Alliance explosive 1 (Terminée)

6 - Le pré-entretien

Alors que je pense que le RH va emboiter le pas, celui-ci pose son regard sur la personne derrière moi.

— On craignait que tu ne reviennes pas.

Je me retourne aussitôt, un peu paniquée. Je ne me fais pas un film, c'est bien au con à la cravate qu'il vient de parler. Il bosse ici ? Évidemment Nikki, cet étage entier appartient à la compagnie !

Eh merde alors, c'est bien ma veine ça... Je n'avais pas besoin de ça. Mais alors pas du tout. Espérons qu'il soit juste un employé lambda.

Avec son costume de riche ? se moque ma conscience. Oui eh bien, peut-être que ma prière sera entendue...

— Si vous voulez bien me suivre.

En silence, je suis le RH. Durant ma traversée dans la pièce principale, je ne peux pas ignorer les regards accusateurs ou tout simplement curieux qui se posent sur moi. Je n'aime pas cette ambiance. Mais je me rappelle que j'ai besoin de ce stage.

Monsieur Hills s'arrête soudainement devant une porte et je l'imite aussitôt. Son nom est gravé sur une plaque dorée. On ne s'emmerde pas... Est-ce que tous les employés ont le droit à ça ? Est-ce que j'aurais le droit à ça, si je rentre dans cette boite ? Bien sûr que non, je serais stagiaire.

— J'ai lu votre dossier mademoiselle Bishop, il est intéressant.

Tandis que je rentre dans le bureau que monsieur Hills me montre, je réponds :

— Merci. Je me suis toujours consacrée à mes études et ce sera toujours le cas. Enfin, par la suite, ce sera à mon boulot que je me consacrerai.

Est-ce que je suis vraiment en train de lui baiser les pieds ? Ouais, c'est tout à fait ça. En tout cas, ma réponse semble plaire au RH. Cliché de l'étudiante qui ne dort pas la nuit pour bosser sur ces cours ? Fait !

Après tout, on nous a bien appris en cours à vendre notre produit. Et actuellement, le produit, c'est moi.

— Je vous en prie, asseyez-vous.

Je donne un coup d'œil à la pièce. Aérée, minimaliste même devrais-je dire, les meubles sont clairs et donnent l'impression d'être dans une réplique de Paradis. C'est déroutant. Parce que les gens que j'ai croisés à mon arrivée n'avaient rien d'angélique.

— Alors, parlez-moi un peu de votre parcours, mademoiselle Bishop.

N'a-t-il pas dit qu'il avait lu mon dossier ? Bien évidemment, je sais qu'il fait tout ce manège pour voir si je suis capable de me présenter et que c'est en quelque sorte le déroulement banal d'un entretien, mais qu'est-ce que ça fait chier !

— Je suis en dernière année de MBA à l'université de Boston. J'ai pris une spécialisation en...

— J'ai déjà lu votre dossier, me coupe le RH. Il n'y a aucun doute sur l'excellence de votre parcours universitaire. En fait, je parlais plus de votre projet professionnel. J'ai vu que vous travaillez dans un supermarché. C'est plutôt éloigné de votre formation...

Durant les rares entretiens que j'ai pu avoir (je veux dire ceux de cette année pour le stage bien évidemment), on se contentait de m'écouter parler de mes études. C'était bien plus simple.

— Eh bien, quand on est étudiant et qu'on a besoin de faire rentrer l'argent, on prend ce qu'on trouve.

Monsieur Hills ne pose pas son regard sur ses feuilles comme je l'aurais espéré. Les doigts entrelacés, il me fixe. Essaie-t-il de me mettre mal à l'aise avec son regard ? Je ne baisserai pas la tête pour autant.