28 - Monteleone

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— Il est hors de question que vous vous trimballiez toute seule dans le carré français pour du magasinage !

Je soupire pour la énième fois avant de secouer la tête et de regarder par la vitre. Voilà plus de cinq minutes que Hutson fils et moi nous disputons à propos de ma sortie.

Quand il ne s'agit pas du dossier ou bien des billets d'avion, c'est à cause du shopping...

— La Nouvelle-Orléans est un endroit dangereux pour une femme, continue-t-il.

— J'ai le droit de faire ce que je veux ! Vous n'êtes ni mon père, ni mon mari alors foutez-moi la paix !

Mon maître de stage se tait et je me retourne pour le regarder, trouvant étrange son mutisme. Je remarque alors qu'il est désormais plongé sur son portable, les sourcils froncés et rumine tout seul.

Ah c'est sur qu'il se fait vraiment du soucis pour sa stagiaire ! Quel bobard oui !

Après tout, je m'en fous. Il n'est ni mon père (merci mon Dieu) ni mon mari (double merci Mon dieu !)

A peine sommes-nous arrivés à destination que je sors du taxi, laissant mon maître de stage se charger du paiement. Je salue le nouveau portier et m'engage dans l'hôtel. Je n'attends pas Hutson et pars en direction de l'ascenseur. J'entends des pas précipités derrière moi et soupire en voyant ce dernier rentrer in-extrémis dans l'élévateur.

Tout en fixant le numéro des étages, je croise les bras.

— Je vous préviens, que vous soyez ou non à l'aéroport demain matin, je rentre à Boston !

— Eh bien rentrez à Boston ! soupiré-je en roulant des yeux avant de sortir de l'ascenseur, Hutson sur mes pas.

***

Mon plan à la main, je traverse la rue Bourbon en admirant l'architecture de celle-ci. Bordée de maisons au style français, cette dernière est sublime. J'ai toujours rêvé de voyager et c'est ce que j'ai l'impression de faire en ce moment. Ma poche remplie de breloques pour mes amis, je me permets désormais de traîner à droite à gauche. J'ai encore du temps libre et j'ai fini mon shopping. Heureusement que les commerçants ne parlaient pas seulement français, sinon mon lèche-vitrine aurait été encore plus écourté !

Le coin n'est pas spécialement dangereux comme Hutson me l'a dit. J'avais également lu sur le net que ce n'était pas vraiment un endroit fréquentable, surtout seule. Mais il semblerait que les rumeurs soient un peu hyperboliques. Certes, certains hommes m'ont accostée, m'ont fait des clins d'œil voir suivi le temps de quelques ruelles... D'autres m'ont un peu embêtée avec leurs produits super « intéressants et avantageux », mais je suis toujours en vie et vêtue, pas de quoi en faire une montagne !

Bon, peut-être aussi ne suis-je pas allée dans les coins les plus redoutables. Je suppose que mon supérieur a été un peu déstabilisé après avoir vu cette femme se faire violenter. Et puis, étant sa stagiaire, sûrement se sent-il responsable de moi.

Hutson père ne serait probablement pas content d'apprendre que cette pauvre Kitty Bishop s'est faite égorgée à La Nouvelle-Orléans pendant que son fils-fils s'éclatait à faire je ne sais quoi ! Il semblerait que ce dernier craigne son père. C'est intéressant et c'est un point à retenir puisque j'ai plus ou moins un secret avec Sean, désormais que j'ai mon journal de bord.

Je m'arrête sur le trottoir et regarde la calèche passer devant moi. Le chemin jusqu'à l'hôtel est encore long, songé-je aussitôt. Après un soupir, je continue ma route et l'entente d'une musique attire mon attention. Le sourire aux lèvres, je m'avance vers les musiciens. Ils doivent être une petite dizaine, assis, chacun leur instrument en main, la complicité dans le regard, à faire renaître la rue un peu endormie. Guitares, violons, trombone, harmonica, clarinette, contrebasse et j'en passe, c'est un véritable marché musical qui s'offre aux passants.

Alliance explosive 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant