Gélule surprise

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Un soubresaut. Puis un deuxième. Je m'arque boutais, des pieds à la tête, sous la force de l'impact. Mes longs cheveux blonds, pourtant toujours si bien coiffés, tombaient en mèches éparses autour de mon visage, trempant au fond de la cuvette avec bien peu de grâce, tandis que la nausée me poussait dans mes derniers retranchements.

Je vomis une nouvelle fois. De longues salves de liquide brûlant et acide envahirent ma bouche, irritant ma gorge d'une insupportable lancinante, avant de choir dans la cuvette, ou leur odeur revenait m'assaillir à la charge.

-Tout va bien, mi duquesa? Me susurra Julian.

-A ton avis? Répondis-je sur un ton acerbe, en reposant mon corps épuisé contre la paroi de la salle de bain.

Se tenant dans l'encadrure de la porte, mon conjoint restait immobile, hésitant sur la marche à suivre me concernant. Ses yeux dégoulinant de pitié m'irritèrent au plus haut point. J'aimais cet homme, du plus profond de mon être, et ce malgré ses défauts. Mais je haïssait la simple idée d'être prise en pitié, quelle que soir la situation. J'étais bien trop fière pour cela.

-Ne reste pas planté là, cabron! Lui criais-je. Tu vois bien que je suis indisposée!

En hâte, il se retira, non sans une certaine maladresse qui me fit lui pardonner immédiatement. Néanmoins, je quittais très rapidement mes considérations romantique pour replonger la tête dans la cuvette, prise par une nouvelle montée de nausée.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'effrayante visite d'Ho'Cho en compagnie de Hen'Ruay. La vieille femme avait dû m'extirper seule de la grotte où j'avais défailli, et j'en avais été aussi touchée que profondément gênée. L'idée d'avoir été vue si faible par cette femme me hantait encore, mais la vieille femme n'en avait pas reparlé depuis, même pas pour me moquer ou me rabaisser.

Ma position dans la salle d'eau n'avait cependant rien à voir avec la vieille Suomen. J'étais simplement prise d'une violente maladie depuis quelques jour, qui poussait à me jeter régulièrement sur la cuvette pour y régurgiter mon dernier repas, et plus si affinité. C'était très épuisant, mais, n'ayant pas de fièvre, il me semblait peu nécéssaire d'appeler le médecin, et, étrangement, Julian n'avait pas contredis longtemps cette décision. Connaissant mon mari, il aurait dû insister si longtemps que j'aurai dû le menacer pour qu'il n'appelle pas son praticien personnel - et encore, il l'aurait probablement tout de même appelé. Il ne s'agissait, à mon goût, que d'une petite indigestion passagère, rien de bien grave, en tout cas pas de quoi appeler un professionnel. Mais cela faisait pas moins de quatre jours, et la durée de cette indigestion commençait à grandement m'étonner. Je n'en avais jamais fait de ma vie, et n'avait donc pas vraiment de notion de la durée normale de ce type d'affliction. Néanmoins, quatre jour faisait tout de même trop à mon goût.

-Je... euh... je dois aller travailler. M'interpella Julian depuis la chambre. Tu...

-Vale vale, je vais survivre, ne t'en fais pas. Houste, vas travailler! On dirait une mère poule!

Cette expression sortie malgré moi de ma bouche me rappela ma propre mère, et j'eus une grimace de déplaisir. Cela faisait longtemps que je n'avais pas recontacté le reste de la famille, toujours en espagne, et non sans raison, à vrai dire. Ma prise d'indépendance n'y était pas particulièrement bien vu, et j'étais très peu motivée par l'idée de me voir reprocher une énième fois mes choix de vie.

Livide, je me passais sous la douche pour la troisième fois de la matinée, dans l'objectif de faire disparaître l'odeur omniprésente de vomi. Puis, tel un zombi - un zombi relativement propre vis à vis des standards classique de ce genre de créature - je trainais des pieds jusqu'au lit conjugal où je m'effondrais de tout mon long. Je remarquais un message sur mon téléphone et le lisais rapidement.

SauvagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant