65 - Réconciliations

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Samedi, c'est bien décidée que je me rends à l'appartement de Colleen. Bien évidemment, je ne l'ai pas prévenue, puisque nous ne nous parlons plus. Et j'espère qu'elle sera là et surtout qu'elle ouvrira en me voyant sur son paillasson.

Tous les derniers événements, la dispute avec Hutson fils, celui-ci qui m'ouvre les yeux sur le tour de passe-passe qu'a fait son père avec le journal de bord, la reconnaissance de mes compétences de la part de mon maître de stage, la déclaration de paix de celui-ci, tout m'a fait réaliser que je ne voulais pas rester fâchée avec Colleen.

Car c'est ma meilleure amie et que même si ce qu'elle m'a dit m'a fait mal, elle avait plutôt raison. Puis parce que je sais que je lui dois des excuses.

Lorsque je toque à sa porte, j'ai l'impression que mon cœur va exploser. Je crois que je n'ai jamais autant stressé de ma vie. J'entends le battement de mon palpitant jusque dans mes oreilles. J'ai les mains moites.

Et lorsque j'entends que l'on défait le verrou de la porte, je souffle pour garder une apparence à peu près normale.

C'est la tête de Colleen qui me fait face une fois la porte ouverte. Et d'après l'absence de maquillage sur son visage, je devine que la métisse ne comptait pas sortir de la journée. D'ailleurs, le regard qu'elle me lance me fait comprendre que je la dérange dans son programme-télé-gourmandises.

— Salut.

Je n'ai pas le droit à une réponse.

— Est-ce que tu aurais deux minutes ?

Colleen ouvre complètement la porte, puis s'adosse contre son encadrement. Les bras croisés désormais, elle me défie du regard de commencer mon monologue sur son paillasson.

OK... C'est vrai que c'est mérité.

— Je ne sais pas par où commencer.

Et je ne mens pas. Je voudrais lui dire tellement de choses que je ne sais pas par quoi débuter. Dans ma tête, ça se mélange.

— Je suis désolée.

Je vois au visage de Colleen, qui vient de changer, qu'elle est surprise. Elle a été la première à me le faire remarquer, je ne m'excuse pas souvent. Mais là, je n'ai pas le choix.

— Je suis désolée d'avoir été odieuse avec toi l'autre soir. J'ai mal réagi car ce que tu as dit m'a blessée. Et sur le moment, j'ai préféré te détester plutôt que me remettre en question et peut-être réaliser que tu avais raison.

Le soupir plus ou moins étouffé de la métisse me fait comprendre que j'aurais pu commencer plus doucement, niveau vocabulaire. C'est vrai que je viens quand même de dire que je l'ai détestée durant quelques jours...

— C'est vrai qu'en ce moment, c'est un peu la merde. Je suis perdue. Et le fait que tu le relèves, ça m'a fait comme un coup de couteau dans la poitrine.

Je l'ai réalisé avant-hier. J'ai réalisé que j'avais eu tort lorsque j'ai dit que Colleen n'était pas une amie pour ne pas m'avoir fait rire et avoir préféré commencer une discussion désagréable. Parce que l'amitié, ce n'est pas que des moments de rires et de fête. Des fois, l'amitié, c'est devoir dire des choses pas spécialement cool à la personne, pour son bien, pour qu'elle arrête de tout foirer.

— Et tu as raison, j'ai fui.

Colleen se pousse légèrement et me fait signe de rentrer dans son appartement. Je crois que mon instant petit chien mouillé qui demande à rentrer à la maison après avoir fait une bêtise est fini.

— Tu veux boire quelque chose ?

Même si la voix de Colleen est encore froide, mon cœur se calme un peu. Parce que ce premier pas qu'elle m'a permis de faire signifie beaucoup déjà.

Alliance explosive 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant