La brise marine carressait mon visage avec une douceur plus que relaxante, tandis que je me creusais la tête dans la salle que j'avais aménagée comme bureau dans notre grande demeure. L'ambiance rendait parfois difficile de s'y concentrer, mais c'était un environnement plus qu'agréable pour travailler et mener mes recherches - car tout commençait ici. Certains s'imaginent sans doute que les journalistes d'investigation passent leur vie à s'infiltrer chez des mafias dangereuse ou a faire du porte à porte chez les banques pour révéler les plus grands scandales financiers mais, à vrai dire, le plus gros du travail est toujours abattu ici, dans cette même pièce, là où naissent les idées, les premiers scripts, là ou sont passés tous les coups de téléphones, menées les premières recherches, et construits la trame des événements qui mèneront au produit final - un magnifique documentaire sourcé et construit sur des preuves solides, de préférence vidéos, qui fera l'effet d'une petite bombe dans un milieu particulier et, si le public s'y prête, même à un niveau plus grand.
A vrai dire, si je me creusais la tête au moment de commencer à mener une nouvelle enquête, ce n'était pas à cause du manque d'idée, mais plutôt l'inverse. J'avais toujours trop de choses en tête, trop de possibilités, trop de routes possibles. Ce n'était pas sans raison que je m'accordait toujours une bonne semaine de repos et de réflexion après la sortie de chaque reportage, un luxe que je pouvais me permettre, même s'il n'était pas rare que je travaille sur plusieurs projets en même temps. Et, actuellement, cela faisait à peu près une semaine que l'affaire Ayl'Dee Khobon avait été révélée, et c'était à peu près le moment où je devais me décider sur une nouvelle ligne directrice. Mais j'avais bien du mal à me décider, une nouvelle fois... Il me fallait un sujet puissant, qui révèle des choses bien cachées, mais qui puisse à la fois intéresser le public. J'avais déjà traité le trafic de drogue dans trois pays, les violences policières impunies aux états unis, les affaire de vente d'arme du gouvernement, et les malversations des mafias d'europe de l'est, entre autre. Il me fallait du neuf, du jamais vu, mais, évidemment, c'était toujours plus facile à dire qu'à trouver.
Avec un soupire, je quittais ma page word décidément bien trop remplie pour traîner sur internet. C'était toujours un bon moyen de se tenir au courant de ce qui tenait le plus au cœur du public, bien que ce ne soit pas forcément celui des réseaux sociaux qui finissait devant son écran de télévision. Twitter, notamment, permettait de se tenir facilement au courant des tendances en temps réel. Mais lorsque l'onglet apparu devant mes yeux, il ne présageait rien de bon.
-Descente sanglante des forces de l'ordre dans le sanctuaire Suomen... plusieurs blessés graves à déplorer... pronostic vital engagé... mouvements de colère dans plusieurs communautés... por dios ça part vraiment n'importe comment cette histoire...
Soudain plus tendue, je suivais le fil d'actualité. La descente était, selon les journalistes, encore en cours, et plus d'informations étaient à venir. Mais je ne dus pas descendre beaucoup pour que mon nom apparaisse inévitablement dans les messages portant de virulentes critiques à l'action du gouvernement. Je déglutis, et choisis de descendre au salon pour suivre le déroulement des choses en direct, sur une chaîne d'info en continu. Ce n'était pas le grand journalisme que j'appréciais particulièrement, encore une fois, mais c'était un moyen pratique de s'informer plus rapidement, et avec moins de déformation de l'info, que sur les réseaux. Malheureusement, le bilan ne fit que s'être alourdi, une fois la télévision allumée.
-...et c'est suite à une réaction violente de la part des personnes présentes sur place que les forces de l'ordre se sont vues forcer d'user de la force pour mener à bien leur mission. Lisait un présentatrice sur un prompteur.
-Oui, en effet Natasha. Ajouta son collègue, debout à côté d'elle. Les chiffres officiels ne sont pas tombés mais il y aurait pas moins de trois CRS blessés, pour une dizaine du côté des résistants. Ils auraient usé de couteaux, machettes et arcs pour se défendre face aux CRS, qui se sont vus forcer d'ouvrir le feu. Nous retrouvons notre envoyé en direct, Pierre. Pierre, vous vous situez à l'entrée des grottes?
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Sauvages
RomanceIls étaient là avant, alors ils ont été conquis. Ils refusaient de se soumettre, alors ils ont été chassés. Ils étaient différents, alors ils se sont battus pour le rester. Pour nous, ils semblent être des barbares surgis d'un autre âge, refusant la...