Les iris vertes de la prêtresse balayèrent la petite assemblée face à elle sans manifester la moindre émotion. Elle dégageait une puissance souveraine, celle d'une reine intouchable sûre de sa force. Un frisson dévala l'échine de Willow.
- Que ceux qui sollicitent l'aide du dieu viennent donner la preuve de leur allégeance, dit-elle d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.
La dirigeante des guerrières du nord désigna Willow et Aurélius. Ils approchèrent du feu, suivis par le regard transperçant de la prêtresse.
- Tendez votre main au-dessus des flammes, ordonna-t-elle.
Willow retira son gant et s'exécuta. L'excitation gonflait dans sa poitrine. C'est la première fois qu'il assistait à une cérémonie de ce genre et le goût de la découverte attisait le peu de curiosité qu'il possédait. La prêtresse attrapa un couteau caché derrière elle. Aurélius frémit mais Willow lui dit à travers le lien :
Ne crains rien. La douleur sera brève.
Son jumeau se rigidifia quand la prêtresse lui entailla la paume. Le sang afflua mais il n'était pas rouge. Des gouttes dorés comme de l'or en fusion perlèrent de la plaie superficielle et s'écrasèrent dans les braises avec un «pcht». Sans se focaliser sur la teinte étrange du sang d'Aurélius, la prêtresse de Libraca entailla Willow. Il ressentit à peine la douleur, habitué à endurer plus qu'une égratignure. Des perles écarlates glissèrent sur sa peau blanche et s'écrasèrent en contrebas avec un grésillement.
Une légère fumée blanche s'élevait à présent du foyer presque éteint. L'atmosphère pesante étouffait Willow, l'étourdissait. Il se sentait déconnecté du monde, dans une dimension à part. La prêtresse entama un chant dans une langue qu'il ne connaissait pas. Les sonorités, tantôt gutturales, tantôt glissantes, le fascinèrent.
Les paroles vrombissaient à ses oreilles, résonnaient dans tout son être. Plus rien n'existait en dehors de cette voix. La prêtresse chanta de plus en plus fort, avec un timbre incroyable. Willow n'était pas sensible à l'art mais l'intensité de cet instant arriva à transpercer sa carapace d'indifférence.
Puis tout s'arrêta. Ramené dans la réalité, il cligna des yeux. Il mit un moment avant de se rappeler qu'il était agenouillé dans une tente au beau milieu des terres glacées du nord pour tenter d'établir une communication avec Libraca.
Il reprit sa respiration, essoufflé comme s'il venait de courir des heures. La prêtresse glissa :
- Libraca n'a pas répondu à notre appel...
Willow ne ressentit aucune déception, encore sous le choc de l'émerveillement. La prêtresse tapa dans ses mains et une fourrure masquant l'entrée d'une chambre se releva. Une jeune femme pénétra dans la pièce, vêtue de la même robe légère. Elle ressemblait à la prêtresse derrière le foyer, plus jeune d'une vingtaine d'années. Ses cheveux noirs de jais dévalaient son dos jusqu'à ses hanches et son vêtement ne cachait pas ses formes généreuses et son corps gracile.
- Purifie le feu, lui dit la prêtresse.
La nouvelle venue s'esquiva, non sans lancer un regard intense vers Willow. Elle revenait avec un seau d'eau lorsqu'un « chtonk » retentit derrière Willow. Il reconnut instantanément le bruit d'un corps s'écrasant au sol de tout son poids. Il tourna le dos aux prêtresses alors qu'Ourania s'écriait :
- Alya !
La cheffe des Valseryes écarta tout le monde sans ménagement et releva sa fille en position assise. Elle posa une main sur la joue de la femme dont les yeux roulaient sous ses paupières closes. Des tremblements agitaient son corps, sa bouche s'ouvrait et se fermait.
- Alya ! cria sa mère. Alya, réveille-toi !
Les yeux d'Alya s'ouvrirent alors qu'elle prenait une inspiration profonde. Ils eurent tous un mouvement de recul, même Willow : un voile gris clair recouvrait les globes oculaires d'Alya. Willow eut la désagréable impression que ce regard d'un autre monde les fixait, Aurélius et lui.
- Enfants de la prophétie, dit une voix masculine qui n'était pas celle de l'ancienne Valserye. Le terme approche et les chemins convergent. La route est incertaine, souhaitez-vous vraiment jouer avec la survie de l'humanité ?
- Dieu des connaissances, nous ne demandons qu'une solution. Si elle s'avère trop risquée pour ce monde, nous refuserons de l'appliquer, supplia Lysange.
- La parole des Hommes est incertaine mais leur influence sur le cours des événements dépasse les pouvoirs des dieux, répondit la voix. Ainsi soit-il. Puisse ma réponse nous guider vers un futur favorable.
