Chapitre 2 : Marchandage

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Ils atterrirent non loin de la capitale en milieu d'après-midi. Après avoir laissé quelques heures de repos à Hydronoé en dépit de son impatience, Aymeric et les deux dragons se mirent en route pour le palais. Le chevalier dragon franchit aisément le barrage d'inspection des gardes malgré l'attitude méfiante de ces derniers. Il n'avait même pas besoin de montrer son visage : il suffisait qu'il montre une lettre avec le sceau du roi pour qu'on lui libère le passage.
A cause de la peur de l'épidémie, qui avait pourtant disparu en même temps que le retour des beaux jours, les rues étaient moins peuplées que dans les souvenirs du jeune homme. Il remarqua moins de marchands, de nobles ou de gens modestes mais toujours autant de pauvres hères. Il faudrait encore quelques mois avant que la vie reprenne son cours normal. Aymeric et Ourania portaient d'épaisses capes de voyage pour dissimuler leurs particularités inhumaines.
Malgré ses efforts, Aymeric n'arrivait pas à les camoufler comme Hydronoé. Quant à Ourania, elle était encore trop faible pour conserver une apparence parfaitement humaine. Les passants s'écartèrent sur leur passage, le nez froncé dans une mimique de dégoût. Ils craignaient certainement d'avoir affaire à des lépreux ou des bossus.
Ils atteignirent le palais au crépuscule et demandèrent une audience avec le roi. Les gardes les guidèrent jusqu'à la salle du trône en dépit de l'heure tardive. Ils avaient reconnu l'uniforme des chevaliers dragons dont Hydronoé était vêtu et personne n'osait jamais déplaire à l'armée d'élite du roi.
Le souverain, occupé à écouter un conseiller lire un projet de loi qui concernait le prix du blé, se leva quand ils entrèrent. Il congédia tout le monde d'un geste de la main tandis que les trois nouveaux venus s'inclinaient face à lui. Les cernes noirs sous les yeux du souverain témoignaient de son travail intensif ces derniers mois. Il paraissait aussi avoir perdu du poids, comme le prouvait ses joues creuses. Aymeric remarqua aussi des rides autour des yeux et de la bouche du monarque, ainsi que des cheveux gris qui piquetaient sa chevelure châtain ici et là.
Le demi-dieu retira sa cape et si le roi était surpris par ses métamorphoses physiques, il n'en montra rien. Après tout Aymeric l'avait tenu au courant dans une lettre, il avait eu le temps d'imaginer sa nouvelle apparence et de se préparer au changement assez radical.
- Aymeric, Hydronoé et Ourania. Soyez les bienvenus ! Depuis combien de temps est-ce que nous ne nous sommes pas vus ?
- Trop longtemps mon roi, répondit Aymeric avec un sourire sincère.
- Je devine sans peine que votre venue à un rapport avec Lysange. Que puis-je faire pour vous ? Je mettrais tous les moyens à votre disposition pour la retrouver.
Aymeric s'attendait à cette réponse. Le souverain ne s'était jamais opposé à ses multiples expéditions d'un bout à l'autre d'Amaris pour retrouver Lysange. Il avait été jusqu'à lui alloué une somme assez considérable pour payer les frais des voyages et lui permettre de poursuivre ses déplacements dans cette entreprise que beaucoup jugeaient insensé sans oser le dire tout haut. Il répondit cependant :
- Nous n'avons besoin que d'une chose : un entretien avec un prisonnier du donjon.
- Zolan ? demanda le roi après un temps de réflexion.
- Exact. Nous pensons qu'il détient des informations susceptibles de nous aider à retrouver Lysange, expliqua Hydronoé.
- J'accède à votre requête. Welson vous mènera au donjon, attendez-le dans le petit salon attenant. Je vais faire préparer vos chambres habituelles et je serais ravi de dîner en votre compagnie ce soir.
Ils acceptèrent l'invitation du roi et allèrent dans le fameux salon à côté de la salle du trône. L'endroit sembla familier à Aymeric et fit remonter des souvenirs lointains. C'est là qu'il avait rencontré le roi pour la première fois, juste après la naissance d'Hydronoé ! En repensant à tout le chemin parcouru depuis, il eut un coup de vieux.
