, et qu'en conséquence j'allais devoir me contenter de mon pantalon large en tissu fin et de ma surveste grise pour aller crapahuter dans les montagnes et leurs forêts de conifères. Je posai mon véto immédiatement.

-Hors de question. Je passe chez moi prendre quelques affaires, et c'est ça, ou rien. Lui dis-je.

-Est-ce vraiment nécessaire ? Demanda-t-elle avec un air qui signifiait clairement qu'elle n'avait pas vraiment besoin de ma réponse pour avoir un avis là-dessus.

Je lui fis mon regard le plus dur.

-Ecoutez. Je veux bien vous accompagner, apprendre plein de chose sur votre culture, bla, bla, bla. Mais ça ne se fera qu'à la condition où vous laissez ma culture tranquille. Et ma culture dicte que les talons hauts et tissus fragile au cœur de la cambrousse ne font pas bon ménage. Ah ! Et que pour un voyage de plus d'un seul jour, une valise est nécessaire.

Ce fut à son tour de soupirer, mais j'étais intraitable sur le sujet. Au-delà d'un aspect purement esthétique et pratique, j'étais surtout venue ici dans l'optique de réunir rapidement quelques informations, et non pas de plonger aussi directement dans l'enquête qui m'intéressait. Le voyage vers la terre sacrée s'orna donc d'une escale à mon propre domicile, avec une légère nuance que j'avais négligée.

-Vous êtes sûre que vous ne voulez pas m'attendre dans la voiture ?

-Certaine. Je connais les femmes dans ton genre, Ester. Gloussa la vieille femme. Si je te laisse seule, je ne te retrouve pas avant 17h.

Je marmonnai un « pas aussi tard quand même » dans ma barbe tout en pénétrant sur la propriété. Etant accompagnée par moi-même, il ne fut pas trop difficile à Hen'Ruay de traverser la série de nouvelles sécurités mises en place par mon paranoïaque d'époux. Si être passée au radar à métaux par les gardes la gêna, elle n'en montra pas le moindre signe. Nous pénétrâmes au cœur du jardin, et longeâmes l'allée menant à la maison. A peine franchie la porte d'entrée, je me rendais jusqu'à ma chambre, sortait une valise, et commençait à fouiller dans l'imposante penderie contenant seulement le tiers de mes affaires, celles que je mets le moins souvent – car aller se trimballer dans les montagnes n'est pas vraiment ma tasse de thé quotidienne.

-C'est une belle vue que vous avez. Fit remarquer Hen'Ruay, et je sursautai.

-Vous n'aviez pas besoin de me suivre dans ma chambre non plus.

Elle ne répondit pas, faisant le tour de la pièce avec un regard appréciateur.

-Ce n'est pas tous les jours que l'on peut découvrir le mode de vie de la haute société. Déclara-t-elle. J'en connais qui abandonnerait volontiers leurs montagnes pour une vue comme celle-ci.

-J'ai peur que ce n'est pas en chassant ou en vendant des tresses qu'ils puissent se la payer. Dis-je avec sarcasme, tous en saisissant une paire de bottes de marches ne m'ayant servie qu'une seule fois jusqu'ici.

Hen'Ruay ne répondit pas immédiatement. Elle finit cependant par reprendre.

-C'est toi qui t'occupes du jardin ?

-Moi ? Oh non, jamais. C'est mon conjoint, Julian. Enfin, il apprécie de le voir et de planter quelques fleurs tous les trois mois, au-delà de ça c'est le travail du jardinier.

-Hmm. Je ne pense pas pouvoir apprécier cet homme, dans ce cas.

Je me retournai avec une expression courroucée, mais Hen'Ruay ne me regardait pas.

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