Cinq ans plus tard...
Omphale joua des coudes dans la foule pour atteindre le devant de ce mur humain. Le brouhaha environnant l'assourdissait, tout comme les parfums, les couleurs...La chaleur accentuait sa sensation de malaise alors que les corps massifs se pressaient autour d'elle et l'étouffaient. Elle soupira de soulagement en émergeant à l'air libre.
Chaque année c'était la même histoire ! Elle accompagnait ses parents à Ondre, où ils participaient à la parade en compagnie des autres gardes d'Alembras. Et comme toujours, Omphale devait se frayer un chemin parmi les badauds amassés pour espérer apercevoir ses parents. C'est le seul jour de l'année où elle les voyait défiler dans leur amure d'apparat, une véritable merveille de métal.
Des hommes et des femmes lui jetèrent des œillades curieuses, sans doute étonnés par sa chevelure d'un blanc éclatant qu'elle relevait en chignon. Ou peut-être qu'ils observaient sa robe, digne de celle d'une dame de la haute noblesse.
Omphale accordait beaucoup d'importance à sa toilette, sauf lorsqu'elle voyageait à cheval avec sa famille. Aujourd'hui elle revêtait un bel habit qui descendait jusqu'à ses chevilles mais qui dégageait ses épaules laiteuses. Ceinturée à la taille, la robe soulignait la finesse de sa taille. Des broderies dorées en formes de rose décoraient son léger décolleté qui ne révélait rien d'indécent. Il s'agissait d'un cadeau de son grand-père, le roi Médéril du Dragon.
Omphale adorait son grand-père. Hélas elle ne le voyait que rarement car son rôle de souverain réclamait tout son temps.
Les vivats de la foule s'accentuèrent : la parade approchait. Omphale sourit lorsque le cliquetis caractéristique des armures résonna. Les premières gardes passèrent et le char qu'occupaient le roi et la reine approcha. Omphale adressa de grands gestes de la main à Alya, qui marchait derrière Byron. Contrairement aux chevaliers-dragons, les autres gardes défilaient à visage découvert et dans une armure d'apparat légère.
Omphale considérait Alya comme sa mentore. C'était une femme intelligente qui savait ce qu'elle voulait et possédait des trésors de connaissances qu'elle partageait sans rien demander en retour. Elle formait un couple harmonieux avec l'oncle d'Omphale, Hydronoé. Ils dînaient souvent à la maison avec leurs trois enfants : les jumeaux, Dalmar et Kendal, et Magnus, le petit dernier. Omphale jouait parfois avec eux, malgré leur écart d'âge.
Elle reporta son attention sur la parade car le clou du spectacle arrivait. Les aînés des chevaliers dragons venaient d'abord. Gordon et Sandor ouvraient le cortège. Elle reconnut son grand-père de cœur à sa cape marron et sa démarche énergique. Il la remarqua et lui adressa un signe de la tête discret. Omphale savait qui se cachait derrière les heaumes, elle pouvait mettre un nom sur les visages dissimulés derrière ces pièces métalliques qui participaient au mystère qui entourait les chevaliers dragons.
Elle guetta surtout le grand homme à la cape bleue. Il dépassait ses compagnons d'arme d'une bonne tête et son armure renforçait sa carrure. Un sourire étira les lèvres d'Omphale. Son père avait fière allure ! Son aura écrasante impressionnait toujours la foule. La petite fille porta ensuite son attention sur sa mère.
Plus fluette et discrète, elle irradiait dans son amure et avançait d'un pas souple. Elle applaudit à leur passage mais ni son père, ni sa mère ne tournèrent la tête vers elle. Ils regardaient droit devant eux, dans leur rôle jusqu'à la fin de la parade. Omphale les admira et une émotion indescriptible s'empara d'elle. Ils dégageaient une puissance magnifique que rien ne pouvait égaler.
Puis elle remarqua le roi et la reine. Elle appréciait le souverain d'Alembras à la fois pour son caractère indulgent et pour sa politique. En revanche la reine...Omphale replongea trois ans en arrière, alors qu'elle lisait au bord de la fontaine, dans la cour pavée. Ses amis, qu'elle considérait comme des frères et sœurs, jouaient autour d'elle pendant que les adultes tenaient une réunion dans le château.
Une nouvelle grave leur était parvenu une heure auparavant, apportée par un cavalier affolé et sa monture aux flancs écumants. Omphale avait laissé traîner une oreille et avait appris que le roi Alaric gardait le lit depuis trois jours, après une faiblesse soudaine. Sa santé déclinait et la reine craignait le pire.
Alors que les petits camarades d'Omphale poursuivaient leurs jeux innocents, inconscients du drame qui se jouait au sein du palais royal d'Ondre, un autre cavalier avait fait son apparition. Omphale avait tout de suite vu qu'il ne s'agissait pas d'un second messager.
Il portait une armure et une épée et chevauchait un étalon noir comme la nuit, une bête parfaitement reposée. Il n'avait pas ralenti pas en pénétrant dans la cour pavée et Omphale se souvenait encore du frisson qui s'était répandu à la surface de son corps. Elle avait fermé son livre alors qu'il fonçait sur l'attroupement d'enfants.
- Dispersez-vous ! avait-elle hurlé.
Ces mots étaient venus seuls, par instinct. Elle entendait si souvent son père les crier à ses compagnons d'armes durant leurs entraînements ! Les enfants, trop jeunes pour réagir sans peur, s'étaient enfuis en criant. La main du cavalier s'était abattue parmi eux pour cueillir sa cible.
Il avait remonté Vivien avant de le placer devant lui et de repartir à bride abattue dans le sens inverse. Omphale s'était lancée à leur poursuite. Elle courrait vite depuis son plus jeune âge et les cris désespérés de Vivien avaient décuplé ses forces. Mais elle n'avait jamais rattrapé le cavalier, qui ne s'était pas échappé si loin qu'elle le craignait.
Lisbeth et Alaman, juchés sur le dos écailleux de leur jumeau respectif sitôt la nouvelle de l'enlèvement de leur fils parvenue à leurs oreilles, l'avaient rattrapé pour récupérer leur précieux fils et interroger cet homme sur ses motivations. Ses révélations avaient enragé Lisbeth.
Les cris de colère de la princesse résonnaient encore dans le crâne d'Omphale. La reine d'Alembras avait envoyé ce cavalier pour qu'il ramène son petit-fils au palais royal et qu'elle puisse le préparer à prendre la succession d'Alaric, comme la loi l'exigeait.
Une longue lutte s'était engagée entre les deux femmes. Après des mois, Lisbeth avait plié. Elle ne pouvait rien contre les lois d'Alembras, ces textes sacrés qui exigeaient qu'un enfant mâle de la lignée royale prenne la succession. Vivien était parti et Lisbeth avait sombré dans une longue dépression. Omphale était allée la voir une seule fois, avec sa mère. La princesse avait perdu du poids et demeurait inerte dans son lit, rien ne la faisait réagir. Depuis, Omphale ne portait pas la reine dans son cœur.
Elle la dévisagea avec froideur tandis qu'elle saluait la foule avec des gestes gracieux, un sourire de circonstance plaqué sur le visage. Derrière le couple royal se tenait Vivien. Il souriait lui aussi, mais plus franchement. Sa bonne humeur se fana lorsque ses yeux noisettes accrochèrent ceux d'Omphale. Est-ce qu'il se souvenait d'elle ?
Probablement pas. Le faste de la vie de palais effaçait bien des souvenirs et Vivien n'avait que cinq ans lors de son départ qu'Omphale préférait qualifier d'enlèvement. Le jeune héritier s'agita du haut de son siège pour ne pas rompre le contact visuel mais Omphale préféra se détourner, le cœur serré.
Elle se fondit dans la foule qui acclamait la famille royale pour gagner une ruelle plus calme, plongée dans l'obscurité. Elle ne craignait pas les ténèbres : elle se déplaçait de nuit dans la forêt autour du château des gardes dès qu'une insomnie la saisissait.
Ses heures de sommeil se raréfiaient avec les années et elle avait besoin d'une marche nocturne pour clarifier ses pensées et retrouver sa sérénité. Ses parents ignoraient ses escapades nocturnes. Du moins sa mère. Son père, avec ses sens affinés, l'entendait peut-être mais ne vendait pas la mèche.
Un mouvement dans le fond de la ruelle attira son attention, accompagné d'un bruissement furtif. Un frisson dévala son échine. Elle avança à pas de loup, plus intriguée qu'effrayée. En temps normal, Zolan l'aurait rappelé à l'ordre. Il l'accompagnait à chaque parade pour garder un œil sur elle, à la demande de son père. Mais cette année, ses parents avaient considéré qu'elle était en âge de se rendre seule à la parade.
Zolan admirait donc le défilé un peu plus bas dans Ondre, entouré par ses cinq enfants adoptifs. Ourania, la tante favorite d'Omphale, ne pouvait pas enfanter. Sa première grossesse s'était soldée par une fausse couche et, après cette épreuve douloureuse, chaque tentative pour concevoir un enfant avait échoué. Loin de se résigner, ils avaient adopté des orphelins qui déambulaient dans les rues les plus crasseuses de la capitale.
Un nouveau bruit feutré attira Omphale toujours plus loin vers le fond de la ruelle. Par réflexe, elle se baissa et tira le poignard hors de la gaine accrochée au niveau de son mollet. Elle ne se déplaçait jamais sans arme. C'était un réflexe qu'elle devait à son père et à sa grand-mère, Praeslia.
L'un comme l'autre lui répétait de toujours conserver un moyen de défense. Omphale évalua la distance entre le fond de la ruelle et la sortie. Si on l'attaquait, elle pourrait se replier rapidement vers la foule et disparaître au milieu des badauds.
Lorsqu'elle atteignit le mur qui marquait le fond de la rue étroite, rien ne l'attendait. Perplexe, elle ne relâcha pas sa garde pour autant. Son instinct lui criait qu'on l'observait. Elle leva lentement la tête et tressaillit malgré ce qu'elle s'attendait à découvrir.
Une silhouette accroupie sur le bord d'un toit ne la quittait pas des yeux. Du moins elle le supposait comme l'inconnu portait une cape dont la capuche rabattue dissimulait ses traits. Elle prit soin de dissimuler son poignard pour ne pas révéler son unique moyen de défense et prendre cet individu par surprise en cas d'attaque.
L'inconnu recula de quelques pas, plus silencieux qu'un chat, et s'effaça de son champ de vision. Elle attendit, perplexe. Il ne s'agissait pas d'un voleur de toute évidence. Ou alors d'un malfrat qui répugnait à dépouiller une gamine.
Omphale ne se faisait pas d'idées : avec son apparence et ses vêtements coûteux, elle était la cible idéale des voleurs de bourse et des kidnappeurs d'enfants nobles. Elle effectuait demi-tour quand une tuile tomba à deux pas d'elle.
Elle sursauta. L'inconnu était de retour au bord du toit et la surplombait de toute sa hauteur. Il lui fit signe de monter. Omphale tâcha de ne pas manifester sa surprise. Elle se confrontait de toute évidence à un dérangé, ou alors à quelqu'un qui la pensait assez bête pour suivre un inconnu juché sur un toit. Elle s'éloigna vers la foule sans lui tourner le dos. L'inconnu sauta au sol et se réceptionna silencieusement, sans un bruit.
Elle constata son erreur alors qu'il se tenait à une distance respectueuse. Elle pensait qu'il s'agissait d'un adulte, trompée par la hauteur et sa posture accroupie. En réalité il s'agissait plutôt d'un adolescent, peut-être même d'un enfant.
Il mesurait à peine un ou deux centimètres de plus qu'elle. Ses épaules larges suggéraient un corps déjà athlétique et il ne portait que du noir, de la tête aux pieds. Impossible de discerner ses traits, même avec toute la bonne volonté du monde.
Elle avança d'un pas, il recula. Perplexe, elle réitéra l'expérience. Plus agile qu'une araignée, l'inconnu grimpa au sommet du mur. L'incohérence de ses actions laissa Omphale perplexe. Elle ne parvenait pas à décrypter son comportement, ce qui l'agaçait passablement. Elle effectua deux pas en direction de la sortie, il bondit du mur pour regagner le sol.
