Chapitre Trente-Six

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Astrée bouillonnait intérieurement. Assise sur un lit d'hôpital, elle ne cessait de retourner encore et encore les récents évènements dans sa tête. Elle avait peur pour les autres, resté là-bas. Y avait-il une chance pour qu'ils aient réussit à s'enfuir ? Mais si c'était le cas, ne seraient-ils pas déjà revenus à Forks ? Elle aurait bien aimé retourner avec Rosalie et Esmée pour aider les garçons, mais elle était coincée ici. Puisque les médecins n'avaient pas trouvé l'origine de leur mal être à tout les trois, ils avaient procédé à des prises de sang sur Alice et elle en attendant le retour de Carlisle, qui était un médecin de renom. Pour Garrett, la situation étant plus critique, ils avaient décidé de le garder près des filles, un médecin à son chevet pour surveiller son état, espérant que les premiers médicaments qu'ils lui avait donné allaient faire effet, et stopper le poison dans ses veines. Toutefois, Astrée trouvait qu'il avait une meilleure mine que tout à l'heure, quand elles l'avaient ramené à Forks. Bien qu'elle était encore trop faible pour pouvoir ressentir les sensations de son compagnon, leur lien se renforçait doucement, preuve que leur état s'améliorait. À cet instant, Garrett ouvrit un œil, et la regarda. Elle allait lui sourire quand il se mit à lui tirer la langue. Astrée roula des yeux.

- Gamin, articula-t-elle à son adresse.

Un rire secoua ses épaules, mais se transforma rapidement en une grimace de douleur. La voix du médecin les interrompit.

- Monsieur, vous devriez vous reposez. Et vous aussi Mademoiselle, ajouta-t-il en lançant un regard à Astrée.

Cette dernière marmonna quelque chose d'inaudible en soupirant. Elle s'affala sur le lit, agacée ; si le médecin n'avait pas été là, elle aurait pu sauter par la fenêtre et se dégourdir les jambes, ni vu ni connu.

♦♦♦

La situation devenait de plus en plus grave. Ce que redoutait Carlisle depuis le début venait de se produire, et leur récente découverte ne le rendait pas plus optimiste. Que faire ? Cette question tournait en boucle dans son cerveau, tandis qu'ils marchaient droit vers la sortie des sous-sols. Entourés de trois soldats armés chacun, les vampires n'avaient pas d'autres choix pour l'instant de les suivre et d'obéir à leurs ordres. La femme en blouse blanche, qui se faisait appeler la Sainte Mère, jubilait, marchant en tête de la petite troupe. Son attitude le rendait d'autant plus nerveux. Que mijotait-elle ? Le dénommé Elder marchait derrière eux, et le médecin avait remarqué qu'il ne partageait pas l'humeur joyeuse de la femme, ayant un air fermé et la mâchoire serrée. Carlisle ne pouvait s'empêcher de jeter des rapides coup d'œil derrière son épaule pour l'observer ; il avait déjà vu cet homme quelque part, et son costard cravate indiquait qu'il n'était pas un des assistants de la femme en blouse blanche. Son téléphone hors prix et ses vêtements taillés sur mesure lui faisait penser que cet Elder ne pouvait être qu'un homme de main de cette femme machiavélique et sadique, ou celui qui finançait toute cette affaire.

À mesure qu'ils s'approchaient des sous-sols, la lumière se faisait beaucoup plus rare, jusqu'à devenir inexistante. C'est donc avec les seuls éclairages des lampes torches qu'ils arrivèrent à destination. Un grognement bestial les stoppèrent et les trois vampires échangèrent des regards entendus. Les Loups-Garous étaient toujours en vie. Carlisle remarqua que la plupart des soldats étaient nerveux, dû au grognement encore sans visage qu'ils avaient entendu. Malheureusement pour les vampires, ce n'était pas du tout le cas de la Sainte Mère qui avança de quelques pas avant de lancer, arme pointée droit devant elle :

- Loups ! Nous sommes tous armés, et nous avons fait prisonniers trois de vos camarades vampires. Si vous tentez la moindre offensive, nous n'hésiterons pas à les tuer !

Le grognement hargneux se tut. Satisfaite, la Sainte Mère s'avança encore, suivit du reste de la troupe. Carlisle tendit le cou pour chercher Seth et Jacob du regard, inquiet. Son angoisse ne fit que croître quand il n'aperçut que le pelage de Seth. Où était Jacob ?

♦♦♦

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!

Esmée freina brutalement, agacée. Depuis maintenant cinq bonnes minutes, elles étaient coincées dans un bouchon interminable. Rosalie consulta une nouvelle fois son téléphone, qui lui servait de GPS.

- Nous ne sommes qu'à quelques minutes du parc. Annonça-t-elle en soupirant. C'est vraiment étrange.

La jeune femme au volant acquiesça, les sourcils froncés. Ce matin, la circulation était fluide, et elles n'avaient eu aucun mal à ramener Garrett et les filles par la suite. Rosalie dû se faire la même réflexion car elle soupira une énième fois, puis se détacha, sous l'air étonnée d'Esmée.

- Qu'est-ce que tu fais ? La questionna-t-elle.

- Je vais voir. De toute façon on avance plus.

Sur ces paroles, la vampire blonde s'extirpa de la voiture et referma derrière elle. Esmée la suivit des yeux tandis que sa fille adoptive longeait les voitures côté fossé. Quand elle disparut de son champ de vision, Esmée s'adossa à son siège, tapotant le volant avec impatience. Quand Rosalie réapparut en courant, la jeune femme se redressa d'un coup. La blonde remonta dans la voiture et lui expliqua sans plus attendre la situation.

- C'est la police de Forks. Intervention d'urgence. Ils ne laissent personne passer, et toutes les voitures sont obligées de faire demi-tour.

- Mais qu'est-ce que fait la police ici ? S'écria Esmée avant de comprendre.

Elle éteignit le moteur et mit la clé de voiture dans sa poche. À son tour, elle se détacha et sortit, Rosalie sur les talons.

- On fait quoi ?

- On trouve Charlie. Ils faut que la police nous laissent passer. Explicita Esmée en longeant les voitures.

- Et la Mercedes ?!

- Tant pis, on la laisse là.

♦♦♦

Armée de sa lampe torche et de son pistolet remplit de balles empoisonnées, la Sainte Mère s'approcha du Loup. Voyant qu'il gardait quelque chose derrière lui, elle jeta un cou d'œil derrière l'épaule de celui-ci. Jacob Blake était étendu face contre terre, se tenant la jambe droite. Ainsi donc c'était lui qui avait faillit la tuer, sans l'intervention d'Elder. Avec un air méprisant, elle observa le jeune homme qui ne pouvait retenir des gémissements de douleur. Intéressant, songea-t-elle, le poison fonctionne aussi sur ces bêtes. Plongée dans ses pensées, elle sursauta quand le téléphone d'Elder se mit à sonner. Ce dernier décrocha, un air renfrogné toujours peint sur le visage. Son expression ne changea pas d'un pouce pendant l'échange, et quand il eut raccroché, la Sainte Mère eut l'impression qu'il la fusillait du regard. Tandis qu'il venait vers elle à pas pressé sous les regards interloqué du groupe, elle songea qu'elle allait bientôt devoir le virer si elle ne voulait pas qu'il lui attire des ennuis.

- Qu'y a-t-il ? Le questionna-t-elle.

- La police est là, et elle a renvoyé tout les visiteurs du parc. D'une minute à l'autre, elle sera dans le bâtiment si ce n'est pas déjà le cas.

La Sainte Mère grimaça. Voilà que la police allait fourrer son nez dans une affaire qui ne la regardait pas ! Cela ne l'arrangeait pas du tout. Il lui fallait agir tout de suite, se débarrasser des moindres preuves compromettantes. Elle se tourna d'un pas vif vers deux soldats.

- Vous deux ! Aboya-t-elle dans leur direction. Allez boucler la chambre à double tour, et tout le couloir qui y mène. Camoufler la porte principale, et revenez ensuite le plus vite possible !

Les deux soldats partirent au pas de course. Ensuite la Sainte Mère ordonna à Elder de rejoindre la salle de surveillance, et de faire ce qu'il fallait pour qu'aucune preuve ne soit visible. Boucler les bureaux du dessus le temps qu'ils sortent d'ici, et si possible rétablir le courant. Cela fait, et voyant Elder obéir sans poser de questions, elle se tourna vers le Loup encore valide et le visa de son arme. Dans un bruit sourd, elle appuya sur la gâchette avant que la Loup ne puisse faire un mouvement, et la balle empoisonnée arriva directement sur l'épaule de la bête, qui s'effondra au sol dans un gémissement de douleur. Seul les couinements du Loup brisait le silence de plomb, et la Sainte Mère se retourna vers le groupe. Impassible, elle désigna du doigts trois soldats.

- Débarrassez-vous de ces deux-là, leur ordonna-t-elle en désignant les loups-garous.

Jasper et Emmett échangèrent un regard tendu. Plus que jamais, ils redoutaient la suite. 

Cullen - Origins [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant