Alliance explosive 1 (Terminée)

50 - Le responsable marketing qui devait se faire respecter

Janvier 2019

Lorsque je retourne au boulot, je dois avouer que je ne sais pas vraiment comment je dois me comporter. Je n'ai pas oublié que Hutson fils m'a parlé de son père, le directeur, et du masque qu'il doit porter. Je n'ai pas oublié qu'il a dit qu'il ne me détestait pas, au contraire. Je n'ai pas oublié qu'il m'a offert ce verre, pour sauver ma dignité après ce pari perdu.

Je n'ai rien oublié du tout en fait, et c'est ça le problème. Car toutes ces informations restent dans mon cerveau depuis ce soir-là et que j'ai redouté ce jour où je devrais reprendre mon poste. Parce que j'ignore quel visage de Hutson fils je vais découvrir.

— Bonjour Nikki !

Zachary...

Je me tourne vers mon ami et lui sourit. Il a l'air plutôt de bonne humeur. Une bonne humeur que je ne lui trouvais plus depuis un certain temps au boulot.

— Zach, comment vas-tu ?

— Parfaitement bien.

Ouah, cet immense sourire, c'est bizarre. J'ai déjà vu Zachary heureux, mais là, ça parait presque... trop.

— Et toi ?

— Bien ! Je vais bien, réponds-je dans la précipitation.

Je n'ai pas parlé du soir du Nouvel An à Zachary, pas plus qu'à mes amis d'ailleurs. Je leur ai juste dit qu'il m'avait offert un verre et cela m'a permis d'échapper à la facture de la consommation. Savannah m'a haï sur le moment...

Et si je n'ai rien dit, c'est parce qu'une fois de plus, je ne sais pas trop quoi en penser. A quel moment, un supérieur décide de se confier à son employée ? Bon certes, d'après ce qu'il a dit, le directeur était à l'hôpital donc il n'était pas tout à fait en capacité de réfléchir pleinement, mais tout de même !

— Alors, tu as pu faire les sorties que tu voulais ?

Zachary ouvre la bouche pour me répondre, mais une voix le devance :

— Mademoiselle Bishop, si vous vouliez bien vous décider à prendre votre poste et laisser votre BFF, ça serait largement apprécié.

Hutson fils... La grimace que j'essaie de minimiser ne doit pas être jolie vu l'expression de Zachary. BFF, non mais et puis quoi encore ?

— A plus tard, souffle-t-il.

— Ouais, réponds-je sur le même ton.

Après cela, je me tourne enfin vers le détestable (ex-détestable, je ne sais pas encore).

— Monsieur Hutson ! Toujours un plaisir de voir à quel point vous êtes pointilleux sur les horaires, lancé-je en regardant l'heure sur la pendule.

Évidemment, je suis en avance, mais pas de quinze minutes, ce qui veut dire, dans le monde de costume trois pièces, que je suis à la bourre.

J'avance sous le regard des employés de la grande salle, comme toujours. Je crois que je m'y suis faite. Cette bande de curieux ne me met plus mal à l'aise. Je pourrais peut-être même faire un spectacle devant eux sans m'en formaliser.

Une fois arrivée devant mon maître de stage cependant, je me sens un peu moins forte. Car son regard est porté sur les employés, non sur moi, et que je ne sais absolument pas ce que je peux dire. Alors je me contente de le suivre en silence, lorsqu'il s'engage dans le premier couloir. Sauf qu'à deux pas de la porte menant à notre couloir personnel, il se stoppe.

— On dirait que vous avez décidé de retourner aux tenues correctes, la stagiaire.

Et lui, il est retourné aux piques désagréables, compris.