Était-ce un gamin des rues qui se payait sa tête ? Non, la qualité de ses vêtements et sa bonne stature suggérait qu'il mangeait à sa faim et ne manquait pas d'argent. Il l'invita de nouveau à le suivre d'un geste de la main fébrile.
Elle fit non de la tête. Il pencha la sienne sur le côté, comme s'il se questionnait sur la raison de son refus. Il approcha d'un pas et elle ne recula pas, bien décidée à lui tenir tête. Il hésita. Il n'émanait pas de lui une aura de danger imminent. Elle pressentait pourtant qu'il pouvait se montrer dangereux s'il le désirait. Il tendit la main vers Omphale, presque timide.
Jouait-il un rôle ? Tentait-il de l'amadouer ? Elle décida de lui accorder une chance, consciente de sa propre bêtise. Sa curiosité sans fin était l'un de ses grands défauts. Elle avança sa main vers l'inconnu, qui trembla quand leurs doigts se touchèrent.
Il portait des gants mais Omphale sentait les tressaillements qui agitaient son corps entier. Au lieu de l'entraîner sur les toits comme il le désirait au départ, il demeura planté là. Omphale se pencha imperceptiblement. Elle désirait voir qui se cachait sous cette capuche mais sa tentative ne passa pas inaperçue : il baissa la tête.
- Hey petite, qu'est-ce que tu fais là toute seule ? demanda un homme à l'entrée de la ruelle.
Son intervention tira l'encapuchonné de sa torpeur. Il bondit sur le mur, puis au sommet du toit. Il fuyait ! Omphale pesta contre ce maudit intervenant. Sans lui répondre, elle escalada le mur à son tour et bondit sur le toit.
Sa robe l'handicapait un peu et elle la releva pour dégager ses pieds. L'inconnu sauta du toit pour atterrir sur le suivant avec la grâce et la discrétion d'un chat. Deux mètres séparaient pourtant les deux habitations, coupées par une rue large. Omphale hésita. Elle s'entraînait quotidiennement mais elle craignait que son corps d'enfant ne réussisse pas ce saut.
Elle s'élança en repoussant ses appréhensions et bondit en se propulsant de toutes ses forces. Suspendue dans le vide, elle retomba vers le toit voisin comme une pierre. Le bord se rapprochait vite, bien trop vite. Elle heurta les tuiles et glissa vers le vide. Son cœur accéléra tandis que ses jambes s'agitaient à la recherche d'une prise.
La fête se poursuivait en contrebas. Des gens déambulaient dans la rue en chantant et en dansant au son des instruments, inconscients du drame qui se jouait au-dessus de leur tête. Ses doigts glissaient sur les tuiles chauffées par le soleil. Elle mobilisa toute sa volonté pour ne pas lâcher. Elle poussa un cri lorsque ses mains glissèrent et que le vide la happa.
Des mains gantées se refermèrent sur ses poignets. L'inconnu à la cape la tira avec tant de force qu'elle craignit qu'il lui déboîte les épaules. Une fois en sécurité sur le toit, elle inspira profondément pour retrouver son calme. L'inconnu se tenait à nouveau loin d'elle, plus méfiant qu'une bête sauvage. Il s'apprêtait à repartir mais elle s'écria :
- Assez ! Je ne suis pas une acrobate ! Qu'est-ce que vous voulez ?
Il garda le silence et se raidit, sans doute irrité par son ton impérieux. A bout de patience, Omphale brandit sa dague entre eux.
- Répondez-moi !
L'inconnu l'attaqua à la vitesse de la foudre. Il attrapa son poignet et le tordit avant qu'elle puisse lever le petit doigt. Elle poussa un couinement de douleur et lâcha sa lame malgré elle. Il la ramassa et l'examina avec un réel intérêt.
Omphale pinça les lèvres pour éviter de lui réclamer son bien avec une voix de fausset tout bonnement pitoyable. Plongé dans l'observation de l'arme, il ne faisait plus attention à elle : c'était le moment ou jamais.
Elle plongea sur lui en évitant soigneusement de se placer dans la trajectoire du poignard et lui retira sa capuche d'un geste sec. Il cria pour la première fois et se débattit pour couvrir ses traits.
Omphale en vit assez pour se pétrifier sur place. C'était impossible ! Le garçon remit sa capuche et s'enfuit en sautant de toit en toit.
- Attend ! cria Omphale. Reviens !
Il suspendit sa course une fraction de seconde avant de s'éloigner pour de bon. Omphale se laissa tomber sur les tuiles, le ventre noué et le cœur tambourinant. C'était surréaliste...Son regard s'attarda à l'endroit où l'inconnu avait disparu.
Est-ce que c'était possible ? Le découvrir là, par un hasard total ? Les possibilités étaient infimes ! Infimes mais pas impossibles. Elle descendit de son perchoir avec toutes les difficultés du monde, la tête perdue dans ses pensées.
Elle déambula dans les rues de la capitale en guettant les toits. Elle retenait son souffle au moindre mouvement furtif dans l'ombre. Une grosse main se posa sur son épaule et elle sursauta en retenant un cri.
- Omphale, tu étais là ! Tes parents te cherchent partout, ils se font un sang d'encre !
La grosse voix de Gordon la ramena dans la réalité. Elle suffoquait : la chaleur, le brouhaha, toute cette vie qui la cernait sans lui laisser le temps de reprendre son souffle...
- Ça va ma puce ?
- Oui. Je suis restée un peu trop longtemps au soleil, j'ai besoin d'un verre d'eau.
Il la guida jusqu'à l'auberge la plus proche et commanda un verre de jus de pomme qu'elle but à l'extérieur. Ses mains tremblaient autour de son verre, elle avait chaud et froid à la fois.
- Où est-ce que tu t'amusais ? Ton père était si inquiet de ne pas te trouver après la parade qu'il voulait lancer les gardes royaux à tes trousses.
- Désolée, je me promenais et j'ai perdu la notion du temps, mentit-elle.
Pourquoi racontait-elle des bobards ? Surtout à Gordon ! Elle lui faisait confiance, autant qu'à ses parents. Une fois désaltérée, il la ramena d'ailleurs vers eux. Ils grignotaient des brochettes de fruits couvertes de caramel devant un des nombreux marchands ambulants qui envahissaient la capitale lors de la parade. Son père, colossal même sans son armure, demanda d'une voix calme et autoritaire à la fois :
- Où est-ce que tu étais Omphale ?
Elle envisagea de lui dire la vérité mais elle se tut. Elle ne comprenait pas pourquoi. Au fond, elle avait peur de se tromper, de lancer sa famille sur une fausse piste, de leur apporter des espoirs vains...Elle-même n'était sûre de rien. Et peut-être qu'elle ne saurait jamais car elle l'avait laissé lui filer entre les doigts.
- Omphale, tu vas bien ? s'inquiéta sa mère en la prenant dans ses bras. Tu n'as pas bonne mine.
Elle inspira profondément et se blottit contre sa mère pour puiser du réconfort et de la force dans sa présence tendre et sécurisante.
- Il fait un peu trop chaud aujourd'hui, se contenta-t-elle de marmonner.
Elle vécut cette journée festive dans un état second. Elle n'avait même pas envie de s'amuser avec les autres enfants, encore plus que d'ordinaire. Elle regagna la chambre qu'elle occupait dans le palais royal, juste à côté de celle de ses parents.
Elle fit un brin de toilette rapide, enfila une chemise de nuit confortable mais oublia complètement de peigner sa chevelure couleur de neige. Elle dormit sans se recouvrir de l'épaisse couette en plume : elle mourrait de chaud. Elle ressassa sa rencontre sur les toits de la capitale, sans parvenir à sombrer dans le sommeil.
Un courant d'air la fit frémir au milieu de la nuit. Elle se redressa en grommelant, persuadée que les fenêtres étaient fermées avant qu'elle se mette au lit. Elle étouffa un cri en plaquant la main sur sa bouche car une silhouette noire se tenait debout dans la pièce, de l'autre côté du lit.
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Chevalier dragon, tome 4 : La guerre d'Amaris
FantasiDepuis la disparition de Lysange, Aymeric n'a qu'une idée en tête : la retrouver. Cela l'amènera à coopérer avec une vieille connaissance afin d'infiltrer le repaire du dragon rouge et sauver sa compagne. Cependant le temps presse et la fin du monde...