Chapitre 55

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Je rentrais chez moi à la volée. J'avais envie de pleurer, de hurler... Comment Armand avait-il pu trahir aussi facilement tous mes secrets après les beaux discours qu'il m'avait fait ?!

J'étais encore dans l'entrée, quand je vis mon père assis sur la terrasse. Il se tourna, regarda rapidement que c'était moi, et sans rien dire reprit sa position.

Je n'allais pas tenter le diable... Il m'avait vu, c'était très bien. J'en profitais pour monter à l'étage et me changer et démaquiller complètement.

Mon père ne m'avait rien dit... Coup de chance ? Aucune idée... Mais je ne trouvais pas cela normal qu'il laisse couler tout ce qu'il venait d'apprendre. Le connaissant, il aurait plutôt été du genre à rentrer dans une colère folle, frapper le canapé, ou encore me reconfisquer mon téléphone si fraîchement retrouvé...

« Est-ce que ça va mon cœur ? » Me demandait Thomas par sms.

Je lui répondit un petit « Pour l'instant pas de nouvelles... », et entrepris de me poser sur mon lit une fois physiquement en état...

La soirée passa bien plus lentement que prévu. Je n'avais qu'un hâte, qu'elle se termine pour arriver au lendemain et sortir à nouveau pour me serrer contre le torse de Thomas...

Mon père avait préparé un simple plat de pâtes au gruyère, et le dîner se passa dans le silence le plus complet, aucun de nous deux n'osant demander des comptes à l'autre.

Je pris la peine de regarder une série le soir, ne trouvant pas le sommeil, mais elle me parut beaucoup plus ennuyante que ma propre vie et je décidais donc de couper l'appareil pour essayer de m'endormir.

Sans grand succès. J'avais passé la nuit la plus abominable du monde, et je me réveillais ce matin avec des cernes magistrales sous les yeux. Il était presque 11 heures quand je décidais de sortir de mon lit, et suis descendu histoire d'attraper quelque chose à manger avant le repas.

J'étais en train de tester un smoothies aux kiwis, quand mon père arriva dans la cuisine.

- Bonjour ! Dis-je en essayant d'avoir l'air le plus de bonne humeur possible mine de rien.

Mon père ne répondit rien, et resta dans l'entrée de la cuisine, à me regarder m'affairer.

- Tu veux boire quelque chose ? Lui proposais-je trouvant le malaise de plus en plus grand.

- Jules, j'ai pris un rendez-vous chez le coiffeur, m'annonça mon père sans grande émotion apparente.

- Heu, oui ? Redemandais-je en me tournant vers lui. Et ?

- Et on y va cet après-midi.

- Pourquoi tu as besoin que je t'accompagne ? Questionnais-je trouvant la situation de plus en plus louche.

Mon père se tue un instant, baissant le regard vers les chaussures que je ne portais pas, et lâcha de but en blanc :

- C'est pour toi.

Alors là, j'ai bien cru que j'allais m'étouffer avec le bout de brioche que je venais de porter à ma bouche. Pour moi ? Pourquoi pour moi ? Il est sérieux ? J'avoue que me faire pomponner par une coiffeuse qui me ferait des tas de soins me ferait plaisir, mais ma coupe de cheveux était... Juste inexistante. J'avais les cheveux longs sans vraiment de coupe, et je n'avais aucunement besoin qu'on s'en occupe vu qu'ils ne m'arrivaient pas au milieu du dos...

- C'est gentil, mais, j'ai pas vraiment besoin... Répondis-je.

- Jules, je veux que tu te coupes les cheveux courts, rétorqua mon père en croisant ses bras, me regardant enfin dans les yeux.

Le doute fut levé, je comprenais maintenant pourquoi il me parlait de ça.

- Mais pourquoi ?! M'écriais-je. Pourquoi tu veux que je fasse ça ? Je n'en ai pas envie !

- ça ne peut pas continuer comme ça, continua mon père essayant de cacher qu'il perdait un peu de son calme. Dans deux semaines c'est la rentrée, et je ne veux pas que tu te pointes au lycée avec des cheveux longs, les tenues que tu portes actuellement ou encore du maquillage ! Tu es un garçon !

- Jamais ! Hurlais-je sans pouvoir retenir mes larmes. Je ne me couperai jamais les cheveux, je fais ce que je veux !

- Jules ! Gronda mon père en bouchant le passage par la porte de la cuisine de sorte à ce que je ne puisse pas fuir pas la conversation. Tu as le choix, je peux très bien te renvoyer chez ta mère !

Là, j'étais coincé. Je pouvais retourner vivre un enfer dans une maison qui n'était même plus la mienne, dormant dans un espèce de local dans lequel on m'avait déménagé et retrouvant tous les morveux de mon lycée que j'avais quitté qui allaient se faire la joie de retrouver leur bouc émissaire à harceler de nouveau... ou bien je restais dans une petite tranquillité, testant un nouvel établissement pour préparer mon bac et mes études supérieures, mais disant adieu à mes cheveux et par conséquent mon apparence de fille...

Les larmes continuaient de couler sur mes joues tandis que je pesais le pour et le contre.

- Papa s'il te plaît... Pleurais-je.

Mais mon père ne céda pas. Après tout, mes cheveux n'avaient prit que deux ans pour atteindre mes épaules... Dans deux ans, j'aurai presque 20 ans et je serai sûrement capable de faire ce que je veux...

- On part à 14 heures, me fit celui-ci en retournant sur la terrasse.

Avant la fin de l'été [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant