Les doigts noués et collés contre mon ventre, je me tiens droite dans le bureau du directeur. Cela fait maintenant dix longues secondes qu'il me scrute en silence. Et ça fait dix longues secondes que je me demande si je vais prendre la porte.
Le détestable ne sait définitivement pas tenir sa langue puisque quelques heures après ma baffe, celui-ci a fait part à son père du comportement inacceptable de sa stagiaire. Bien évidemment, il a omis de donner la raison de ma gifle.
Ceci dit, dès l'instant que je suis rentrée dans le bureau du directeur, j'ai tenu à nous mettre au même niveau costume trois pièces et moi, ce qui fait que j'ai balancé le non-dit de mon maître de stage. Certes, je ne peux pas crié un échec et mat, mais j'ai mis toutes les chances de mon côté.
— Bon ! soupire Sean Hutson en se levant.
Je ravale ma salive et tente un coup d'œil vers le fils. Ce dernier semble aussi à l'aise que moi. Ça lui apprendra à vouloir tout mettre sur le dos de sa pauvre stagiaire.
Tout en travaillant sur ma respiration, j'essaie de me calmer. Le directeur ne peut pas me virer. Il a besoin de moi, du moins de mon journal de bord. Je suis son expérience, la première employée sous les directives de son fils destiné à devenir le futur dirigeant de l'entreprise. Sean Hutson doit savoir que s'il me vire, personne ne supportera le détestable. Et donc, personne ne sera en mesure d'évaluer les qualités directives de ce dernier.
Non, le directeur ne peut pas me virer... C'est en tout cas ce que je me répète pour me rassurer et ne pas céder à la panique.
— Premièrement, comme vous devez vous en douter, je tiens à ce que cette histoire ne s'ébruite pas. Je suppose que vous comprenez l'impact qu'un tel acte pourrait avoir sur l'entreprise et je me dois de faire garder une bonne image à cette dernière. Aussi, vous trouverez ici deux copies que je vous invite à signer et dater. Il s'agit de la clause de confidentialité concernant cet incident. Bien évidemment, si j'apprends que des informations ont été divulguées, je serais obligé de sévir. Autrement dit, vous connaîtrez l'expérience du renvoi. Et je parle pour vous deux bien sûr !
Le ton de monsieur Hutson paraît sans appel. Je suis surprise qu'il inclut son fils dans la possibilité du renvoi. Après tout, le détestable répète tout le temps qu'il prendra bientôt les rennes de l'entreprise, alors c'est surprenant. Mais je ne vais pas m'en plaindre. Cela prouve que le directeur est juste dans ses prises de décisions. Du moins pour celle-ci.
— Vous tout d'abord ! lance le directeur en se tournant vers moi. Je ne tolère pas un tel geste dans mon entreprise.
Ah ouais ? Par contre, avoir un connard de fils comme responsable marketing, ça il le tolère ? Bien évidemment... Après tout, les chiens ne font pas des chats !
— Donc ! continue-t-il d'une voix plus dure encore. Je décide que Nicole Bishop fera des heures supplémentaires non-rémunérées durant ce week-end. Et bien sûr, je m'assurerai que cet acte de violence soit mentionné dans son dossier. Ainsi, si une telle scène se reproduit, je n'aurais plus qu'à l'envoyer à l'école de mademoiselle.
Autrement dit, si le détestable me manque à nouveau de respect et que je réplique, Sean Hutson détruira ma carrière avant même que celle n'ait commencé. Je crois que cette annonce a bien plus d'impact encore que des heures supplémentaires non payées qui font penser à une sorte d'esclavagisme moderne.
— Attends, juste des heures sup ? Dois-je te rappeler qu'elle a osé lever la main sur son supérieur ? C'est une employée instable et totalement ingérable !
Évidemment, cela m'aurait étonnée que costume trois pièces n'ouvre pas sa grande bouche.
— Quant à Landon Hutson, je décide qu'il devra faire part de sa présence lors de l'entretien des groupes de Hutson Company qui aura lieu ce week-end. De plus, je tiens à l'informer que cet acte de harcèlement sexuel sera mentionné dans son dossier. Certes, une stagiaire ne doit pas gifler son supérieur. Mais son supérieur n'a pas à manquer de respect de la sorte à son employée.
J'ai l'impression de rêver. Je ne pensais pas que Sean Hutson irait jusqu'à parler de harcèlement sexuel pour son fils.
