Another Mission T04 ~The Wars We Fight For ✅

chapitre 45 : tomber dans la morosité

SHAYNE

Fracture du fémur. Rien que ça. Shayne se frotta frénétiquement les yeux d'un air frustré et se dit que peut être qu'il n'aurait pas du merder à son retour du Yémen, peut être qu'il aurait du s'enfermer dans la salle de bains de l'hôpital et avaler encore plus de pilules d'oxy. Comme ça il n'aurait jamais eut à confronter le regard de pitié que lui accordait les infirmières...

- Il n'y a cependant aucun impact sur votre anévrisme cérébral. C'est une bonne nouvelle !

Yay. On sort la bouteille de champagne.

Shayne se redressa à demi sur ses coudes et fit volte face au petit docteur binoclard qui regardait les scanners de son cerveau avec une légère pointé de déception, ce qu'il ne savait pas vraiment comment prendre.

- bon apportez moi des béquilles, que je puisse rentrer chez moi.

Le docteur ricana doucement avant de s'approcher de lui et de lui dire avec un grand sourire.

- vous ne m'avez pas bien compris, Lieutenant-Colonel Carter... Vous avez le fémur cassé.

- je vous confirme que j'ai très bien compris...

- ce qui fait que vous n'avez pas intérêt à bouger le col. Vous pouvez retourner chez vous, je vais vous prescrire une ordonnance pour des anti-douleurs, mais vous y retournez en fauteuil roulant.

Shayne éclata de rire avant de violemment attraper le binoclard par le col de la blouse et de fulminer.

- dis moi petit merdeux, tu crois que j'ai une tête à me déplacer en fauteuil roulant ?!

- lâchez moi, Lieutenant-Colonel ou vous me verrez forcé de vous administrer ce calmant maintenant !

Il s'exécuta, bouillonnant de rage et l'autre sortit d'une boîte neuve une sorte d'atèle bleu avec de multiples boulons.

- c'est quoi ?

- C'est nouveau, on a remarqué que les plâtres de jambe n'étaient pas vraiment adaptés pour des fractures à long terme comme la vôtre. Alors ceci va remplacer le plâtre, il va faire en sorte que votre fémur reste bien fixe.

Shayne regarda l'objet avec méfiance tandis que le docteur le glissa avec précautions sous sa jambe et serra les boulons contre sa peau enflé ce qui manqua de le faire crier de douleur. Parmi toutes les douleurs qu'il avait ressenti dans sa vie, la fracture du fémur les dépassait largement. C'était comme s'il préférait perdre sa jambe plutôt que de la garder. C'était un lancement continu, le moindre frôlement d'air lui donnait envie de pleurer et ce n'était pas les serrements de boulons qui lui arrangeaient son cas. Quand le docteur eut finit, il se retourna un instant pour écrire quelque chose sur son carnet de prescriptions avant d'arracher la feuille et de lui tendre.

- voilà, si voulez je peux aussi vous prescrire des anxiolytiques, des ox...

- non, pas ça.

- comme vous le voudrez.

Shayne se redressa alors avec difficultés et se dit que c'était bien à ce moment là qu'il aurait besoin de Sarah à ses côtés.

Shayne passa les deux prochains jours enfermé chez lui, à se morfondre dans la douleur et la sédentarité. Il avait quand même refusé le fauteuil roulant mais il commença à voir l'utilité de cet engin quand il remarqua que marcher, même avec des béquilles, était un supplice. Nala lui venait en aide dès qu'elle le pouvait et il détestait le regard de culpabilité qu'elle lui adressait. En fait, il détestait tout, la moindre petite chose pouvait l'irriter et le mettre en colère. Par exemple cette maudite pluie épaisse qui n'arrêtait pas de tomber depuis trois jours... Shayne la regarda depuis la fenêtre tandis que Neil gigotait sur son petit tapis au sol avec un large sourire sur ses lèvres de bébé, insouciant du monde extérieur. L'officier replia sa jambe valide sur son torse et posa son menton sur son genou, ennuyé. il voulait bouger, rejoindre les troupes qu'il était en train de regarder à la télé, en donnant des interviews comme s'ils voulaient dire au monde entier "venez, on vous attends" mais lui, mieux que personne savait qu'ils n'étaient pas prêts. Shayne prit alors la télécommande et la lança, sec, dans l'écran plat qui se brisa instantanément et les seuls sons qui faisaient encore parti de la pièce c'étaient les pleurs de peur de Neil. Son père s'allongea alors près de lui et posa une main sur son ventre pour tenter de le rassurer.

- ça va aller. Pour l'instant.