Another Mission T04 ~The Wars We Fight For ✅

chapitre 17 : hi.

Amarillo, 25 mai 2020

Jay s'essuya le nez qui recommença à saigner et souffla un bon coup avant de sortir des toilettes. Dans la pièce voisine on entendait les enfants crier en se poursuivant à la folie. Il s'apprêta à s'introduire dans ce qui semblait être le jardin, car c'était le second endroit où il pouvait être seul, mais s'arrêta au palier lorsqu'il sentit une petite goutte de pluie sur la tête. Le ciel du mois de mai était en train de gronder sur la petite mais bruyante maison de sa famille d'accueil. Le garçon de douze ans s'assit contre le mur et regarda le terrain en pente avec un mélange de tristesse et d'absence d'âme. Il y avait à peine douze heures de ça, il était à l'hôpital au chevet de son frère aîné qui était encore inconscient des coups de leur père. Il y avait à peine douze heures, on essayait de lui fourrer dans la tête que sa mère avait eu un grand accident et qu'elle en était morte.

Un grand accident...

Jay sentit des larmes lui monter aux yeux tandis que les nuages continuaient à gronder au-dessus de lui et que les gouttes d'eau commençaient de plus en plus à tomber. Il avait l'impression que sa vie se brisait, surtout que devant les policiers, son père avait tout nié en bloc. Avec des larmes. Des larmes ? Jay attrapa le premier objet qui lui vint sous la main et le lança très fort contre le mur où il vint se briser en mille morceaux. Le pot de fleurs qu'il avait lancé avait apparemment alerté du monde car du bout du toit de la terrasse vint se pendre une petite tête curieuse aux cheveux noirs et aux yeux bleus profondément perçants.

- Je savais pas qu'il y avait quelqu'un, tu es qui toi ?

Jay sursauta et se leva afin de faire comme s'il allait bien en essuyant ses larmes de ses joues.

- Je devrai dire pareil, pourquoi tu es sur le toit ?

Le garçon aux cheveux noirs jais disparut un instant avant d'atterrir par terre et de remettre son t-shirt gris à sa place.

- J'essayais de voir si on allait avoir une tornade.

Jay le regarda avec curiosité et constata en fronçant les sourcils.

- Tu parles bizarrement.

L'autre leva les yeux en l'air, le contourna pour attraper quelque chose et gronda en retour.

- Ça s'appelle un accent. Je suis né en Suède.

- Suède ?

L'autre garçon se tourna vers lui et rangea ce qui semblait être un livre derrière son dos avant de demander, la tête légèrement incliné.

- C'est quoi ton nom ?

Jay hésita mais finit par lui répondre.

- Jimson. Mais mon frère m'appelle Jay.

- Ok, moi c'est Nashville, mais toi tu peux m'appeler Nash.

- Nash ?

- Quoi, pas assez suédois ?

Son expression avait changé, il souriait maintenant. Jay sourit à son tour et Nash ouvrit la baie vitrée avant de l'inviter à le suivre ce qu'il fit après avoir hésité un bref instant.

Le dénommé Nash qui devait avoir son âge, un an plus vieux peut être, le mena à sa chambre où se trouvait deux paires de lits superposés et sur celui de droite, en bas, on pouvait y voir un petit drapeau suédois. Nash se dirigea vers le lit au-dessus et balança quelques trucs par terre avant de le lui indiquer.

- T'as du arriver ce matin, non ? Nos parents d'accueil n'ont jamais le temps de faire quoi que ce soit pour nous, alors... Si tu veux, tu peux dormir ici. T'as des affaires ?

Jay regarda le sol, la boule à la gorge et en guise de réponse, secoua la tête. Nash soupira et ouvrit un tiroir avant d'en balancer à nouveau les trucs dedans pour qu'il soit vide et le montra de la main.

- C'est pas grave. T'as de la place pour des nouvelles.

Jay observa la pièce un instant avant que Nash demanda avec curiosité.

- Qu'est ce qui t'es arrivé au visage ?

Le jeune garçon porta sa main aux bleus de ses yeux et de son nez et dit à voix basse.

- C'est rien.

- Tu sais, ici on en passe par des histoires, t'as pas à avoir honte de la tienne.

- Et toi ? Qu'est ce qu'il t'es arrivé à toi ?

Les yeux bleus profonds de son nouveau camarade de famille s'illuminèrent comme un éclair et il haussa les épaules.

- Tout ce que je sais c'est que je suis venu dans ce pays quand j'avais six ans avec ma mère. Et que j'y suis resté sans elle. Dans cet endroit.

- Elle est morte ?

- Je crois. On a essayé de m'expliquer mais j'arrête pas d'oublier...

- Et ton père ?

Nash rigola un instant avant de s'affaler sur son lit.

- Il est super riche et il m'a placé ici parce qu'il est trop occupé à fabriquer des flingues.

Jay guetta un regard de fierté ou de colère mais il ne vit que de la douleur alors pour apaiser la tension, il s'assit sur une chaise avant de changer de conversation.

- Je crois qu'on va pas être amis.

- Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

Il indiqua une petite affiche qui se trouvait à côté du drapeau suédois de Nash où figuraient en arrière-plan des colonnes de chiffres et sur le devant il était écrit en gros...

- Matrix. J'aime pas ce film.

Nash se releva dans un sursaut et hurla en pointant les mains vers le plafond.

- Quoi ? Non, j'espère que t'es pas sérieux ?!

- Si... Je trouve ça complètement con.

Jay vit son visage se décomposer mais celui-ci finit par se détendre et le regarda avec peine.

- C'est parce que toi t'es pas prêt à prendre la pilule rouge. T'as rien compris.

Jay éclata de rire et Nash lui lança son oreiller en plein visage, avant de continuer.

- J'aime un défi. Je m'en fous du temps que ça prendra mais je vais tout faire pour te prouver le contraire.

- Essaye. Tu vas pas y arriver.

Le Suédois le regarda un instant et prit le dernier oreiller de son lit avant de le lui tendre.

- Tiens, tu vas pas en avoir un avant longtemps.

- Mais... et toi ?

- On vit dans ce merdier ensemble, maintenant, autant en faire quelque chose de moins...

- Merdeux ?

- Exactement !

Jay hésita un peu parce qu'il venait de remarquer qu'en l'espace de cinq minutes, Nash venait de se sacrifier trois fois pour lui alors qu'il ne connaissait de lui que son prénom et le fait qu'il n'aimait pas Matrix. Il ne savait pas s'il devait se méfier ou de lui faire confiance. Mais il avait assez perdu pour en perdre encore et si Nash voulait quelque chose de lui il allait pas faire quoi que ce soit pour y remédier. Alors il se laissa juste aller et prit le coussin avec considération.

- Merci Nash.

- De rien.