— Tu es sérieux ? s'indigne Lucifer.
Je vois ses veines gonfler sur son cou, signe qu'il va bientôt exploser.
— Tu m'obliges à être présent pour la venue de Cole ? Tu veux m'humilier, c'est ça ? Et en présence de ma stagiaire, qui plus est.
Je pensais qu'il aurait plus relevé pour le harcèlement sexuel que cet entretien de week-end. Mais je suppose que je ne connais pas toute l'histoire.
— C'est toi qui vois, Landon. Soit tu te présentes devant ton frère et observes ce à quoi un vrai dirigeant d'entreprise doit ressembler. Soit tu reconnais ton geste envers mademoiselle Bishop et dans ce cas-là, je serais obligé de prendre des mesures vis-à-vis d'un employé qui manque aux valeurs de la boite.
Je dois faire effort pour ne pas en tomber la mâchoire par terre. J'avais déjà compris que Sean Hutson tenait son fils avec cette promesse de donation de poste et mon rapport concernant les compétences du détestable, mais je ne pensais pas que cela pourrait aller si loin. Du moins en ma présence.
— C'est inadmissible ! rage Hutson fils avant de signer la clause de confidentialité et de quitter le bureau, non sans claquer la porte de celui-ci.
— Je vous prie d'excuser la colère de mon fils et d'être clémente envers son comportement à venir. Il se peut qu'il soit plus...
Comme le directeur ne trouve pas le mot, je hoche la tête. Je crois que je comprends très bien où il veut en venir. Heureusement qu'il ne reste plus qu'une heure de travail.
— Tenez monsieur, réponds-je en tendant ma clause de confidentialité signée.
Sean Hutson m'offre un faible sourire tandis que je me dirige vers la porte. Il m'arrive parfois d'oublier à quel point celui-ci doit être le diable pour avoir créé le détestable. Justement parce que le plus âgé sait cacher sa véritable nature contrairement à son fils. Mais en ce moment, je me souviens que Hutson Company est une entreprise dirigée par des démons. Des démons sans pitié, manipulateurs et qui ont tous les droits. Ou presque.
— Je vous souhaite une agréable fin de journée mademoiselle Bishop et je m'excuse encore pour le comportement déplacé de Landon.
Je sais qu'il dit cela uniquement pour calmer les choses. Et je sais également que je n'ai pas la possibilité de revendiquer mes droits. Après tout, je viens de signer une feuille qui m'oblige à garder cette affaire secrète. Le directeur me tient et derrière toutes ses manières ainsi que ses fausses excuses, un peu trop répétitives, je ne suis qu'un pion de plus sur son échiquier.
Il est fort. Très fort. Et moi je veux valider mon stage. Aussi, je lui rends son sourire et lance le plus calmement possible :
— Vous aussi monsieur Hutson et merci pour votre intervention.
— C'est tout à fait normal.
J'ai presque envie de vomir tellement c'est faux. Mais je maintiens mon sourire jusqu'à ce que je tourne le dos au directeur.
Une fois dans le couloir, je peux enfin laisser mon visage exprimer toute la colère qui sommeille en moi. Quand est-ce qu'ils arrêteront de me manipuler dans cette boite ? J'en suis désormais à ma troisième clause de confidentialité. La première a été réalisée pour mon entrée dans l'entreprise. La seconde pour le début de la rédaction de mon journal de bord. Et désormais, je signe pour que le comportement déplacé du responsable de marketing ne soit pas mentionné.
Vivement que je me casse de chez Hutson Company ! Peut-être qu'enfin ma vie pourra retrouver un peu de normalité...
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NDA : C'était un chapitre court, mais plutôt important. Car Landon a tout répété (enfin sa version) à son père et que celui-ci a été obligé de sévir.
J'espère que vous avez aimé cette partie. Je sais que certains pensaient que cette affaire ne susciterait pas tant de choses... Eh bien, au contraire, Hutson fils voulait de l'attention, encore une fois haha
Petite question du jour : selon vous, qui est le pire diable entre le père et le fils ? Et pourquoi ?
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Alliance explosive 1 (Terminée)
ChickLitLa vie de Nikki n'est pas des plus faciles. Étudiante en dernière année de commerce, la jeune femme additionne les petits boulots pour financer ses études. Alors le jour où elle candidate chez Hutson Company pour un stage qui validera son diplôme, e...