Alliance explosive 1 (Terminée)

15 - Nikki ne se laisse pas faire

Mon retour au boulot lundi est synonyme de révolte. A peine ai-je mis les pieds dans le couloir du bureau de Hutson que ce dernier m'assomme sous une tonne de travail et mon sale caractère de femme non soumise tente de se mettre en marche. Premièrement grâce à ma tenue qui, d'après Hutson fils, ne correspond toujours pas à la demande. Qui a dit qu'une assistante doit obligatoirement porter une jupe courte ? Les pantalons peuvent être classes aussi. Et au moins, ils cachent la peau.

L'importance est que j'ai une tenue décente. Et j'estime que c'est le cas. Ceci dit, l'entendre râler à propos de mon pantalon de dépravé me donne une idée pour les jours prochains. Il veut une jupe ? Eh bien il en aura une, et il me suppliera de remettre mon pantalon. Non mais !

Et deuxièmement car j'ai beau avoir passé la semaine précédente à me taire, recommencer le même scénario pour cinq jours supplémentaires m'est insupportable. Certes, une part de moi angoisse quant à la possibilité qu'à costume trois pièces de me virer et ainsi détruire mon objectif d'être diplômée. Mais sa personnalité m'insupporte tellement que je continue à me dire qu'un jour ou l'autre, je lui ferai un pied de nez.

Je suis la première à quitter le bureau lorsque l'heure de la pause déjeuner arrive. Tout en trottinant avec mes talons, j'ouvre la porte du couloir et me dirige vers la grande salle. Pourtant, lorsque j'arrive dans celle-ci et que j'aperçois les employés avec leur repas, je comprends qu'il n'y aura pas de restaurant. Est-ce que celui-ci est fermé exceptionnellement ? N'y a-t-il plus de place ? Je n'aurais probablement pas la réponse...

Une petite musique d'Aretha Franklin passe en arrière fond, bien que les discussions des employés couvrent en partie la voix de cette dernière.

— Nikki ! lance Ariane.

Tiens donc, cette pipelette se souvient de moi finalement ?

Tout en offrant un sourire qui se veut agréable, je me dirige vers le coin des femmes. Après une salutation amicale pour mes collègues de travail, je m'assois sur la dernière chaise à disposition. Je fais le tour de la table improvisée des yeux. Nous ne sommes vraiment pas beaucoup de femmes dans le service. Il y a Ariane, deux châtaines qui ont l'air aussi pestes que la décolorée, une brune aux cheveux longs qui se cache derrière ses grosses lunettes et enfin une rousse aux cheveux bouclées qui, même en plein déjeuner, semble incapable d'arrêter de travailler.

— Comment allez-vous Nikki ? Nous ne pensions pas que vous survivrez au tyran ! avoue Ariane et je comprends que l'on a probablement encore plus parlé dans mon dos que je ne le pensais.

— Je n'allais pas abandonner si facilement ! répliqué-je, un peu pincée à l'idée que l'on ait parié sur ma durée dans la boite.

Ariane semble comprendre qu'elle vient de montrer son vrai visage et ce dernier blêmit. Je sors mon sandwich et soupire. Les femmes de la table me regardent, attendant la suite mais comme elle ne vient pas, elles finissent par se replonger dans leur partage de rumeurs.

Je ne tends même pas l'oreille pour les écouter, les cancans, très peu pour moi.

— C'est étrange, où est Eleanor ? demandé-je soudainement en réalisant que je n'ai pas vu la jeune femme aujourd'hui.

— Elle a été licenciée ! lance une voix derrière moi et Zachary ne tarde pas à apparaître dans mon champ de vision. Je suis désolé, c'est impoli d'écouter les conversations des autres...

Mais pour le coup, j'oublie que c'est monsieur Hills, j'oublie l'impolitesse de son geste, j'oublie que je suis avec des collègues du boulot et je fronce les sourcils.

— Licenciée ?

— Les rumeurs disent que ce serait parce qu'elle a suivi votre mouvement de rébellion en le commentant, m'informe Ariane. Apparemment, ce serait un employé du service qui aurait rapporté les dires d'Eleanor à Landon Hutson... Elle s'est indirectement opposée à lui alors je suppose qu'il a voulu donner une leçon à chacune, termine-t-elle en haussant les épaules.