- Ça ne va pas Aymeric ? s'inquiéta Hydronoé. Je te sens chamboulé.
- Tout va bien. Juste une petite vague de nostalgie accompagnée d'une prise de conscience.
Il s'installa sur un des fauteuils moelleux, pour peu de temps. Welson déboula dans la pièce rapidement, un peu essoufflé et un sourire radieux sur le visage. Il écarquilla les yeux en dévisageant Aymeric mais reprit rapidement contenance.
- Salut vous trois ! Ça faisait longtemps ! Vous avez encore grandi, non ?
- Nous ne grandissons plus depuis un moment, se moqua gentiment Hydronoé.
- Si je commence à radoter, c'est mauvais signe, plaisanta le garde. Je suppose que les grandes discussions attendront la fin de votre entretien. Suivez-moi.
Ils lui emboîtèrent le pas et sortir du palais pour le contourner jusqu'à une gigantesque tour accolée à la demeure royale. Elle ne possédait qu'une entrée qui servait aussi de sortie et aucune fenêtre. Les étages supérieurs étaient réservés à ceux ayant commis de petits délits ou aux femmes. Le rez-de-chaussée accueillait les gardes en faction, ceux assez malchanceux pour surveiller et accueillir les criminels durant de longues heures avant que la relève s'effectue.
Et enfin, les sous-sols enfermaient dans les tréfonds de la terre les pires criminels. Les violeurs, les assassins, les fous furieux. C'est là que se dirigea le petit groupe, après avoir descendu un escalier à demi plongé dans les ténèbres. Welson murmura :
- Quand je débutais à peine ma carrière, j'ai travaillé ici durant un an. Je n'oublierais jamais. Quoi qu'il arrive en bas, ne vous approchez pas des cellules et ne prononcez pas un mot jusqu'à ce que nous arrivions à destination.
Après l'escalier se dressait un bureau à côté d'une porte grillagée qui menait au couloir des détenus. Un homme grand et solidement charpenté lisait derrière, à la lueur d'une bougie. Il posa son livre à leur arrivée, décrocha une torche du mur et tira un trousseau de clé de sa poche.
- Salut Welson. Qui est-ce que tes visiteurs viennent voir ?
- Zolan. Tu vois qui c'est ?
Le garde hocha la tête avec un ricanement.
- Un peu que je vois. Une vraie teigne celui-là, comme la plupart des assassins. Il effrayait tellement les autres qu'on l'a placé tout au fond du couloir, seul. Je ne sais pas pourquoi vous voulez lui parler mais ça ne sera pas une partie de plaisir. On a beau l'asticoter de temps à autre, on n'en tire rien.
Aymeric serra les dents. Il avait prévu que la visite serait éprouvante mais, d'après les dires du garde, il ne s'était pas imaginé à quel point. Il veilla à ce que sa capuche couvre bien sa tête cornue avant de suivre le garde qui brandissait sa torche à bout de bras. Il évita de regarder vers les cellules, où il distinguait des ombres qui remuaient. Peu à peu, des murmures et des rires s'élevèrent sur leur passage.
- Ça faisait longtemps qu'on avait pas eu de visite dans ce trou ! Hé, il y a une donzelle avec eux, une petite bossue ! Mignonne, viens un peu par-là ! Ça fait des années que j'ai pas serré un joli brin de femme contre moi !
- Ta gueule Orcel ou je te crève ! hurla un prisonnier.
- Je veux juste croquer un morceau de la bonne femme bossue, je suis pas un difficile ! Reviens donzelle, reviens ! Je vais te montrer ce que c'est, un vrai homme !
Ourania se réfugia près d'Aymeric et d'Hydronoé, aussi répugnée que ses frères d'armes. Ils progressèrent dans les profondeurs du donjon en écopant de florilèges d'insultes, d'invitations douteuses et de menaces de mort.
- Je ne regrette pas l'époque où j'officiais ici, soupira Welson.
- Ils sont infernaux dès qu'il y a de nouvelles têtes, expliqua le garde qui les guidait. Ils essaient de faire mauvaise impression, c'est plus fort qu'eux. Le reste du temps ils ne parlent pas tant que ça. Voilà, nous arrivons vers la cellule de Zolan. Je serais à côté si besoin est. N'hésitez pas à m'appeler au moindre problème.
Aymeric acquiesça et avança vers la dernière cellule. Une torche plantée dans le mur éclairait les environs de façon diffuse, dont l'intérieur de la petite cellule au confort inexistant. Zolan était tel que dans son souvenir, en plus pâle et plus maigre. Il arborait toujours ce rictus arrogant et moqueur, malgré les fers attachés à ses pieds et reliés au mur par des chaînes. Il n'avait pas fière allure avec ses vêtements crasseux et déchirés mais son visage affichait toujours la même fierté.
- Tiens, un visiteur. Si vous êtes envoyez par le roi, sachez que je ne parlerais pas. Vous n'avez pas retenu la leçon depuis le temps ? La prochaine fois, apportez des couteaux ou des tenailles. C'est bien plus persuasif que des mots.
- Tu n'as pas changé Zolan.
L'assassin se figea et son sourire vacilla une fraction de seconde. Puis il reprit contenance et s'écria avec un enthousiasme forcé :
- Aymeric ! Je croyais que tu m'avais oublié !
- J'aurais préféré.
- Que me vaut le plaisir ? Tu ne viens sans doute pas pour t'enquérir de ma santé. Alors quoi ? C'est ton roi adoré qui t'envoie pour m'extirper des informations ?
- Dis-moi où se trouve le dragon rouge.
La belle assurance de l'assassin se mua en surprise. Pourtant il demanda d'un ton badin, celui de quelqu'un habitué à mentir :
- Qui ça ?
Aymeric n'avait pas la patience pour jouer à ce petit jeu. Il s'avança et rugit :
- Où est le dragon rouge, le chef de la ligue des assassins ?! Je ne te poserais pas la question une deuxième fois Zolan alors répond vite !
- Sinon quoi ? Tu vas supplier le roi de m'exécuter ? Fais-le, ça ne me dérange pas. Je préfère crever que de passer le restant de mes jours ici, entouré de cinglés.
Parle pour toi, songea Aymeric. Zolan marcha jusqu'aux barreaux et plissa ses yeux de chat pour mieux percer l'obscurité :
- Tu te la joues grand seigneur en te cachant sous une cape maintenant ? A moins que tu ne sois devenu lépreux. J'ai entendu dire qu'une épidémie tuait tout le monde à la surface.
Aymeric grinça des dents et enleva sa cape d'un geste agacé. Zolan recula d'un pas, les yeux exorbités.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Croupir dans un cachot rend ta vue mauvaise ? Il s'agit d'ailes et de cornes mais là n'est pas la question. J'ai besoin d'informations sur ton chef Zolan : c'est vital pour moi.
- Je me contrefiche de ce qui est vital pour toi Aymeric. Mais par simple curiosité : pourquoi est-ce que tu tiens à retrouver notre grand patron ?
- Il a enlevé Lysange, avoua Aymeric d'un ton plein de colère.
- Ce n'est que ça ? Dans ce cas console toi : tu trouveras une autre greluche pour la remplacer.
Le demi-dieu serra les poings, fou de rage. Zolan s'adossa de nouveau aux barreaux et lança en examinant ses ongles :
- Avant que tu entres dans une colère noire qui ne résoudra nullement ton petit problème, j'ai peut-être un marché qui t'intéresserait. Je veux bien te dire tout ce que je sais si tu me rends un tout petit service en échange.
Aymeric pinça les lèvres. Il sentait venir le piège mais avait-il le choix ? S'il refusait, Zolan se murerait dans le silence et il ne saurait jamais rien à propos du dragon rouge. Il pouvait laisser l'assassin moisir dans sa cellule et capturer un autre meurtrier au service du dragon rouge mais combien de temps est-ce que cela lui prendrait ? Il demanda dans un filet de voix :
- Lequel ?