Il marqua une pause et reprit avec un ton absent et plus bas :
- Les quatre qui sont deux se réuniront par la force du destin. Les cœurs des dieux, confiés aux champions mortels, sauveront les sacrifices de la colère des divinités primordiales. Leur fureur sera contenue par l'union des espoirs. Mais l'ombre rouge guettera la faiblesse depuis les ténèbres. Ses sombres dessins précipiteront le monde dans le chaos si sa haine n'est pas annihilée. Le temps sera le rouage central de cet ultime épisode : de lui dépendra le sort du monde. Si vous empruntez ce chemin, il n'existera pas de fin heureuse mais le chagrin s'abattra sur une poignée d'âmes ou sur le monde entier. L'amour nous sauvera ou la haine nous consumera. N'oubliez pas qu'il n'existe pas de bien ou de mal : seulement des choix.
La voix se tut, les yeux d'Alya se fermèrent et elle retomba contre sa mère, aussi inerte qu'une poupée de chiffon. Un silence de mort régnait dans la tente. Les paroles de Libraca résonnaient encore dans le crâne de Willow. Pour lui, cette prophétie n'avait aucun sens. A en juger par les expressions de ses proches, il n'était pas le seul que les mots du dieu de la connaissance perdaient.
- Comment devons-nous interpréter ça ? demanda Lysange.
- Commençons par l'écrire avant de l'oublier, proposa Omphale. Nous l'étudierons après.
La jeune prêtresse repartit de là où elle venait pour reparaître avec des feuilles épaisses et un morceau de charbon taillé en pointe. Elle déposa le tout devant Omphale et rejoignit son aînée derrière le feu, silencieuse. Alya se redressa avec une inspiration étranglée et s'exclama :
- Du papier ! Il me faut du papier !
Sa mère lui fourra le matériel d'écriture entre les mains et l'ancienne Valserye commença à tracer des lignes précises. Elles formèrent bientôt un motif noir et complexe, un cercle coupé par treize ronds noirs à intervalles réguliers, parcourus de lignes qui se croisaient pour dessiner des formes géométriques dont l'imbrication artistique échappait à Willow. Elle acheva son œuvre en écrivant des lettres dans un alphabet inconnues à l'extérieur du cercle.
- La langue primordiale, souffla la cheffe des Valseryes. Que signifie ce dessin ?
- Ce n'est pas un dessin, déclara Alya avec fièvre. C'est une protection, un sort magique élaboré par Libraca lui-même. Il a déjà été dessiné par le passé, sur les tablettes de fer.
Cela n'évoquait rien à Willow, pour qui la prophétie n'avait aucun intérêt malgré son statut d'acteur majeur selon ce vieil écrit d'un autre temps. En revanche, Omphale sursauta et s'écria :
- Tu parles de la dernière tablette relative à la prophétie, celle qui est à moitié effacée ? Nous tentons de la reconstituer depuis tant d'années !
- Libraca le sait et on dirait qu'il a tenu à nous donner un petit coup de pouce compte tenu des circonstances, raisonna Alya. Grâce à ce symbole et à l'union des treize espoirs, nous serons capables de limiter les dégâts que causeront Noximence et Phosphoméra à une zone précise. Nous venons d'effectuer un prodigieux bond vers l'avant, grâce à notre cher dieu de la connaissance.
- Il s'est exprimé par ta bouche, remarqua sa mère en dissimulant mal sa stupeur.
- Plus tard mère. Pour le moment il faut coucher cette prophétie sur papier et méditer dessus. Il me reste encore un dessin à effectuer, un symbole qui apparaîtra sur la main droite des champions des dieux. Merci à vous, prêtresses.
Alya s'inclina respectueusement jusqu'à ce que son front touche le sol. Les servantes de Libraca se contentèrent d'un signe de la tête poli mais distant. Ils retournèrent dans la tourmente glacée où les membres masculins du groupe attendaient toujours, les mains coincées sous les aisselles pour se réchauffer.
- Alors ? demanda aussitôt Aymeric. Il y a un espoir ?
- Oui mais ça ne sera pas simple, soupira Lysange.
- Ne parlons pas de ça dans le froid, la coupa la cheffe des Valseryes. Venez, je vais vous escortez jusqu'à des tentes. Une fois à l'intérieur, hors de question pour les hommes de mettre un pied dehors. Si l'un d'eux bafoue cette règle, mes guerrières se feront un plaisir de lui infliger une correction dont il se souviendra toute sa vie.
Cette fois, Aymeric ne s'amusa pas à répliquer. Un frisson de danger et d'excitation hérissa Willow. Affronter une Valserye...Il en rêvait depuis qu'Amagmalion lui avait parlé de ses légendaires guerrières du nord, aussi puissante que certains de ses assassins. Les Valseryes les séparèrent en plusieurs groupes : les couples, les hommes célibataires et les femmes célibataires. Willow se retrouva donc seul avec Aurélius, dans une tente confortable.
Après leur arrivée fracassante et les menaces du demi-dieu, il s'était attendu à un abri moins chaleureux pour la nuit. Pourtant un bon feu crépitait au centre de la tente et éclairait quatre lits au sol recouverts de peaux de bêtes, ainsi que des petites malles pour déposer ses effets personnels et une étagère avec de la vaisselle en grès et en ivoire.
- C'est plus accueillant que ce que j'espérais, commenta Willow. Nous allons dormir comme des rois !
Sauf qu'il n'y a pas de roi chez les Valseryes, le taquina son frère.
- Je suis bien obligé de te donner raison. Hé, pourquoi est-ce que tu sors ?
Aurélius, déjà à moitié dehors, pivota vers Willow pour lui adresser un sourire assez radieux pour faire fondre la neige.
Je pars chasser. Les Valseryes ne possèdent pas beaucoup de nourriture, je ne veux pas devenir un fardeau pour elles. Je vais me remplir l'estomac et ramener un peu de viande à leur leur offrir en gage de remerciement. Je ne risque rien si j'adopte ma forme de dragon, elles n'affectionnent que les hommes qui marchent sur deux jambes et qui font leur taille.
- Non seulement tu es trop gentil mais tu es aussi un sacré veinard. Moi je vais devoir rester seul dans cette tente à m'ennuyer comme un rat mort...
Tu pourras regarder par mes yeux. Il paraît que c'est une expérience qu'un humain et un dragon liés par le sang aiment vivre.
Sa proposition tenta Willow. Voir par les yeux d'Aurélius, glisser son esprit dans celui de son frère et ressentir les émotions qui traversaient son cœur comme un double fantomatique...Qui sait ce qu'il apprendrait ?
Aurélius lui souhaita une bonne nuit et s'évanouit tel le soleil se camouflant derrière des nuages sombres. Willow ôta ses bottes et s'exerça à l'épée dans la chambre vide. Autant profiter de son temps libre pour conserver ses réflexes et entretenir ses muscles.
Personne ne lui rendit visite, même pas Omphale. Elle devait réfléchir sur les paroles de Libraca, tenter de les décrypter comme s'il s'agissait d'énigmes. La faim lui tala vite le ventre mais il ignora cette vieille compagne d'enfance et s'assit en tailleur sur son lit, las de s'entraîner aux armes dans cet espace restreint.
Il souffla et inspira plusieurs fois pour détendre son corps et ferma les yeux. Il se concentra sur le tunnel qui le reliait à Aurélius, vers la clarté qu'il apercevait au bout. Il rejoignit cette lueur à toute vitesse et plissa les yeux lorsqu'elle devint trop vive.
Une fraction de seconde plus tard, il survolait les plaines glacées battues par les vents et plongées dans l'obscurité. Il voyait comme en plein jour grâce à la vision d'Aurélius. Son jumeau scrutait chaque recoin, en quête de nourriture. Il se laissait porter par le vent qui glissait sous ses ailes pour gonfler leur membrane. Il n'était qu'un océan de calme, une ombre tranquille qui planait dans les cieux, une étoile solitaire.
Sa tranquillité atteignait un point que Willow n'avait jamais expérimenté. Ses épaules se détendirent et ses défenses s'abaissèrent tandis qu'il profitait de ce voyage en tant que passager invisible. Une main se posa sur son genou après une durée impossible à déterminer, le ramenant à la réalité. Ses réflexes d'assassin remontèrent à la surface : il agrippa le poignet de l'intrus et tira un poignard caché dans son dos, prêt à attaquer.
Deux yeux vert émeraude l'observaient, étincelants à la lueur du feu. Il abaissa son arme, sans la ranger pour autant. La jeune prêtresse à la chevelure noire se redressa, inexpressive.
- Navrée pour le dérangement : je t'apportais de quoi manger.
- Merci, dit-il en avisant le bol de soupe posé à côté du feu.
- Méditais-tu avec les dieux ? l'interrogea-t-elle.
- Non, je vérifiais si mon jumeau allait bien. Je préfère laisser les dieux là où ils sont. S'ils ont besoin de moi, ils viennent me trouver.
- Ton père est le fils de Praeslia. La déesse de la guerre se manifeste-t-elle à toi parfois ?
- Dès que j'ai besoin de lui parler ou de m'entraîner, répondit honnêtement le jeune homme.
La prêtresse de Libraca acquiesça doucement et s'agenouilla à côté du feu. Les flammes dansaient sur son visage de marbre, plus blanc que de l'ivoire. Des reflets orangés ondulaient dans ses cheveux noirs. Willow s'installa de l'autre côté, son bol dans une main et une cuillère dans l'autre. Il avait laissé son poignard sur le lit.
