SARAH
Sarah souriait. Elle souriait même un peu trop souvent et avec trop de joie par rapport à son travail, mais même avec le bistouri à la main, elle était heureuse. Remplie de joie par cette exquise adrénaline qui faisait palpiter ses veines sous la peau. Ses mains profondément enfouis dans la cavité abdominale d'un patient ? Sourire. Du vomis dans ses cheveux ? Sourire. Bon... Un sourire hystérique et dégoûté, mais un sourire. Elle était née avec de l'adrénaline dans le sang et ce n'était pas ces petites années à la maison avec un bébé accroché à son sein tandis qu'elle passait ses journées à la maison en jogging qui allaient lui fournir cette adrénaline... Sarah était en mer depuis 4 jours à présent, et être sur un porte avion, entouré de marins et de pilote d'avions de chasse aidait incroyablement à se sentir vivant. La jeune chirurgienne se réveillait avec le bruit assourdissant des moteurs des avions de chasse et ni une, ni deux, elle se levait, s'habillait et se préparait pour ses patients. Il n'y avait pas vraiment de conflit pour l'instant, la plupart des patients étaient surtout ceux qui s'étaient blessés sur des machines qui avaient mal fonctionné ou des crashs d'avions en pleine mer...
Sarah était occupée à surveiller une grande brûlée en se rongeant les ongles. Cette pauvre fille allait sûrement devoir retourner sur la terre ferme, elle n'allait pas retrouver l'usage de ses bras à temps pour être efficace sur le porte avion à la première attaque qui, à en juger les têtes concernées de officiers autour d'elle, n'allait pas tarder. Bercée par le rythme hypnotique des moniteurs de la salle de la section médicale du port avion, Sarah essaya de se garder concentrée sur ses dossiers post-opératoire. Elle s'apprêta même à continuer à écrire quand une voix retentit derrière elle.
- Comment ça ?
Sarah se retourna et vit que derrière la baie vitrée se tenait l'Amiral même du vaisseau sur lequel ils se trouvaient, suivi plusieurs autres grands officiers de l'armée de mer et de l'air, y compris celle qui l'avait accueilli, la Capitaine Hampton qui avait son béret sous l'un de ses bras.
- la Catalogne et l'Italie se sont ralliés à notre cause juste parce qu'ils savent qu'ils ne vont pas pouvoir tenir les attaques de la mer Méditerranée. Il faut leur envoyer des forces, comme ils le feraient pour nous et vous êtes le seul à pouvoir demander ça ! Il faut au moins ouvrir le passage du Golfe du Mexique pour ça. Après on pourra le refermer dès qu'ils seront passés.
Sarah se rassit sur son siège pour faire comme si elle était en train de surveiller sa patiente fermement endormie sous tout le taux de morphine qu'elle avait reçu, mais tendit quand même l'oreille pour écouter.
- On a vraiment besoin de tout les nôtres chez nous, on ne peut pas risquer de les envoyer en Europe, est ce que vous avez vu notre position géographique ? On ne devrait même pas imaginer le mot "guerre" vu où on est, on peut avoir la meilleure armée du monde, on ne pourra pas contrôler autant de fronts en même temps. Et l'ennemi le sait. Alors pour ma part, je ne mettrai pas un bon mot pour envoyer des hommes en Italie.
- Amiral Reynolds, sauf votre respect mais on ne peut pas se comporter en égoïstes, pas maintenant, on est pas les seuls à qui les Etats Unis ont déclaré la guerre, il y a d'autres pays qui se retrouvent emmêlés à cette histoire, plus que vous ne le pensez. Le Général Nickson était peut être un mercenaire et est peut être mort mais ses hommes se sont multipliés et n'ont pas oublié ce que leur maître voulait...
Sarah entendit l'Amiral Reynolds rire sur le coup avant de reprendre sa voix profonde et menaçante.
- Je suis au courant de comment marche la suprématie blanche, Capitaine Hampton, j'ai côtoyé plus de fascistes dans ma vie que vous ne pourrez le penser, Nickson a peut être assassiné Trump au grand nom des Etats Unis mais il ne valait pas mieux que lui... Mais justement parce que je connais des gens comme lui que je sais qu'envoyer des hommes vers lui, n'aidera pas à la guerre qu'on mène sur notre propre territoire.
- Il le faut, Amiral, sinon nos alliés vont vite comprendre qu'ils n'ont aucune raison pour l'être... En tant de guerre, il faut garder près de soi le plus longtemps possible nos alliés, peu importe à quel point dans l'histoire il n'y a aucun amitié, seulement du profit économique.
Sarah réprima un petit rire dans la manche de son uniforme aux dires de l'un des officiers. Il avait raison, ils avaient tous raison, même l'Amiral en fin de compte... Ce n'était pas le moment de créer une brèche dans la ligne de défense navale qu'ils venaient de créer, on ne savait encore à ce jour pas si l'ennemi allait attaquer par les fronts terrestres ou marins, après tout, dans les deux cas, ils avaient les avantages et les Texans n'allaient jamais attaquer que s'ils se sentaient menacés. Mais dans un autre sens... Laisser les alliés sans aide... La jeune femme dut même se cramponner à son siège pour ne pas ouvrir la bouche et donner son avis à d'aussi grands officiers qui étaient en train de discuter d'actions à conséquences internationales, mais c'était si compliqué de juste rester assise alors qu'elle avait elle même côtoyé la guerre de Nickson... Sarah osa alors un petit regard en arrière, très discrètement en se cachant derrière ses cheveux et vit l'Amiral Reynolds, un homme de taille imposante au teint halé, qui se grattait la barbe d'un geste pensif.
- Si et j'ai bien dit si, j'en parle au conseil et que je propose cette idée... Il me faudra vos hommes, Capitaine Hampton, pour m'assurer un grand survol bien surveillé avant de même penser à faire passer le moindre homme.
- Bien reçu, Amiral Reynolds.
- Bien, je vais aller contacter la terre ferme alors.
Sarah les regarda s'éloigner, en sentant une petite pointe de soulagement, au moins une bonne décision de prise... Mais elle n'eut pas le temps de se concentrer sur ça que son supérieur, le Major Manners se dirigea vers elle, le masque sur la bouche et ses mains gantées croisés devant lui pour ne pas à avoir les re stériliser après.
- Anderson, j'ai besoin de toi au bloc 3, je vais rester coincé plus longtemps que prévu au bloc 2, si tu auras besoin d'aide... Non, ne m'appelle pas en fait, démerdes toi, tu devrais déjà tout savoir.
- Bien, Major.
- Allez, allez, grouille toi !
Sarah se leva alors en laissant derrière elle sa patiente brûlée et courra dans la direction des salles opératoires, sentant à nouveau ce rush d'adrénaline lui parcourir les veines.
Il n'y avait de doutes, elle aimait son travail plus que tout dans le monde.
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Another Mission T04 ~The Wars We Fight For ✅
Romance~ spin off de fin de "Regiment of Halley" ~ La vie reprend doucement son cours pour nos "héros" du Nigéria, dans la chaleur des paysages Texans. Les familles se construisent et ainsi, pendant un bref instant, l'histoire appartient au passé. Mais...