Alliance explosive 1 (Terminée)

51 - La pause méritée

Après mon entrevue avec nos adversaires et avoir croisé le regard toujours furibond de Bradley Wilson, je suis contente de retrouver mon bureau. Certes, il est trois heures de l'après-midi, ce qui veut dire que je ne pourrais pas aller au restaurant du bâtiment et devrais manger ce soir, mais je suis bien mieux ici qu'au milieu de cette guerre silencieuse.

Tout ça pour dire que je crois que je comprends pourquoi Hutson fils se montre si détestable.

En effet, il a été le roi des connards durant l'entretien. Il n'a pas arrêté de rabaisser ses adversaires, ce qui les a déstabilisés et lui a permis de les évincer. Sauf le représentant de Fiest. Parce que malgré ses magouilles du passé, je dois reconnaître que cet homme excelle dans son boulot.

Colleen serait la première à le dire. C'est un traitre, un profiteur, un manipulateur et un putain d'égo sur pattes, mais il réussit toujours ce qu'il entreprend. Enfin, sauf quand je suis dans l'équation, bien sûr.

Durant une bonne heure, je traite des dossiers sur mon ordinateur. C'est une tâche chiante mais pas si compliquée que ça, ce qui me permet de pouvoir discuter avec Colleen par SMS en même temps. Cette dernière aussi est au boulot et comme moi, elle a le droit à un patron un peu tendu.

Il faut dire qu'une fois de plus, Hutson Company et Fiest sont arrivées exæquo pour le projet. Toute personne qui n'était pas là-bas a eu de la chance, car le duel de regard qu'il y a eu suite à cette annonce, ça a été glaçant.

Alors que je suis occupée à lire un SMS de Colleen qui me propose d'aller faire une séance à la salle de sport (je n'ai pas trop trouvé le temps d'y aller durant les vacances et les deux kilos que j'ai repris m'ont fait comprendre que j'avais merdé), un second message arrive. Surprise, je clique sur celui-ci et remarque qu'il s'agit d'un numéro inconnu.

« Pour le café, c'est quand vous voulez, hein ! »

Hutson fils ? Mais comment a-t-il eu mon... Ah oui, c'est vrai qu'il a mon numéro et ce, depuis mon arrivée dans l'entreprise puisqu'il était noté sur mon dossier de candidature. Mais comme il ne s'était encore jamais donné la peine de m'appeler pour, par exemple, me prévenir qu'un entretien avec des adversaires tels que Fiest aurait lieu aujourd'hui, je n'avais encore jamais eu son numéro.

— Avec lui, on ne sait jamais ! rouspété-je. Un coup, monsieur sait marcher jusqu'à la machine. Un coup, il n'a plus de jambes, juste une grande gueule...

A contre cœur, j'annonce à Colleen que je dois la laisser car Lucifer me demande. Et comme nous ne sommes pas amies pour rien, cette dernière fait une petite blague à propos du faux-diable qui m'a offert un verre pour sauver ma dignité. Sauf que je ne rigole pas à sa plaisanterie. Parce que contrairement à elle, je ne suis pas spectatrice mais actrice de cette vie.

Lorsque j'arrive dans le bureau de costume trois pièces, sa tasse de café à la main, je ne suis pas surprise de voir celui-ci au téléphone. Bah voyons, il était tellement occupé à parler qu'il ne pouvait pas aller chercher sa petite collation de l'après-midi...

— Posez-là ici, mademoiselle Bishop.

Le fait de le voir assis à son bureau, et surtout de me rendre compte qu'il n'a pas l'intention de se pousser pour m'éviter de faire une connerie, me rappelle la fois où je l'ai ébouillanté.

— Non Cole, je t'écoute. C'est juste la stagiaire qui m'amène le café... Hum, oui... Oui, je lui dirai... Oui... non pas maintenant.

Alors c'est pour ça qu'à notre retour, il m'a donné ces fichiers, pour m'occuper tandis que lui allait passer un coup de fil à son frère ? Comme quoi, on n'a définitivement pas la même vie...