Il mangea dans un silence troublé par le craquement du bois. La prêtresse de Libraca n'échangea pas un mot de plus avec lui. Elle ouvrit la bouche lorsqu'il déposa le récipient vide au sol mais par pour parler. Des notes vibrantes s'échappèrent de ses lèvres ourlées de la couleur du corail. Elle possédait une voix plus claire et plus haute que celle de son aînée et elle charma Willow avec d'autant plus de puissance.
Il l'écouta, incapable de se détourner d'elle. Le feu dansait entre eux et elle ressemblait à une apparition, à un mélange d'ombre et de lumière. Elle s'approcha peu à peu, jusqu'à ce que ses doigts touchent ceux de Willow.
Le contact avec cette inconnue le dérangea à peine car elle continuait de chanter. Les paroles dont le sens lui échappait l'enveloppaient, dénouaient ses résistances pour laisser le champ libre à la prêtresse. Ses yeux vert foncé happèrent son attention autant que sa voix. Elle le captivait, l'envoûtait. Et, pour une seule et unique fois, rien en lui ne se rebellait à l'idée de céder. Elle s'interrompit uniquement pour demander :
- Est-ce que tu veux ?
- Chante encore et tu auras tout ce que tu veux, dit-il avec le plus grand sérieux du monde.
Une ébauche de sourire illumina le visage de la prêtresse. Elle chanta encore, plongea sa main dans les cheveux de Willow, effleura son visage, descendit vers son cou. Il n'osa pas fermer les yeux, de peur qu'elle s'évanouisse à la manière d'une illusion lorsqu'il les rouvrirait.
Elle ne se tut ni lorsqu'elle entreprit de le déshabiller, ni lorsqu'il osa l'embrasser dans le cou et sur les épaules. Il avait plus conscience de l'harmonie dans sa voix vibrante que de la douceur de sa peau ou de la saveur de son corps.
Elle s'assit sur lui à califourchon, à même le sol. Willow l'admira danser et chanter au-dessus de son corps brûlant. Ses hanches remuaient à un rythme délicieux, ses cheveux caressaient sa peau couleur de lune et dissimulaient par moments sa poitrine opulente.
Le chant se hacha de plus en plus, troublé par des soupirs profonds qui ne brisèrent pas l'enchantement pour autant. La prêtresse le dominait de toute sa puissance, plus guerrière que jamais. Elle se cambra et le feu projeta des ombres dorés sur son corps musclé.
Sa main rencontra celle de Willow et leurs doigts se lièrent. Elle était un brasier, prête à imploser. Son chant se mua en gémissements. Ils gagnèrent en ampleur dans le silence de la tente et attisèrent le désir de Willow bien plus que les airs religieux de la prêtresse. Elle atteignit le point culminant de leur union la première, le jeune homme suivi peu après.
Transpirants et essoufflés, pressés l'un contre l'autre, ils échangèrent un long regard.
- Je m'appelle Freya.
- Et moi Willow.
Il se sentait encore plein de vitalité après cette danse charnelle où il avait été plus spectateur qu'acteur. Les yeux émeraude de Freya le maintenaient en place, il ne pouvait pas fuir.
- Encore ? s'enquit-elle.
- Seulement si tu me dis ce que tu veux, exigea Willow.
- Chante pour moi, tout comme j'ai chanté pour toi.
Il n'avait jamais eu d'intérêt pour les arts, Amagmalion ne lui avait jamais enseigné à développer sa vibre artistique. Il ignorait s'il arriverait à produire une mélodie digne de Freya, assez puissante pour la charmer en retour. Il entonna une vieille berceuse que sa mère lui chantait lors de ses premières nuits avec sa famille retrouvée. Elle était aussi vieille que le monde d'après elle, dans l'ancienne langue des Sylphes. Les paroles racontaient les temps révolus où la terre prospérait, la vie éternelle des arbres et la beauté des forêts.
Freya frissonna à l'écoute de son timbre profond. Elle s'allongea sur le dos et l'attira au-dessus d'elle. Ses cheveux formaient un voile de nuit autour de son visage parfait, aussi blanc que la neige qui régnait dans le nord.
Ils se reposèrent peu avant l'aube, emmitouflés dans une peau de bête. Freya respirait à un rythme régulier à ses côtés, profondément endormie. Willow lui caressa le bras en chantonnant à voix basse. Il ferma les yeux et lorsqu'il les rouvrit, elle n'était plus là. Il ne restait plus qu'une légère odeur poivrée, seul indice de leurs ébats de la veille.

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Chevalier dragon, tome 4 : La guerre d'Amaris
FantasyDepuis la disparition de Lysange, Aymeric n'a qu'une idée en tête : la retrouver. Cela l'amènera à coopérer avec une vieille connaissance afin d'infiltrer le repaire du dragon rouge et sauver sa compagne. Cependant le temps presse et la fin du monde...