Another Mission T04 ~The Wars We Fight For ✅

chapitre 69 : des limites à ne pas franchir

JAY

Jay était en train d'ordonner à tout le monde de remettre les choses en place en essayant de garder son esprit sur les railles de la concentration. Cela faisait déjà 3 jours qu'ils étaient revenus du front et ce qu'il avait vu là bas était très loin d'être ce qu'il croyait. Il aurait cru voir des troupes ennemies qui défendaient leurs positions, il aurait cru devoir tirer sur ceux qui essayaient de tirer sur eux... Mais à la place il n'y avait personne. Absolument personne. Les deux unités d'infanterie dirigés par Parker et Chelsea avaient pourtant fouillé tout les alentours, mais il n'y avait absolument rien. Rien qu'une frontière tranquille qui ne laissait pas paraître que la guerre était là. Et pourtant... L'atmosphère n'était pas la même, c'était comme si l'air empestait le souffre, comme si la tension était palpable, que l'air était embourbé et que les particules collaient aux poumons. Jay et son équipe avaient passé l'une des pires expériences militaires qui soit : rien. Le cauchemar de tout le monde, il n'y avait rien de pire que de s'armer jusqu'aux dents inutilement. Et pourtant la menace était bien réelle, les attaques étaient bien en train de se produire et l'ennemi était bien présent, tapi dans l'ombre, ou pas. Jay était donc en train de tout arranger quand soudain son regard se posa sur Parker au loin, qui était en train de briefer l'unité qu'il co-dirigeait avec Emily. Il déposa ses affaires sur une caisse et se dirigea vers celui-ci.

- Parker, est ce que tu as reçu les formulaires de demande des munitions que je t'ai demandé ?

Parker prit congé de ses hommes et se tourna vers son supérieur, accompagné d'un soupir d'exaspération.

- Non, toujours pas, ils ne veulent pas nous en envoyer parce que pour l'instant, on ne nous en sert pas. Une question de rations, apparemment...

- ça ne va pas tarder et quand ça sera le moment, on pourra pas les recevoir...

Grommela Jay en passant une main frustrée dans ses cheveux, la tête bouillonnante à force de réfléchir à comment organiser les prochaines missions. Parker sursauta quand apparemment il se souvint de quelque chose et lui dit.

- Ah au fait, j'ai oublié de vous dire ! Vous étiez en briefing donc je me suis permis de prendre l'appel à votre place, mais Nala a appelé.

Un petit frisson parcourra l'échine de Jay qui se rappela que dans quelques jours c'était l'anniversaire des trois ans de sa fille et se tourna alors vers son Lieutenant afin de le bombarder de questions.

- Comment elle va ? Est ce qu'il y a un problème ? Elle m'a demandé ?

- Bien sûr qu'elle vous a demandé ! Et elle va... Comment dire...

Un air de culpabilité s'afficha sur le visage d'habitude si amical de Parker et quand il baissa le regard, penaud, vers le sol, Jay fulmina, énervé.

- Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? Merde, Parker, mais balance !

- Ben c'est ça le problème, justement, je crois que j'ai balancé...

- De quoi tu parles, bon Dieu ?

- J'ai peut être mentionné le fait à Nala que... Que... Chelsea était dans notre section. Voilà.

Jay en eut la bouche bée, il mit un tel long moment de réaction, que Parker s'en inquiéta et posa une main sur son épaule.

- Est ce que ça va ?

- Tu as fait... Quoi ?

Face à son ton froid, empreint de toutes les mauvaises intonations qu'il pouvait y avoir dans une seule phrase, le jeune Lieutenant retira avec précautions sa main et fit un léger pas en arrière en balbutiant.

- Je suis désolé, je ne voulais pas...

- Tu voulais pas quoi, Parker, hein ? Causer la merde ? Fourrer ton nez là où il n'a pas lieu d'être ? Dis moi, Parker, explique moi, parce que là, je dois t'avouer que je commence un peu à ne pas vraiment comprendre...

- Je suis vraiment désolée, mais c'était dans le moment de la conversation et elle m'avait demandé comment était notre section.

- Et alors ?! Y'avait trois mille autre choses que tu pouvais dire plutôt que ça !

Au haussement du ton de Jay, de nombreux militaires passants tournèrent leur regard sur la scène ce qui ne fit qu'accentuer la colère qui était en train de naître dans le cœur de Jay qui ne rêvait que d'une seule chose, c'était d'attraper Parker par le col et de fracasser son visage à grands coups de poing. Il n'en fut rien, non, à la place, il se contenta de continuer à vociférer des répliques, toutes plus cinglantes que les précédentes.

- Excusez moi, mais... J'ai fait quelque chose de mal ?

L'innocence de la question de son subordonné ne fit que l'énerver d'autant plus et il le poussa avec force dans l'épaule.

- à ton avis ?! Bien sûr que oui ! Tu t'imagines ce qu'elle va penser maintenant ?!

- Et qu'est ce qu'elle devrait penser ? Parce que si vous vous mettez dans de tels états c'est que peut être que j'ai eu raison d'en parler et qu'elle aura raison de s'inquiéter !

- Mais pourquoi tu as fais ça ?!

- Parce que vous êtes tout les deux mes amis et que je n'ai pas envie que qui que ce soit soit blessé !

- Mais t'es pas le mien !

Répliqua presque aussitôt Jay en le poussant de nouveau, ce qui manqua de peu de le faire tomber à la renverse. Les yeux marrons de base si gentils du jeune Lieutenant s'agrandirent sous la peine que provoquaient ces mots si violemment jetés à son visage, mais Jay s'en moquait, il était énervé, ébloui sous les effets de la rage et il allait lui falloir un long moment avant de s'excuser.

- T'es pas mon ami, Parker ! T'es mon putain de subordonné, rien de plus ! Ton boulot, c'est d'obéir à mes ordres et de les retransmettre à ton tour, ton boulot c'est d'être sur le terrain après avoir préparé une mission, ce n'est surement pas celui de te mettre dans ma vie ! T'as rien à foutre là dedans et tu n'y foutras jamais quelque chose ! Pour moi, tu n'es personne d'autre que le Lieutenant Haskins et tu devrais savoir depuis longtemps où est ta place !

- Qu'est ce qui se passe ici ?

Fit Chelsea en accourant vers eux, le front plissé par l'inquiétude. Jay la foudroya du regard et tout en l'ignorant, finit en pointant le doigt sur le torse de Parker, toujours sans mots face à cette attaque.

- N'oublie jamais où est ta place...

Sur ce, il tourna les talons sans demander son reste parce qu'il restait un moment de plus, il aurait fatalement mit son poing dans son visage. Le temps n'était pas venu aux tensions aux sein des équipes, le temps était venu à garder les alliés près de soi parce que la guerre allait être sans pitié pour eux, ça, il le savait, alors il fallait mieux pour lui de ne pas trop s'énerver. Mais dans ses tréfonds, dans les coins les plus obscurs de son âme, peut être que la seule raison de sa colère était autre que le fait que Parker s'est entreposé dans l'histoire...

Mais ça, il n'était pas encore prêt à l'admettre.