Alliance explosive 1 (Terminée)

42 - Les lendemains de soirée

— Et voilà pour la warrior du jour !

En voyant Colleen s'approcher du canapé, un verre rempli d'une boisson à la couleur douteuse dans la main, je roule des yeux. Je déteste sa potion magique anti-gueule-de-bois. Elle me donne toujours l'impression de boire du pipi de chat mélangé à du métal.

— N'en fais pas trop, ça va.

Mon amie se poste à côté de moi tandis que je me redresse pour m'asseoir. Alors je tire le plaid avec lequel je me suis couverte cette nuit, afin que Colleen ne me découvre pas. Car je ne pense pas être encore capable d'affronter la température de l'appartement (l'hiver est bien là, et le gèle aussi).

— Trop en faire ? relève la métisse.

Ses yeux en amande croisent les miens et je me sens subitement mal de critiquer mon amie plutôt que la remercier pour tout ce qu'elle fait pour moi.

— Ouais, je veux dire : la boisson, amenée direct au canapé, le petit-déjeuner que tu as préparé dans ta cuisine, alors que ton pauvre Riley dort encore, en solitaire, dans ton lit. Je suis arrivée chez toi hier soir en gâchant ta peut-être soirée romantique avec ton mec et en plus de ça, je cause ton réveil matinal et je te donne du travail avec la préparation du petit-déj.

C'est au tour de Colleen de lever les yeux au ciel.

— Riri sait que je l'adore, mais là, ma meilleure amie a failli être attaquée par son timbré d'ex, alors il y a prescription.

Mon soupir est grand mais mon amie ne bouge pas. Et je n'en suis même pas surprise. Car avec le temps, elle a appris à affronter chacune de mes personnalités et même les plus difficiles.

— Arrête de me traiter comme la victime de...

— D'un ex complètement détraqué qui t'a harcelée, menacée de mort et est revenu du jour au lendemain ?

Je ferme les yeux tandis que les mots de Colleen me torturent. Je sais pertinemment qu'elle n'a pas parlé de Theo pour ne pas me rappeler de mauvais souvenirs et me faire mal, sauf que c'est déjà le cas. Et la gueule de bois que je me suis prise hier soir en allant chez mon amie au lieu de rejoindre mon appartement me cause encore quelques céphalées, mais pas assez pour que mon cerveau ne soit pas en mesure de me rappeler toute l'histoire.

— Je pense qu'il est venu car c'est à cette période qu'on a décidé de sortir ensemble, quelques années plus tôt. Mais pourquoi cette année plutôt que l'année dernière, j'en sais rien, avoué-je pensivement.

Ce n'est pas comme si c'était la veille qu'on s'était séparés. Alors pourquoi maintenant ? Il a dit qu'il avait vu que j'avais répondu que je participerai à cette soirée sur le net... Est-ce que cela veut dire que malgré son silence, il m'épie encore ? Est-ce que cela veut également dire qu'il n'est toujours pas passé à autre chose ?

La main de Colleen qui tapote ma cuisse me ramène à l'instant présent.

— J'ai envoyé un SMS à Wyatt. Il commençait à six heures ce matin, mais je pense que même s'il est crevée, il passera en début d'après-midi, question de te faire un coucou.

Mon cœur se serre lorsque je me dis que même si j'ai perdu ma famille, j'ai des amis en or.

— Merci Co.

— De rien, sourit cette dernière.

— Hum ! lance soudainement une voix un peu enraillée. Mais c'est que ça sent super bon, dites-moi !

Mon amie et moi tournons la tête vers le couloir menant à la chambre et découvrons Riley, en caleçon et tee-shirt, en train de sniffer l'air. Comme bien souvent, il a les cheveux en pétard. Et ses chaussettes qui montent jusqu'à mi-mollets me donnent le sourire. Comment fait-il pour ne pas se les cailler dans cette tenue ?