Chapitre Trente-Sept

607 26 14
                                    

Elder ne prit pas le temps de faire attention au vacarme qu'il faisait. Il poussait tout ce qui se trouvait sur son chemin, et marchait sans ménagement sur les cadavres qui se trouvaient ça et là sur sa route. L'heure n'était pas aux états d'âmes ; il lui fallait agir le plus vite possible. Il venait de prévenir par SMS le personnel pour qu'ils le laissent entrer dans la pièce. Il fallait absolument éviter une seconde vague de panique, si jamais il ne prévenait pas les autres de son arrivée. Voyant qu'il arrivait bientôt à la salle de surveillance, il se dépêcha de taper un numéro sur son téléphone, qu'il n'avait pas lâché depuis qu'il était parti exécuter les ordres de la Sainte Mère. Sans s'arrêter de marcher, Elder attendit qu'on lui décroche. Quelques secondes plus tard, une voix grave lui répondit.

- Allô ?

- C'est moi. J'ai besoin de toi et ta troupe. Annonça l'homme en costard cravate.

- Patron ?!

L'étonnement était compréhensible, admit Elder, mais il n'avait pas le temps d'expliquer la situation en détails.

- Nos plans ont changés. Continua-t-il. Il faut que vous reveniez à Forks. Attendez-moi là où nous avions fixés notre premier rendez-vous, il y a un mois. Revenez y toutes les heures, jusqu'à temps que j'arrive. Si la police vous interroge, ne cherchez pas à nier quoi que se soit. Dites leur que vous êtes sous ma responsabilité. Par contre, ajouta-t-il, ne vous gênez pas pour dire du mal de cette chère Sainte Mère.

Un rire éclata à ses oreilles, et l'homme ne put s'empêcher de sourire.

- C'est d'accord. Mais si jamais on a des ennuis par votre faute, croyez-moi vous risquez gros.

Elder ne tint pas compte de la menace et changea de sujet.

- Bien. Et vous ne devez revenir au parc sous aucun prétexte. Je vous emmènerai votre récompense comme convenu moi-même.

- Vous avez intérêt.

L'homme au costard cravate raccrocha, et stoppa devant la porte qui menait à la salle de surveillance. Bien évidement, il ne comptait pas obéir à la Sainte Mère. Pas avec les policiers à leurs trousses. Avant que la situation ne devienne encore plus critique, il fallait qu'il la tourne à son avantage.

Il abaissa la poignée de la porte, et entra d'un pas décidé dans la pièce. Il n'eut ensuite que quelques secondes de silence avant que tout le personnel ne se rue sur lui, complètement paniqué.

- Ça suffit ! Laissez-moi passer, je dois parler au chef de l'équipe ! Tonnait-il par dessus le brouhaha général.

L'interpelé fendit la foule, tenant un ordinateur portable dans une main et un téléphone dans l'autre. Ses cheveux en bataille, ses lunettes de travers et les vêtements froissés témoignait des événements auxquels ils avaient dû faire face.

- Monsieur, vous tombez bien, on commençait à ne plus savoir quoi faire. Quels sont vos ordres ? Soupira le chef, soulagé de voir arrivé quelqu'un d'autre pour l'aider à prendre des décisions.

Elder se passa une main dans ses cheveux, en pleine réflexion. Il ne fallait pas qu'il se plante.

- La situation est très délicate. Commença-t-il. Les policiers ne tarderont pas à arriver, c'est pourquoi il nous faut agir vite, et avec précision.

Au fur et à mesure, sa voix s'affermit et il continua son discours d'un ton plus assuré. À l'aise dans son mensonge, il reprit :

- Il nous faut, dans un premier temps, rétablir le courant dans tout le bâtiment. C'est primordial. Envoyez deux ou trois hommes s'en charger. Cela fait, nous pourrons réactiver les caméras, et voir où sont les forces de l'ordre. À partir de là, nous aurons une vue beaucoup plus claire sur la situation actuelle.

- Cela prendra peut-être un peu de temps. Répondit le chef dans une grimace désolé.

- Débrouillez-vous comme vous pouvez, mais faites au plus vite.

Les ordres furent donnés, et trois agents armés partirent de la salle. Quand le chef de l'équipe se retourna vers l'homme en costard cravate, ce dernier savait ce qu'il allait demander.

- Bouclons-nous les bureaux, à l'étage ? Il ne faudrait pas que les policiers tombent sur les recherches de la Sainte Mère.

Elder choisit ses mots avec soin.

- Je suis d'accord, mais la Sainte Mère m'a dit que nous ne pouvions pas nous permettre de fermer les bureaux à clés pour le moment. Elle devait aller chercher certaines de ses affaires ; fermer les bureaux l'empêcherait de mener à bien son projet. Alors, c'est un risque à prendre, en effet.

La surprise et l'étonnement se dessinèrent sur le visage du chef.

- Je la croyais encore dans les sous-sols avec vous. Elle a réussit à trouver un moyen pour sortir ?

- C'est une femme pleine de ressources, contourna Elder avec un sourire.

Ou une femme un peu trop prévisible, songea-t-il, tandis que son interlocuteur retournait à ses écrans. Évidement qu'elle voulait fermer les bureaux à clés : toutes ses recherches se trouvait là-bas. Et cela arrangerait bien Elder si les policiers pouvait tomber dessus... Il n'avait rien à craindre ; son propre bureau ne comportait aucune information affirmant qu'il était impliqué dans les projets de la Sainte Mère. C'était sa parole contre la sienne.

♦♦♦

Assigné chacun à deux soldats, les trois vampires suivaient la Sainte Mère dans les couloirs obscurs. Le silence était pesant, et le regard de détermination que la femme en blouse blanche arborait depuis qu'ils avaient quitté les autres terrifiait les vampires. Que leur préparait-elle ? Pourquoi ne pas les avoir blessés sur le champ, comme elle l'avait fait pour les deux Loups-Garous ? L'espoir était toujours là cependant, ils n'avaient pas oublié le fait que la police allait bientôt les rejoindre. Mais allaient-ils tenir le coup jusque là ? Après quelques minutes encore de marche silencieuse, la Sainte Mère se mit à parler. Sa voix était presque inaudible, mais les vampires comprirent très bien ce qu'elle disait.

- Ne croyez pas que je ne maîtrise plus la situation. Bien au contraire. Vous n'avez aucune chance contre nous ; vous êtes des monstres tapis dans l'ombre, et moi, je suis celle qui va vous dévoiler au grand jour. Les gens seront reconnaissants envers moi ; parce que je leur aurait offert la possibilité de connaître une menace dont nous n'avions pas la connaissance il y a peu.

- Si certains d'entre nous ne sont pas contrôlables, ce n'est pas le cas de tout les vampires du monde. Souligna Carlisle d'une voix posé.

- Sauf que c'est dans votre nature. Rétorqua-t-elle. Vous pouvez refluer tant que vous voulez vos pulsions naturelles, elles ressortiront un jour, que vous le vouliez ou non.

- Qu'est-ce qui vous pousse à nous vouer une telle haine ? Questionna Jasper.

La Sainte Mère stoppa net et le silence retomba tel un voile invisible. Les vampires échangèrent un regard, soudain étonné de ce comportement. Jasper avait-il touché une corde sensible ? Quand la femme en blouse blanche se tourna pour leur faire face, son visage n'exprimait plus qu'une haine pure.

- Vous n'avez pas idée de ce que certains de votre espèce m'ont fait endurer. Vous êtes des monstres, et les monstres, nous les humains, ont les abats. On les extermine. Et vous ne ferez pas exception à la règle.

Cullen - Origins [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant