Après ces retrouvailles avec Nash au boulot et presqu'une journée entière de pluie, d'arrêt, puis encore de la pluie et encore de l'arrêt, Nala décida d'aller voir Shayne chez lui, pour savoir comment s'était passé le retrait de son atèle boulonnée. Quand elle arriva, avec Bonnie dans ses bras, elle fut surprise de voir que chaque lumière de chaque maison du campus était allumée. Elle déposa sa fille sur les graviers encore trempés des grasses pluies de la journée afin de redresser la tête vers ce spectacle. Tout les drapeaux étaient fièrement relevés sur leurs étendards, volants dans le vent du soir qui se faisait bien obscur. Curieuse, Nala rentra et demanda à Shayne qui était dans le jardin, chargeant un fusil de précision.
- Qu'est ce qui est en train de se passer ?
Shayne déposa son fusil contre sa baie vitrée et se tourna vers Bonnie qui s'était empressé de venir le rencontrer, pour la saluer à son tour, d'un bisou sur le front.
- On vient d'annoncer que l'ennemi s'est replié dans le Golf du Mexique. C'est la célébration, tu te rappelles ?
Nala resta un instant silencieuse, sous le coup de la nouvelle, avant de s'écrier, ravie.
- Mais c'est une excellente nouvelle !
Shayne haussa les épaules, un peu dubitatif et tout en leur indiquant les sièges du jardin qui étaient encore un peu parsemés de gouttes de pluie, lui répondit.
- Mouais... Ce n'est que la première manche, tu sais, ce n'est pas la guerre.
Nala prit Bonnie sous les bras pour la faire asseoir sur ses genoux en lui montrant toutes les lumières allumées aux alentours qui éclaircissaient la nuit comme des feux de joie.
- Tu sais quoi ma chérie ? Quand on est officier, on ne sait juste plus profiter des petits moments de joie, on est toujours grognon.
La fillette rigola de son petit rire d'enfant et c'était ce qui fit disparaître l'air bougon sur le visage renfermé de Shayne qui admit.
- OK. Je suppose qu'on a le droit de se réjouir de la victoire.
- Autre bonne nouvelle, aujourd'hui, tu t'es enfin débarrassé de cette horrible atèle boulonnée. Elle te vas mieux celle-là ?
Shayne porta sa main à sa jambe gauche où était plaquée sur son uniforme blue foncée une atèle normale de la même couleur. Il la longea de ses doigts incertains avant de se pencher sur la table pour prendre une bière à moitié vide, aux côtés de cinq autres carcasses déjà vidées.
- Au risque de retourner à mon pessimisme, mais c'est toujours la même mer... La même galère.
Nala voulut poser une main sur son épaule afin de le rassurer mais elle savait pertinemment que si elle faisait ça, elle se prendrait trois mille répliques désagréables en retour. Ses yeux se posèrent sur la feuille argentée épinglée sur son col d'uniforme qui indiquait son statut de Lieutenant-Colonel et se dit que c'était probablement dans ça qu'il se réfugiait, pour puiser sa force ces derniers jours, dans l'autorité et le respect qu'on lui accordait. Sa main sur son épaule était donc complètement non nécessaire. Nala prit alors une grande inspiration de l'air du soir, avant de changer de conversation, indiquant le fusil de précision du bout de son menton.
- Qu'est ce que tu faisais avec ça ?
Shayne regardait dans la direction indiquée avant de demander à Bonnie.
- Tu veux bien rentrer deux secondes ? Il faudrait que je parle à ta maman à propos de quelque chose.
La fillette ne se fit pas prier et sauta des bras de Nala afin de courir vers l'intérieur, la capuche de sa petite veste ballotant derrière sa tête. Une fois qu'elle avait disparu, Shayne se rapprocha de Nala en faisant au passage grincer son siège sur le sol et commença à lui expliquer.
- Tu te rappelles des exercices de tir qu'on nous faisait faire à West Point ? Ceux où on nous bandait notre œil dominant et où on nous poussait à utiliser l'autre ?
- Oh mon Dieu, oui ! C'était une torture !
- Et ben disons que c'est un peu ce que je suis obligé de faire.
Nala le regarda un instant avant de comprendre.
- Tu n'arrives plus à tirer, c'est ça ?
- Ce n'est pas que j'arrive plus à tirer, c'est juste que c'est devenu plus... Compliqué.
La jeune femme se leva alors et alla prendre l'arme par le canon avant de lui expliquer, non sans compassion.
- Maxsim avait l'œil gauche dominant. A chaque fois, je lui demandais comment il faisait et il me disait toujours que je n'avais qu'à me faire foutre et que c'était moi qui était bizarre.
- C'était un homme bien.
En temps normal, elle aurait injurié le nom énervant de Maxsim... Mais son ami était mort et elle serait prête à payer tout l'or du monde pour entendre ne serait ce qu'une seule de ses remarques déplacées, même si elle avait déjà Shayne pour ça. Nala soupira, peiné, sous le souvenir douloureux de son ami et frère d'armes avant de se reconcentrer sur Shayne et de lui dire, en ajustant la lunette.
- Bref. Il se peut que j'ai été jalouse de lui et j'ai commencé à essayer de tirer de l'œil gauche. Mais peu importe ce que je faisais, à chaque fois, je tirai à côté, voir au-delà de la cible. C'était juste ridicule ! Maxsim s'était alors foutu de moi en disant à quel point j'étais une pauvre merde avant de me dire plus sérieusement « si ton œil tire à côté, mets ta lunette aussi à côté ».
- Ça n'a pas de sens, ça fausse le calcul.
- C'est ce que je lui avais dit. Mais il se trouve que le calcul faussé de ton œil non dominant, tu peux le répartir avec les ajustements de la lunette. Essaye, tu vas voir.
Shayne reposa sa bière et lui prit l'arme des mains, un peu méfiant, mais Nala l'encouragea. En effet, une minute plus tard, la balle atteignit bel et bien la canette posée au loin, comme il le voulait, ce qui le fit enfin sourire.
- Maxsim était un putain de génie.
Était, malheureusement. Nala fronça cependant les sourcils et lui demanda tandis qu'il se releva de sa position de tireur d'élite.
- Qu'est ce qui a réussi à te faire douter sur tes tirs comme ça ?
Le sourire de Shayne se fit éphémère et il détourna le regard en répondant vite fait.
- Rien.
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Another Mission T04 ~The Wars We Fight For ✅
Romance~ spin off de fin de "Regiment of Halley" ~ La vie reprend doucement son cours pour nos "héros" du Nigéria, dans la chaleur des paysages Texans. Les familles se construisent et ainsi, pendant un bref instant, l'histoire appartient au passé. Mais...