Alliance explosive 1 (Terminée)

29 - L'infidèle

Ma nuit a été courte.

A peine suis-je debout que je me sens désolée pour la femme de Hutson fils. Porter les cornes, c'est moche. Travailler avec un ronchon, c'est difficile, avec un tyran, ça l'est encore plus, mais avec un infidèle, ça dépasse l'entendement ! La vision qu'il a de la femme est affreuse, je le savais déjà. Cependant, y penser me dégoute encore plus.

Je n'ai même pas le temps de prendre mon petit déjeuner quand je dois libérer la chambre.

Le visage fatigué à cause de la fiesta d'hier, je tire ma valise et puis attends que l'ascenseur veuille bien monter à mon étage. J'aurais dû prendre des photos pour Colleen, songé-je. Elle qui adore immortaliser les moments avec des clichés...

J'attrape à la hâte mon portable et me tourne pour prendre le couloir en photo, car si un couloir ordinaire ne serait pas intéressant pour un photographe, celui-ci, je suis certaine qu'une centaine s'en arracherait le cliché. Ma photo est cependant gâchée par l'arrivée de mon maître de stage.

Tout en râlant, je verrouille mon portable et le range dans mon sac.

— Bonjour monsieur Hutson, lancé-je avant de lui tourner le dos.

La politesse reste obligatoire, même avec un infidèle.

— Bonjour mademoiselle Bishop.

L'entente de mon nom me fait tourner la tête. Surprise que le détestable m'appelle ainsi, je hausse un sourcil. Le visage radieux et pas le moins du monde fatigué, celui-ci rentre dans l'ascenseur.

Oh, oh, qu'est-ce que c'est que ça ? Décidément, mon supérieur aura été étrange durant tout le voyage !

***

Le pied tapant le sol depuis bien vingt minutes, j'attends l'annonce de notre vol. Je n'en peux plus d'attendre ! Je veux rentrer dans l'avion et dormir. Je veux m'allonger sur mon lit et passer des heures au téléphone avec Colleen. Non, mieux encore ! Je veux la voir.

La salle d'embarquement de l'aéroport de La Nouvelle-Orléans est différente de celle de Boston, plus petite et moins accueillante. Je donne un coup d'œil vers les gens qui attendent, eux aussi, notre vol puis fixe un point à l'angle. Il y a un emballage plastique par terre. J'hésite à me lever pour le mettre dans la poubelle. Ça me dérange. C'est dingue comment des détails dits « insignifiants » peuvent nous sauter aux yeux lorsque l'on s'ennuie...

— Ils exagèrent ! soupire costume trois pièces en regardant l'immense horloge numérique au mur. Quinze minutes de retard tout de même, c'est inacceptable !

Une réplique a envie de franchir la barrière de mes lèvres, mais je tâche de la garder pour moi. Ce n'est pas le moment de chercher le tyran. S'il a été à peu près agréable durant le voyage, on va éviter de réveiller la bête.

Je reporte donc mon attention sur l'emballage.

— Classe économique et en retard, on aura tout vu !

Inspire, expire Nikki. Inspire, expire.

S'il continue, il va réussir à me communiquer son état de colère.

— Et l'autre bonne femme-là, incapable de nous dire ce qui se passe !

Inspire, expire. Ferme les yeux. Voilà, tu es dans ton petit appartement, confortablement installée dans ton canapé. Il n'y a pas un bruit pas un...

— Non mais franchement, pourquoi engager une femme ? Ils devraient savoir quelles sont incapables de faire leur boulot !

— Donc à part la bouffe et le cul, nous ne savons rien faire d'autre si je comprends bien ? répliqué-je en faisant tomber mes bonnes résolutions. Et elle en dit quoi votre femme ? Ah non, c'est vrai que ça m'étonnerait que l'infidèle avoue ses actes...