Cullen - Origins [TERMINÉE]

Chapitre Soixante-Et-Un

Charlie ne savait pas quelle décision prendre. Adossé au mur de métal dans le couloir des sous-sols, il réfléchissait à ses options. Les autres policiers attendaient ses ordres, bavardant entre eux sur ce qu'ils venaient de voir dans la chambre mortuaire. Le shérif les écoutait d'une oreille distraite, pianotant de l'index sur sa jambe. Que faire ? En tant normal, qu'aurait-il décidé ? Il était tellement embrouillé qu'il ne savait même plus lui-même. Ses pensées divaguèrent vers la femme en blouse blanche. Cette Sainte Mère était bien mystérieuse, et complètement timbrée. La chambre en était un bon exemple. Mais pourquoi détestait-elle tant les vampires ? Au point de n'avoir aucun scrupules à les utiliser pour des expériences scientifiques ? Comment en était-elle arrivée là ? Le shérif fixa le mur d'en face, en proie à ses réflexions tumultueuses ; et si savoir le pourquoi du comment l'aidait à trouver une solution ? Connaître les intentions de cette femme, ce qu'il l'avait poussé à commettre ses horribles crimes ?

Un petit espoir le fit relever la tête vers celui qui les avaient mener jusqu'ici. Bien que simple personnel du lieu, il devait tout de même avoir rencontré la Sainte Mère. Peut-être pourrait-il le mettre sur une piste ?

Voyant que le shérif l'observait, le petit homme croisa son regard d'un air gêné. Finalement, il finit par s'approcher de lui de quelques pas hésitants.

- J'aimerai vous poser quelques questions. Commença le shérif quand l'homme stoppa face à lui.

Ce dernier acquiesça, de la peur au fond des yeux. Avait-il lui aussi commit des choses horribles ou était-ce seulement de la peur de se faire juger trop vite ? À première vu, il ne semblait pas être du genre à tuer ou torturer quelqu'un. Mais s'il y avait été contraint ?

- Que pouvez-vous me dire au sujet de cette femme, qui s'appelait la Sainte Mère ? Demanda Charlie sur le ton de la conversation.

Le petit homme fronça les sourcils, réfléchissant à la question.

- Eh bien... Je ne sais pas grand-chose, pour être tout à fait honnête. Bredouilla-t-il. On ne la voyait pas souvent dans la salle des vidéos de surveillances, c'était plus le patron, Monsieur Elder, qui nous supervisait et nous donnait des ordres.

- Je vois. Mais de ce que vous en avez vu, que pouvez-vous me dire ? Avez-vous eu une impression en la voyant, ou une idée de quelle genre de femme elle était ? Continua Charlie.

- De ce que j'en ai toujours vu, c'était une femme très autoritaire ; personne n'a jamais osé la contredire. Elle dirigeait souvent des troupes de soldats, et elle savait se servir des armes. Certains disaient même qu'elle avait dû faire quelques années dans l'armée, mais je ne sais pas si c'est vrai.

Le shérif hocha la tête.

- Continuez.

- De ce que j'ai vu sur les caméras de surveillances, elle allait souvent ici. Fit-il en désignant du menton la chambre. Elle pouvait y passer des jours, sans que personne ne sache ce qu'elle faisait là-dedans. Il n'y a aucune caméra dans la... La chambre mortuaire, et la salle est insonorisée ; et quand elle réapparaissait, elle ne voulait pas qu'on pose des questions.

- Tu m'étonnes, commenta le shérif. Et ses assistants, les scientifiques en blouses blanches, ils étaient au courant ?

Le petit homme en face de lui se tordit les mains, un peu mal à l'aise.

- Je ne sais pas trop. Lâcha-t-il. Personne ne l'accompagnait quand elle allait dans cette salle, donc théoriquement, ils ne devaient pas être au courant. Mais je ne suis pas sûr. La majorité du temps, ils étaient dans les salles principales du sous-sols, et concoctaient pleins de liquides différents. Peut-être se doutaient-ils de ce qu'ils se passaient sans jamais l'avoir vu. Conclu-t-il en haussant les épaules.

Charlie se laissa quelques minutes de réflexion. Ce que disait l'homme restait censé, et il ne semblait pas mentir. Il fallait qu'il interroge les scientifiques, voir ce qu'il pourrait en tirer. Le passé de cette femme ne semblait n'être basé que sur des rumeurs, et il était clair que le personnel ne savait pas grand-chose.

- Une dernière question, reprit-il, connaissez-vous le vraie nom de cette femme ? Ou quelqu'un qui le saurait ?

Le petit homme secoua la tête, réaction qui n'étonna pas le shérif.

- Non, je ne le connais pas. En faite, je crois que personne ne le sait. Peut-être Monsieur Elder, mais c'est tout. La Sainte Mère était très mystérieuse et très discrète sur sa vie privée.

Ce qui explique pourquoi elle a tué Andy Elder... Songea le shérif. Il devait être le seul à être le plus au courant sur qui était la Sainte Mère et ce qu'elle avait clairement en tête. Charlie croisa les bras, silencieux. Une question le taraudait. Parmi toutes les personnes inclues dans le projet de la Sainte Mère, qui était au courant que les gens qu'elle traquait étaient des vampires ?

♦♦♦

Silencieux, la petite troupe de Smith traversait les couloirs en catimini pour rejoindre leur porte de sortie. Comme à l'allée, le trajet s'était bien passé, et ils n'avaient rencontré que très peu de patrouilles de police. Dans quelques minutes à peine, ils allaient se retrouver dehors, et pouvoir rejoindre la voiture qui les attendait, garé à l'ombre d'un arbre. Tout se passait à merveille, et Smith n'aurait pas rêvé mieux. D'un geste, il fit signe à ses hommes de le suivre dans le dernier couloir qui rejoignait les sous-sols et qui leur permettait d'accéder à la porte de secours. Leurs pas résonnaient sur le sol métallique, tempo lent et régulier à mesure qu'ils s'approchaient des sous-sols. Soudain, une voix les firent se stopper net.

- Vous êtes sûr que c'est plus court par ici ?

Smith pesta intérieurement. Pourquoi maintenant ?! Ils étaient si près du but ! Une seconde voix, un peu plus proche d'eux, répondit à la première.

- Oui, ce couloir rejoint directement le haut du bâtiment et les étages.

La petite troupe n'avait aucun endroit pour se cacher. Au vu du nombre de pas claquant le sol, Smith jaugeait qu'ils étaient aussi nombreux qu'eux. Mais Smith ne voulait pas se faire repérer, et faire une sortie remarquée les condamnaient à une cavale à travers l'État, la police et toutes les autorités au fesses.

- Cachez la valise entre vous, murmura-t-il derrière son épaule. On reste groupé. Pas de faux pas, restez tranquille. Ordonna Smith en reprenant la marche.

Ils n'avaient pas le choix, quoiqu'il décide, ils étaient condamnés à croiser la route de la patrouille. Smith adopta une démarche souple et calme, comme s'ils avaient tout à fait le droit d'être ici. Avec un peu de chance, la patrouille ne poserait pas trop de question, et les laisserait passer sans problème. Cette ruse avait déjà fonctionné par le passé, bien que la situation était très différente.

Quand la patrouille entra dans leur champ de vision, Smith ne ralentit pas l'allure, mais hocha la tête dans un signe de salutation.

- Qu'est-ce que vous faites là, vous ? Grommela un des policiers en tête.

Trop occupé à comptez le nombre de policiers qui se dressaient devant eux, Smith ne remarqua pas l'enseigne sur la ceinture de celui qui avait parlé. Il s'arrêta et enfonça négligemment les mains dans ses poches.

- On nous as donné l'ordre d'aller fouillé les sous-sols, voire si vous aviez besoin de renfort. On est de la police du petit village d'à côté, à l'opposé de chez vous. Expliqua-t-il calmement.

- Ah oui ? Répliqua l'homme. Et qui vous en as donné l'ordre ?

- Votre shérif. Par téléphone.

Au moment où il répondit, Smith remarqua l'enseigne du policier en face de lui. L'enseigne du shérif, évidemment.