Chapitre Cinquante

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Ils ne peuvent pas se détacher de leurs pulsions premières... Monstres... Mort...

Les phrases, prononcées avec une haine sans nom par la Sainte Mère quelques minutes plus tôt, lui revenaient en mémoire. Devant ses yeux, les images d'Astrée enserrant le cou de la femme dansaient à lui en donner le tournis. Ils sont cruels...

La Sainte Mère avait dit vrai. C'est ce que constata amèrement Charlie, déçu de sa propre naïveté. Mais si Bella n'avait pas été l'un d'entre eux, la situation aurait été différente ; il s'en rendait compte à présent. Aurait-il vraiment cru la Sainte Mère ? Sûrement. Ses mains tremblèrent quand il leva son arme en direction d'Astrée. Absorbée par son père, elle ne l'avait pas remarqué. Il n'avait qu'une chose à faire, et la vampire serait morte. Appuyer sur la détente. Une chose à faire. Simple. Concrète. Alors pourquoi hésitait-il ? Astrée Cullen avait illustré à merveille les propos de la Sainte Mère quand elle avait failli assassiner celle-ci. Un monstre cruel et sans pitié. Il fallait la tuer avant qu'elle ne tue d'autres personnes. C'était la meilleure des choses à faire. Pour tout le monde. Qu'est-ce qui le retenait de tirer alors ? L'image de la vampire le fixant avec intensité s'imposa à lui, le faisant frissonner. Il avait eu terriblement peur pour sa vie à ce moment là. Un petit gémissement le tira de ses réflexions. Ses yeux se portèrent vers Astrée, qui gémissait de compassion pour Carlisle. Alarmée du silence de son père, elle essayait tant bien que mal de le garder en vie. Son père... Charlie secoua la tête. Non. Hors de question de comparer sa relation avec sa propre fille avec les deux vampires ! Il ne pouvait pas se permettre de flancher. Les vampires sont des monstres... La voix de la Sainte Mère résonnant dans son esprit le fit se figer. Quand elle lui avait affirmer ça, il lui avait répliquer que c'était elle le monstre et non eux. Il ne se doutait pas alors à quel point il avait eu raison à ce moment là. Regardant Astrée et Carlisle avec des yeux nouveaux, il comprit son erreur. La jeune femme n'avait plus ses pupilles rouges sang ; seulement des yeux noirs comme l'ébène, emplis de larmes. Des larmes de tristesses, par peur de perdre son père. Ce ne sont pas des monstres, songea le shérif en abaissant finalement son arme, ils éprouvent eux aussi des émotions. Comme nous.

Se décidant, il rangea son revolver à sa ceinture et s'approcha du couple. Il n'avait plus peur.

♦♦♦

Bella maudissait Edward de ne pas répondre au téléphone. Comment pouvait-il ne pas remarquer la sonnerie ?! Avait-il eu des ennuis ? Essayant de nouveau pour la troisième fois, elle poussa un soupir de soulagement quand il finit par décrocher.

- Bella tu vas bien ? Embraya-t-il aussitôt.

- Oui. On a retrouvé les garçons, et réussit à ouvrir la porte. Dépêches-toi, ils sont dans un sale état.

La jeune femme comprit alors qu'il courait, remarquant les pas rapides qui claquaient sur le sol.

- J'arrive, je suis presque rendu. Attend toi à voir débouler Garrett.

Bella esquissa un sourire ironique malgré la situation.

- Crois-moi, tout le bâtiment est au courant.

♦♦♦

Jacob ouvrit péniblement les yeux. La douleur était moins forte, et sa respiration se faisait moins sifflante. Où était-il ? Il avait perdu connaissance quand les policiers l'avaient porté hors des sous-sols... Et Seth ? Comment allait-il ? Si lui avait eu le temps de se rechanger en humain, le temps que les policiers arrivent, son compagnon n'avait malheureusement pas eu la même chance, si ses souvenirs étaient bons. Peut-être que Seth s'était quand même rechanger en humain, au risque de provoquer la panique ? Marmonnant des jurons envers le vide, il se retourna sur le côté. Si son corps le faisait souffrir d'horribles courbatures, il était tout de même en vie. Il battit des paupières pour que ses yeux s'habitue peu à peu à la lumière, puis ouvrit les yeux. Il était dans une chambre d'hôpital, seul. Mais pas pour très longtemps, devina-t-il, car des médecins devaient sûrement le surveiller via des caméras. À l'instant où il pensa à cette idée, un infirmier entra dans la chambre. De taille moyenne, les traits tirés, il semblait avoir passé une rude journée.

- Bonjour, Monsieur Blake. Comment allez-vous ?

Jacob voulut parler mais sa bouche était tellement pâteuse qu'il ne put sortir qu'un bredouillage incompréhensible.

- Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'un effet secondaire du médicament que nous vous avons administré. Dans quelques heures, cette sensation sera passée.

- 'é 'i 'a 'ent ? Bafouilla-t-il.

- Oui, un médicament. Répéta l'homme. Vous avez été empoisonné. Ne vous en faites pas, vous êtes hors de danger maintenant. Lui répondit calmement l'infirmier.

Bien que Jacob avait encore l'esprit un peu embrumé, la balle empoisonné qui s'était fiché dans sa jambe était encore très présente dans sa mémoire. Rassuré de se savoir hors de danger, il passa à un autre sujet avant que l'infirmier ne reparte.

- 'eth... Où est 'il ? Questionna-t-il, se concentrant pour faire des efforts d'articulations.

Heureusement pour lui, son interlocuteur comprit de quoi il parlait.

- Vous parlez du Loup qui était avec vous ? Ne vous en faites pas, nous l'avons récupéré aussi. Cependant, nous ne sommes pas vétérinaires, alors nous ne savons pas quoi faire pour stopper le poison. Expliqua-t-il dans une grimace désolé.

Le sang de Jacob ne fit qu'un tour. Il fallait absolument qu'il aide son ami à redevenir humain pour que les médecins puissent le soigner. Bataillant avec ses draps et ses jambes qui avaient dû mal à coopérer, il se redressa sur son lit pour en sortir au plus vite. L'infirmier s'avança lui aussi, pour le remettre dedans.

- Non, non, non, vous devez restez au lit. Lui asséna-t-il tout en le prenant par un bras. Nous avons appelez des spécialistes, ne vous inquiétez pas.

Cette remarque conforta Jacob dans sa décision, et il repoussa avec humeur l'infirmier qui fut surpris de sa force. L'avantage d'être un Loup-Garou, mec, songea-t-il. Il avança vers la porte en vacillant, suivit de près par l'infirmier qui ne le lâchait pas d'une semelle.

- Retournez au lit. Répéta-t-il sur un ton autoritaire.

- 'on.

Sa bouche était encore pâteuse, ne l'aidant pas à parler correctement.

- Monsieur Blake, je vous assure que...

- 'ON ! Coupa Jacob en criant.

Ils étaient arrivés dans le couloir et tout les regards se tournèrent vers eux quand Jacob cria un non, qui se terminait en 'on dans sa bouche. Se sentant encore plus idiot, le loup-garou sentit sa colère enfler, et il avança à pas décidé dans le couloir. L'infirmier partit à ses trousses. Avant qu'il ne dise autre chose, Jacob lui demanda :

- Où est 'e 'oup ?

- Si je vous dis où il est, vous retournez dans votre chambre ? Fit l'homme d'un air excédé.

- A'ès 'a'oir 'u. Décida Jacob.

L'infirmer acquiesça en soupirant, puis le prit par un bras avant qu'il ne vacille une nouvelle fois.

♦♦♦

Une fois les renforts appelés, Charlie aida Jasper à se relever, tandis que Bella faisait de même avec Emmett. Seule Astrée restait par terre, complètement dépassée. Se retenant de pleurer, la jeune femme caressait le visage de son père, cherchant à le relever. Ce dernier était à demi conscient, mais la douleur était trop cuisante pour qu'il puisse esquisser le moindre geste.

- Astrée !

Le shérif releva les yeux vers la porte métallique quand un jeune homme passa par la fente, les yeux fous. Il se rua vers la petite vampire et le médecin, tandis que Alice, Esmée et Rosalie passaient elles aussi la porte. Leurs regards devinrent horrifiés quand elles comprirent ce qu'elles avaient sous les yeux.

- Mais... Qui ? Murmura Rosalie.

- Femme blouse blanche... Lui répondit Emmett dans un râlement de douleur.

Charlie retint un juron. Évidemment. Qui d'autre aurait eu l'audace de faire pareil carnage ? Un grondement sourd et plein de colère le tira de ses pensées, et un frisson lui parcourut l'échine. Il connaissait cet avertissement, l'ayant entendu quelques minutes plus tôt. Quand il croisa le regard de la petite vampire, plus aucunes larmes ne peignait son visage, mais l'éclat écarlate annonçait la suite. 

Cullen - Origins [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant