1 - La sale vie de l'étudiant

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Un morceau de guitare folk accompagné de batterie puis de piano me sort de mon sommeil. Cette musique, je la connais très bien, puisqu'il s'agit de mon réveil. Je sais ce que cela veut dire : c'est l'heure de quitter mes draps pour la dure vie de la réalité.

Dans un ronchonnement, j'ouvre les yeux. La pénombre m'accueille, car à cette heure-ci du matin, la lumière ne passe pas encore à travers mes volets. Dans un soupir, je me motive pour sortir de mon lit et attrape mes affaires, déjà préparées (enfin, jetées plutôt) à côté de ma table de chevet.

Quelques secondes plus tard, tandis que je traverse mon minuscule appartement pour rejoindre ma salle de bains, mon portable à la main, la musique me suit. J'adore Saraceno. Cet artiste berce mon existence depuis plusieurs années désormais. Mais ce matin, la magie n'opère pas. Car je suis vraiment fatiguée. En effet, hier soir encore, j'ai passé des heures à faire des CV et lettres de  motivation.

Heureusement que je suis connue pour avoir un moral d'acier ! Heureusement oui...

Une poignée de minutes plus tard, enfin douchée, je regarde mon reflet dans le miroir puis me tourne pour vérifier que mon pantalon ne soit pas tâché comme la dernière fois que je suis sortie dans le parc. Parce que se trimballer devant des gens avec un vêtement taché sur une fesse, ça attire les regards et les mauvais jugement.

Ravie de voir que de ce côté-là, tout va bien, je donne un coup de main dans mes cheveux châtains et soupire. Malgré mes efforts, ma frange reste éclatée comme si je venais de passer la tête par la fenêtre d'une voiture roulant à grande vitesse. Vous savez, comme ces chiens ou mioches : la langue pendante, les yeux clos et le museau ou nez sorti en plein air. Ça y est, vous avez l'image en tête ? Super, je ne suis plus la seule alors.

Nous sommes tout juste le matin et j'entends déjà les lève-tôt arpenter la rue. Habiter Boston est un avantage lorsque nous recherchons l'accessibilité aux commerces en tout genre. C'est cependant un désavantage quand nous souhaitons faire un petit somme.

Mais depuis le début de ma vie étudiante, le sommeil n'est pas mon meilleur ami, et pour cause, étudier le marketing demande du temps et de l'implication. Et de l'argent, devrais-je rajouter, ce qui nous amène au fait que je bosse les week-ends, pour alimenter mon compte en banque, bien qu'anorexique depuis quelque temps.

Plus ou moins prête, je vais dans ma petite cuisine et avale en une seule bouchée le reste du muffin que j'ai abandonné hier soir. Je finis mon verre d'eau et me penche sur mon ordinateur qui menace de rendre l'âme dans la minute qui suit. Une tranche de pain coincée désormais entre mes dents, je consulte mes mails. Enfin, j'essaie d'y accéder déjà...

— Allez du con, grouille-toi ! marmonné-je en pestant contre cette technologie désormais un peu trop dépassée.

Il serait temps que je le change. Mais disons qu'il y a des choses qui passent avant. Et justement, il y en a beaucoup.

Oh oh, j'ai un mail !

L'espoir de recevoir une réponse positive quant à mes nombreuses postulations pour mon stage remonte. Malheureusement, je réalise rapidement qu'il s'agit d'une fausse alerte puisque c'est une putain de pub.

— Eh merde ! soupiré-je.

C'est tout de même un comble que personne ne réponde à mes demandes ! Même pour un refus, ça leur coûte quoi d'envoyer un mail ?

Le pire, c'est que je me suis vraiment impliquée. J'ai passé le peu de temps libre qu'il me restait à déballer mon discours de l'étudiante exemplaire cherchant une entreprise de formation de fin d'études. Je me suis même rendue en personne dans plusieurs entreprises, question d'appuyer ma candidature. À chaque fois, on me disait que j'aurais une réponse d'ici peu.

Alliance explosive 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant