Alliance explosive 1 (Terminée)

4 - Les retrouvailles du siècle

Le jour J de mon entretien avec monsieur Hills, Colleen me serre dans ses bras et son parfum à l'orange vient chatouiller mes narines. Ses cheveux frisés me caressent le visage et je ferme les yeux.

Lorsqu'elle me relâche, ma dose de courage est à nouveau à son apogée. Je croise ses yeux de biche et lui souris. Ma meilleure amie est venue jusque devant le bâtiment de Hutson Company pour me souhaiter bonne chance pour mon entretien.

— Allez Nikki, tu vas tout déchirer. Riley et moi, on croit en toi !

— Merci Colleen, soufflé-je avant de me tourner vers l'immeuble.

C'est les poings serrés et la boule au ventre que j'entre dans le bâtiment.

Aussitôt à l'intérieur, l'allure luxueuse des lieux me saute à la figure. Abandonnée ma première idée qui était de me donner de l'importance en adoptant la classe attitude, je m'exalte sans retenue de la beauté qui m'entoure. Putain, je savais que Hutson Company avait une sacrée bonne réputation mais je ne m'attendais pas à pareille richesse ! Mais d'un autre côté, en y réfléchissant bien, l'agence réside dans le district financier du quartier de Downtown, le siège des sociétés locales, nationales et mondiales donc c'était évident que ce soit plutôt tape à l'œil.

Désormais crispée sur la lanière de mon sac à main, j'avance vers l'accueil général. Bien évidemment, la compagnie n'est pas la seule de l'immeuble, c'est toute une troupe qui campe ici... Quelques secondes plus tard, je fais la carpe en lisant silencieusement les informations du panneau récapitulatif des commerces et entreprises du bâtiment. Ce dernier ne comporte pas moins de seize étages !

Les premiers sont consacrés aux services esthétiques avec des boutiques de vêtements, salons de coiffure et salle de sport. La seconde partie est réservée à la gastronomie et la troisième, dédiée à la santé avec le centre médical et celui des recherches. C'est aux derniers étages que nous retrouvons les agences et les banques. Celle de la compagnie se trouve au quatorzième et quinzième mais monsieur Hills a bien mentionné dans le mail que j'étais attendue au quinzième.

Ces informations à peu près assimilées, je traverse le couloir menant aux ascenseurs. Si ma démarche paraît décidée au départ, celle-ci change au fur et à mesure que j'aperçois une silhouette. Mon visage se décompose et j'ai la douloureuse impression que ma mâchoire va tomber. Être physionomiste peut être un avantage mais dans certaines situations, s'avère être un désavantage...

J'aurais bien aimé oublier cette tête et cet air « moi je » mais ma mémoire est photographique. Trop heureuse (bien qu'angoissée) à l'idée de passer cet entretien, j'avais presque l'impression de voler. Ouais, jusqu'à ce que le connard du parc apparaisse dans mon champ de vision.

Laissez-moi vous raconter cet épisode ridicule et que j'effacerais volontiers de ma mémoire, si c'était possible...

Juillet 2018 :

J'arrive à devant l'immeuble de ma cliente trois minutes en retard et sonne à son interphone. Après quelques secondes, cette dernière m'ouvre la porte principale et je m'engouffre dans le bâtiment. En fait, madame Oh est la maîtresse d'un de mes clients.

A vrai dire, je ne sais pas comment présenter la chose. En plus de mon poste dans un supermarché, j'ai commencé le métier de dogsitter l'année dernière. Mimson, le petit basset vient me sauter après. Je lui grattouille l'oreille avant de récupérer sa laisse.

Quinze minutes plus tard, je suis en train de marcher dans les rues de South End. La musique qui est diffusée dans les hauts parleurs de la rue me permet d'oublier le bourdonnement insupportable des passants. Je marche en résistant aux coups de laisse incessants de Demon, jeune doberman gay comme un pinson, faisant fuir tous les gens à la ronde. L'accompagnent Doogie, un caniche de 7ans un peu farouche et Mimson le petit basset qui montre sans relâche sa dentition.