- Je veux que tu m'obtiennes une lettre de remise en liberté.
Aymeric pensa qu'il avait mal entendu. Une lettre de remise en liberté ? Zolan le prenait vraiment pour un idiot ! Et s'il s'agissait du seul moyen dont il disposait pour sauver Lysange ? Est-ce qu'il pouvait refuser après plus d'un an et demi de recherches infructueuses ? Si jamais il refusait l'offre de Zolan, il se priverait de sa seule piste pour rejoindre sa compagne. Seulement il ne pouvait pas entrer dans le jeu de l'assassin selon son bon plaisir.
- Ta liberté ne dépend pas de moi. C'est au roi de t'autoriser à quitter ce cachot ou non.
Zolan eut une moue amusée tandis qu'une lueur mauvaise passait dans ses yeux.
- Tu es le petit protégé d'Alaric d'Ondre. Il suffit que tu lui demandes quelque chose pour qu'il te l'offre sur un plateau d'argent. Reviens avec la mise en liberté et je te livrerais mes informations. Sinon tu n'auras rien.
Zolan se rapprocha des barreaux avec un sourire mauvais. Aymeric parvint à maîtriser la colère qui lui brûlait le ventre. Ce ne fut pas le cas d'Ourania, qui attendait jusque-là dans l'ombre en compagnie d'Hydronoé et de Welson. Elle bondit et saisit Zolan par le col. Malgré sa petite taille et sa maigreur, elle demeurait un dragon et sa force surpassait celle d'un humain ordinaire. Elle souleva Zolan comme s'il ne pesait rien. Ce dernier s'agita, les yeux écarquillés de stupeur.
- Dis ce que tu sais où j'appliquerais la méthode des assassins sur toi. Je n'ai pas de couteaux mais je possède des griffes qui se feront un plaisir d'ouvrir ta chair.
- Ourania, repose-le, ordonna Aymeric d'une voix apaisante.
- Non. Il sait où pourrait être ma sœur. Je ne vais pas le laisser se murer dans le silence. Je veux la retrouver, à n'importe quel prix.
- Tu...Tu pourrais...Te salir les mains ? parvint à articuler Zolan. Tu pourrais...tuer...pour elle ?
- Oui, répondit Ourania sans hésiter.
Le sourire mauvais sur le visage de l'assassin se fana. Il dévisagea attentivement la dragonne et cessa même de se débattre.
- Je veux...Autre chose en plus de ma liberté, dit-il avec une expression soudain vicieuse.
- Quoi ? S'enquit Ourania. Eh dehors de la liberté je peux tout te donner.
Elle reposa l'assassin, sans le lâcher. Ce dernier s'approcha jusqu'à se plaquer contre les barreaux, à quelques centimètres de la fille de Windavic.
- Tout ? Vraiment ? insista-t-il.
- Tout, répéta Ourania en hochant la tête.
Aymeric n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. Zolan ne tarderait pas à les rouler dans la farine, il le pressentait et le redoutait. Avant qu'il puisse interrompre cette discussion qui sentait le roussi, Zolan lança :
- Je vais ajouter cette petite mignonne à la liste de mes désirs, en plus de ma liberté bien entendu.
Il passa les doigts hors de sa cellule et caressa la joue d'Ourania avec un clin d'œil vicelard. Le demi-dieu s'apprêtait à repousser Zolan et à sévèrement le tancer quand Ourania déclara d'une neutralité parfaite :
- D'accord.
- Ouri ! s'indigna Hydronoé. Tu ne peux pas te vendre comme une vulgaire marchandise !
- Si. Pour Lysange, je le peux.
Zolan recula d'un pas, extrêmement satisfait.
- Comme j'ai déjà une partie de ma récompense pour mes bons services, je veux bien vous donner la moitié des informations immédiatement.
Aymeric fulminait en silence. Si les barreaux ne l'avaient pas séparé de l'assassin, il se serait rué sur lui pour le frapper. Exiger d'obtenir Ourania comme si elle était une prostituée ! Pourquoi la dragonne venait-elle d'accepter ce marché ?
- Il y a effectivement des rumeurs, affirma Zolan. Certains d'entre nous chuchotent que le dragon sanglant possède des repaires où il se terre pour vivre comme un grand seigneur.
- Des repaires ? Où ça ? demanda Aymeric.
- Les rumeurs sont vagues. On parle de vieux palais loin dans le territoire, en bord de mer ou encore de villa dans la capitale d'Hangaï, ceinte par une haute muraille.
- Rien de plus ? insista le demi-dieu.
- Pas vraiment. Je n'ai jamais prêté une grande attention à ces rumeurs. Et puis je garde la suite pour plus tard, quand j'aurais la promesse signée du roi pour sortir de prison. Je compte sur toi Aymeric. Comme ça je pourrais profiter de ma liberté et de cette petite merveille.
Il lorgna en direction d'Ourania qui plantant ses yeux jaunes dans ceux de l'assassin sans tressaillir. En revanche Aymeric frémit, de rage et de dégoût. Cet homme n'était définitivement plus le Zolan qu'il connaissait étant enfant. Ils remontèrent à la surface, puis jusqu'au palais. Aymeric ruminait sa rage tandis qu'Ourania marchait gaiement.
- Comment tu peux te réjouir ? se désola Hydronoé.
- Je suis si heureuse d'avoir une chance de retrouver Lysange après tout ce temps !
- Tu as conscience de ce que tu viens de faire ? s'inquiéta Welson.
- Oui et je ne le regrette pas. Si c'est pour Lysange alors ça ne me dérange pas.
- Mais de là à te vendre de cette manière...marmonna Welson.
Ourania ne répondit rien et haussa simplement les épaules. Aymeric laissa ses compagnons pour s'entretenir avec le roi. Comme l'avait prédit Zolan, le monarque lui signa l'autorisation de sortie de l'assassin sans hésitation.
- Il n'ira pas loin, essaya de le rassurer le monarque. Mes soldats garderont un œil sur lui et il retourna en prison dès le premier faux pas.
Aymeric demeura dubitatif. Zolan était trop malin pour se faire attraper la main dans le sac. Il sèmerait les gardes, comme lorsqu'il était petit. Ondre n'avait aucun secret pour lui. Aymeric ne comptait pas le laisser s'en tirer à si bon compte et une idée germa dans son esprit. Le soir même, il retourna dans les prisons, seul cette fois. Zolan terminait de manger un morceau de pain quand il se planta face aux barreaux.
- Te revoilà déjà. Alors, où est mon privilège ?
Le demi-dieu lui tendit la lettre, cachetée par le sceau royal d'Alembras, avec réticence. Zolan l'ouvrit avant de la parcourir des yeux au moins six fois. Il ne croyait pas à sa chance.
- Donne-moi l'autre moitié des informations maintenant.
L'assassin plia sa lettre en soupirant.
- Le palais de verre, lança-t-il. C'est le nom d'une de ses résidences, la plus secrète. On raconte qu'elle se trouve dans le sud du pays, loin après le désert.
- Dans les terres brûlées ? s'étonna Aymeric.
- J'ai entendu dire qu'elles ne se nommaient plus ainsi mais en effet : c'est par là que le dragon sanglant aime s'isoler du reste de l'humanité.
- Est-il possible que ton information soit erronée ?
- Allez savoir, dit Zolan en haussant les épaules. Je n'ai jamais posé un pied là-bas et il ne s'agit que de bruits de couloir. Mais il doit bien y avoir un fond de vérité.
- De qui est-ce que tu l'as entendu ?
- C'est une longue histoire. Un collègue le tenait d'une fille de joie qui a entendu le bras droit du dragon sanglant se vanter de la beauté du palais de verre dans une maison close à Talenza. Les rumeurs racontent aussi que seuls les assassins les plus talentueux sont choisis pour garder cet endroit. C'est tout ce que je sais.
- Alors tu vas venir avec moi, déclara Aymeric avec un sourire froid.

Chevalier dragon, tome 4 : La guerre d'AmarisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant