2 - Candidature spontanée

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Octobre 2018

Je consacre ma deuxième après-midi de libre de ma semaine à mes études.

En effet, vêtue comme une femme d'affaire, les pieds en compotes dans mes escarpins hauts, j'essaie de garder un sourire aimable tandis que la secrétaire de l'accueil (Julia Stevens d'après le petit badge qui trône sur sa poitrine) me dit, visiblement agacée par ma présence, que si je n'ai pas eu de réponse, cela veut tout simplement dire que la réponse quant à ma demande de stage n'est pas favorable.

Je suis certaine que Julia Stevens se dit en ce moment même qu'elle ne peut rien pour une énergumène telle que moi. Que Julia Stevens doit prier pour que je dégage de son comptoir, parce Julia Stevens est déjà fatiguée de sa journée super épuisante qui revient à poser son cul sur une chaise, alors elle n'a pas envie de supporter une demandeuse de stage qui ne veut pas lâcher l'affaire.

Oui, pour faire plus court, j'ai une folle envie de la traiter de connasse. J'ai envie de lui dire qu'un retour aurait été une marque de respect. Comment les gens peuvent-ils traiter les autres ainsi ? Écrire ma lettre de motivation m'a pris du temps, en distribuer dans toutes les agences de Boston également !

Je me mords la langue pour garder silencieuses mes réflexions et quitte les lieux en essayant de garder le moral (chose assez difficile puisque je viens tout de même d'essuyer mon cinquième refus de l'après-midi).

Une fois dehors, une goutte tombe subitement sur ma joue. J'essuie rapidement cette dernière puis lève la tête. Il ne manquait plus que ça ! Voilà qu'il pleut à nouveau et je n'ai même pas de parapluie. De toute façon, c'est bien connu, un malheur n'arrive jamais seul...

Me servant de mon sac comme protection, je m'engage sur le trottoir en courant vers l'abri de bus à une bonne centaine de mètres. Mes maudits talons glissent à deux reprises. Je manque de m'écraser au beau milieu de tout le monde mais par chance, parviens à rester sur mes pieds, non sans lâcher une grimace probablement affreuse.

Je donne un coup d'œil panoramique. Seuls les plus courageux m'entourent. Les autres passants ont préféré s'abriter sous les devants des bâtiments.

Quelques secondes plus tard, c'est prise d'un soupir réprobateur que j'essuie ma veste, déjà trempée et tente d'oublier mes pieds qui me font un mal de chien.

— Journée de merde un jour, journée de merde toujours ! soufflé-je en retirant les dizaines de pinces qui retiennent ma chevelure épaisse dans un chignon si serré que j'en ai désormais mal au crâne.

Comment font les danseuses classiques et toutes celles qui ont toujours les cheveux tirés ?

— Ah les journées de pluie ! lance subitement alors une voix douce.

Aussitôt alertée, j'abandonne le massage de mon cuir chevelu et me retourne pour voir qui vient de parler. Mais le nombre d'hébergés sous cet abri m'empêche de découvrir l'identité de la personne qui s'est permise de me commenter.

— Vous permettez ? demande alors la même voix et cette fois-ci, je peux enfin mettre un visage sur cette dernière.

Un homme s'approche de moi et sous mon regard surpris, relève une de mes mèches de cheveux. C'est plus fort que moi, ma main vient chasser la sienne et mes yeux, dénonciateurs, accusent l'inconnu.

Euh... Bah non, non je te permets pas ! Non mais il a cru quoi celui-là ?

— Vos cheveux quillaient comme si vous étiez un porc-épic, s'excuse-t-il.

Il faudra me dire depuis quand on utilise une technique d'approche aussi nulle pour draguer, parce que là, c'est vraiment le discount des discounts.

Alliance explosive 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant