Willow somnolait lorsque Freya revint. Elle lui apporta une part de viande de renne, grillée à la surface mais saignante au cœur, accompagnée par ce qui ressemblait à des algues bouillies. Il mangea tandis qu'elle se tenait assise face à lui, les jambes repliées sous elle, les yeux rivés sur sa personne jusqu'à ce qu'il termine de se sustenter.
- Merci pour ce repas, dit-il en déposant son bol vide dans un coin.
- Ma mère commence à soupçonner quelque chose, répliqua Freya. Elle se demande où je disparais chaque fois que tu viens, pourquoi est-ce que je me donne la peine de t'apporter à manger alors que je suis une prêtresse.
- Ça t'effraie ?
Freya secoua la tête.
- Je suis une prêtresse de Libraca. Nous sommes les femmes les plus importantes de la tribu, après notre cheffe. Je suis aussi une des meilleures guerrières du clan, même si certaines femmes me surpassent : on m'interdit peu de choses. Personne ne me punira si on nous surprend. C'est pour toi que j'ai peur. Tu es peut-être le jumeau du dieu endormi et le sang de Praeslia coule dans tes veines mais cela n'empêchera pas les Valseryes de te châtier. Tu restes un homme.
- J'ai toujours rêvé d'affronter une Valserye, lui confia Willow.
- Une, oui. Mais un clan entier, je ne pense pas.
- Qui sait ? J'aime les défis.
Son sang bouillonnait à la simple idée que les guerrières enragées du nord l'encerclent pour se confronter à lui. Mille stratégies s'établirent dans son esprit pour les vaincre. Il n'y parviendrait sans doute que dans ses rêves les plus fous mais la perspective d'en vaincre ne serait-ce qu'une seule l'emplissait d'une excitation toute guerrière.
- Il n'y a qu'un homme pour parler ainsi, soupira la jeune prêtresse.
Elle s'installa à califourchon sur lui et entoura son bassin de ses jambes fines.
- Willow, murmura-t-elle en encadrant son visage de ses mains.
L'intensité avec laquelle elle prononça son prénom le hérissa d'une délicieuse chair de poule.
- Willow, répéta-t-elle.
- Oui ?
- Est-ce que tu peux chanter pour moi ?
- Tout ce que tu voudras, répondit-il en l'embrassant dans le cou. Mon cœur est avec la voix du nord ce soir.
Il l'aima comme s'il s'agissait de la dernière fois. En y réfléchissant bien, elle serait sans doute la dernière. Il regagnerait la forteresse dès le lendemain pour se confronter à son destin. Ils ne se reverraient pas.
Ils s'endormirent pressés l'un contre l'autre, les jambes entremêlées sous l'épaisse couverture. Il ne la sentit pas se dégager de lui pour partir sur la pointe des pieds, pas plus qu'il n'entendit Aurélius revenir au milieu de la nuit. Il se réveilla en sachant qu'elle ne se reposait plus à ses côtés. Il s'habilla en silence pour ne pas réveiller Aurélius et osa jeter un regard à l'extérieur. Le regard furibond d'une garde le dissuada de poser un orteil dehors.
L'heure du départ lui arracha un profond soupir. Il ressentit pour la première fois une véritable vague de tristesse mêlée de déception à l'idée de s'en aller. Freya se détachait nettement au milieu des Valseryes, rayonnante dans sa robe blanche, les cheveux au vent. Une ride soucieuse barrait son front mais ses magnifiques yeux émeraude brûlaient de détermination alors qu'elle observait les moindres gestes de Willow.
Sa mère aussi toisait Willow avec une hostilité palpable. Il l'ignora car il n'avait d'yeux que pour sa fille. Il essaya de lui communiquer toute l'étendue de son affection par un regard. Hydronoé décolla et Aurélius étendaient les ailes pour l'imiter lorsque la jeune prêtresse fendit la foule.
- Willow ! s'exclama-t-elle en escaladant la selle du dragon d'or avec aisance. Ne pars pas sans ça.
Elle pressa ses lèvres contre les siennes, provoquant une vague d'exclamations choquées.
- N'oublie pas la voix du nord, lui glissa-t-elle.
- Elle est gravée dans ma chair et dans mon cœur. Elle m'accompagnera jusqu'au domaine des morts et je serais encore capable de t'entendre de là-bas. N'arrête jamais de chanter pour moi.
Ils s'embrassèrent avec une douceur au goût d'adieu. Freya regagna le sol enneigé et recula pour ne pas gêner le décollage du dragon d'or. Willow grava une dernière fois son visage à l'air indompté dans sa mémoire, avant qu'Aurélius gagne le ciel et le sépare de Freya.** *
Perchée en haut des remparts, Omphale levait le visage vers le ciel. Ce matin il était d'un gris malsain et épais, un gris qui n'augurait rien de bon. Dès leur retour à la forteresse d'Amaris, la météo s'était détériorée. En bas, dans la cour, les soldats s'agitaient comme des fourmis. Ils s'entraînaient sans relâche, avec une énergie proche du désespoir.
Il régnait une odeur de fin du monde qui imprégnait peu à peu le monde entier. La rumeur grondait déjà partout sur Amaris, jusque dans les contrées les plus reculées. Omphale admira les étendards flambants neufs accrochés de chaque côté de la forteresse.
Le symbole des champions entourés par le sort de protection des treize espoirs se détachait en fil d'or du fond argenté. La guerre approchait mais quelqu'un dans ce monde en perdition avait trouvé le temps de réaliser cette commande, une pure coquetterie aux yeux d'Omphale.
L'armée commune d'Amaris avait-elle besoin d'un étendard ? Sans doute pour rassurer les troupes et leur redonner le moral mais, au-delà de ça, l'utilité était moindre. Ce qui motivait réellement les soldats en ce moment, c'étaient les paris. Depuis l'annonce de ce que la jeune femme surnommait « la prophétie seconde du nom », des pièces circulaient à propos de qui serait élu champion et par quel dieu.
« Les cœurs des dieux, confiés aux champions mortels, sauveront les sacrifices de la colère des divinités primordiales. ». Cette simple ligne enflammait les cœurs et suffisait à ce que chacun regagne un peu d'espoir, assez pour se lancer dans des jeux d'argent. Un pari se détachait du lot car il s'agissait d'une certitude plus que d'une spéculation : Aymeric Clarence deviendrait le champion de Praeslia.
La jeune femme surprenait souvent son père en train de scruter sa main avec un petit air angoissé. Ils ignoraient encore ce que la prophétie seconde du nom entendait par « les cœurs des dieux » mais les champions joueraient leur vie en première ligne et tout le monde en était conscient. Ce qui devait se produire arriva.
Un matin où elle déjeunait avec Willow, Aurélius, Nerva, Kalam et Liorah dans la salle des repas remplie de soldats prêts à s'entraîner mais encore dans les vapes, son père pénétra dans la pièce d'un pas nerveux.
- C'est arrivé, dit-il en brandissant sa main droite.
Sur le dos de celle-ci brillait un symbole qui ressemblait à une tête de dragon, rouge sombre. La couleur de la déesse de la guerre. Les dernières traces de sommeil désertèrent les traits des soldats. Après un émerveillement éphémère, l'argent circula sous les tables, pour le bonheur des uns et le malheur des autres. Ce à quoi personne ne s'attendait, c'est que Lysange arrive derrière son mari et déclare d'une voix vibrante de détermination :
- Moi aussi.
La surprise d'Omphale l'empêcha d'avaler le pain qu'elle mâchait avec application depuis une bonne minute. Le symbole des champions des dieux se détachait sur la peau claire de sa mère, vert foncé. La couleur d'Hoforymis, dieu des végétaux et des cultures. Cette fois, personne n'avait parié là-dessus. Zacharie fut le troisième champion à se manifester, élu par Bouklipon. Omphale crut que Nerva allait tourner de l'œil.
Ils n'étaient pas au bout de leur surprise car il s'avéra que Gordon et Hermas avaient eux aussi été choisi. Le premier par Agradios et le second par Aquibos. Alors que la concentration de champions des dieux dans la forteresse frôlait l'indécence et que les parieurs s'affolaient à cause de l'argent en circulation, les deux derniers champions au sein de la forteresse de manifestèrent.
Alya, fidèle à elle-même, était excitée comme une puce que Libraca ait porté son attention sur elle malgré le danger auquel elle s'exposerait dans un futur proche. En revanche Zolan tirait une tête de six pieds de long et peinait à comprendre pourquoi Contraïnon, le dieu de la justice, avait jeté son dévolu sur lui.
- J'ai assassiné des dizaines de personnes, où est-ce que Contraïnon voit de la justice là-dedans ? râla-t-il. Il a un sens de l'humour plutôt douteux si vous voulez mon avis.
Partout dans la forteresse, on regardait les champions du panthéon comme s'ils incarnaient les dieux en personne. Ils représentaient un nouvel espoir, une première ligne de défense contre Phosphoméra et Noximence. Les derniers élus convergèrent vers eux dans les jours suivants.
Le roi d'Ondre arriva le premier, la main marquée d'un symbole rouge, orange et jaune lié à Ignaïré. Lisbeth faillit s'étrangler d'indignation et s'exclama :
- Vous êtes trop vieux pour combattre père ! Est-ce que vous avez pensé à mère, à Vivien ou à moi ? Nous ne voulons pas vous ensevelir alors qu'il vous reste de belles années à vivre !
- Ce n'est pas ma décision Lisbeth. Ne t'inquiète pas trop pour moi : si jamais il m'arrive quoique ce soit, Vivien montera sur le trône.
- Il est encore trop jeune pour porter ce fardeau ! s'indigna la princesse.
- Ne parlons plus de ça. Je respire encore donc ne m'enterre pas trop vite. J'ai besoin de ton soutien pour la bataille à venir.
Lisbeth céda à la requête du roi d'Ondre mais conserva une expression sombre. Le roi de Talenza et son général se présentèrent les derniers. Le souverain était le champion de Gaïara et son bras droit celui de Windavic.
Omphale songea que le destin, ou les dieux, possédaient un drôle de sens de l'humour. Ils avaient rassemblé des êtres qui se connaissaient tous d'une manière ou d'une autre, dont les chemins s'étaient déjà croisés et se rejoignaient pour un grand final. Plusieurs routes mais une seule destination...
- Je n'aime pas savoir que mon père va affronter les démiurges, se plaignit Nerva un soir.
Ils s'étaient réunis dans la chambre de Willow pour se détendre autour d'une partie de carte. Meng Yi et Umbriel s'étaient joints à leur petite troupe. La jumelle de Nerva jouait comme si sa vie en dépendait tandis que son frère d'âme s'isolait dans un coin de la pièce pour écrire des vers solitaires sur un morceau de papier.
- Il reviendra s'il lui arrive malheur, grâce à son jumelage avec Gébald. Ce qui n'est pas le cas d'autres champions, fit très justement remarquer Willow.
- Oui mais tout de même, j'aurais préféré qu'il...
Nerva ne termina pas sa phrase. Ses traits se détendirent pour former une expression impassible sur son visage et un voile d'un blanc laiteux se déposa sur ses yeux. Liorah eut une réaction similaire, à l'instar de Meng Yi et Umbriel. Mais dans le cas de ces deux derniers, leurs yeux étaient entièrement noirs.
Ils se levèrent avec une synchronisation effroyable pour se diriger vers la porte de la chambre. Kalam ceintura Nerva avec une vivacité stupéfiante et lui murmura :
- Il faut te réveiller Nerva, ne recommence pas. Tu vas te mettre en danger. Je sais que tu peux m'entendre, reviens !
Son compagnon ne réagit pas et se débattit pour accéder à la porte. Nerva leur avait touché un mot à propos de ses crises qui touchaient aussi Meng Yi, Liorah et Umbriel. Les voir en subir une avait quelque chose de fascinant et de terrifiant. Quelle volonté les commandait et les forçait à agir sans qu'ils s'aperçoivent de rien, privés de leur libre arbitre ?
Willow soupira et s'adossa à la porte avant que leurs amis absents aient la bonne idée de se perdre dans les couloirs de la forteresse et de se réveiller à l'autre bout du continent.
- Personne ne va nulle part.
La main de Meng Yi fondit vers sa gorge. Il l'éloigna d'un mouvement du bras, surpris. Liorah et Umbriel essayèrent de l'écarter par la force mais il les repoussa. Seul Nerva demeurait en retrait, comme hésitant. Un léger tremblement agitait ses épaules. Kalam glissa sa main dans la sienne et chuchota :
- Nerva, bats-toi. Je sais que tu m'entends, que tu peux te réveiller. Reviens avec moi, écoute ma voix.
Omphale prêta main forte à son jumeau en compagnie d'Aurélius car Meng Yi devenait véritablement enragée. Elle montrait les dents en criant et tentait pas tous les moyens de déloger Willow de devant la porte. Son jumeau soupira et marmonna :
- Aux grands maux les grands remèdes.
Sa main fusa dans l'air et s'écrasa sur la joue de Meng Yi. La jeune femme tituba sans se départir de son air inexpressif puis elle repartit à l'assaut, nullement intimidée. Willow pesta. Aurélius percuta Meng Yi avant qu'elle atteigne son frère d'âme et posa les mains sur les tempes de la sœur de Nerva.
Elle se détendit aussitôt et ferma les yeux, comme plongée dans un profond sommeil. Umbriel s'écroula en même temps qu'elle, la respiration calme. Le dragon d'or fit subir le même traitement à Liorah et Nerva s'effondra dans les bras de Kalam.
- C'est donc à ça que ressemble une de ses fameuses absences ? s'enquit Willow. Pourquoi est-ce qu'ils voulaient sortir à ce point ?
- Peut-être qu'il se passe quelque chose dehors, suggéra Kalam.
Ils échangèrent tous des regards avant de se précipiter à l'extérieur en laissant leurs amis endormis derrière eux. Ils émergèrent dans la cour juste à temps pour assister au plus beau spectacle qu'Omphale ait jamais vu. Une trouée dans les nuages noirs laissait entrevoir les étoiles mais aussi un long ruban de lumière bleu, vert et rose.
- Une aurore boréale ? s'étonna-t-elle. Sur cette partie du continent ?
- Regardez ! s'exclama Willow en pointant le centre de la cour.
Les champions des dieux se tenaient là, le visage levé vers le ciel. Omphale se plongea dans l'ombre d'un rempart pour ne pas être repérée et se faufila jusqu'à eux, suivie par Willow, Aurélius et Kalam. Elle se concentra sur les yeux des futurs élus. Ils étaient normaux, avec des iris et des pupilles ordinaires.
Un picotement sur sa nuque lui indiqua qu'elle assistait à un événement de la première importance. Le premier dragon à fendre le ciel était d'un rouge intense, de la couleur des flammes et de deux fois la taille d'un dragon adulte. Sous son long cou pulsait une lueur jaune presque vivante.
- Ignaïré, souffla Omphale avec émerveillement.
C'est la première fois qu'elle admirait un dieu sous sa véritable apparence. Les représentants du panthéon descendirent de la trouée lumineuse comme venus d'un autre monde. Leur présence remplissait l'air et donnait envie de ployer les genoux face à tant de puissance. Un sourire naquit sur le visage de la jeune femme lorsque Praeslia émergea à son tour.
Elle voyait enfin sa grand-mère sous sa véritable apparence. Sensiblement plus grande que les autres dieux, ses yeux glacés aux pupilles reptiliennes ne quittaient pas son fils, droit et fier face à elle. Un silence solennel planait entre les dieux et leurs champions.
Chaque divinité tendit sa patte droite devant l'humain qui combattrait à ses côtés et l'ouvrit. Omphale perçut le pouvoir brut de ce qu'ils cachaient jusque-là. Ses bras se hérissèrent de chair de poule. Un dragon gris pâle avec des cornes presque inexistantes et des yeux gris translucides dit d'un timbre étonnamment doux pour un être aussi massif :
- Champions, voici un morceau de notre cœur. Seule notre puissance est capable de blesser les démiurges mais nous ne pouvons pas nous rebeller contre nos géniteurs et attaquer de front. Comme durant l'ère des premiers Hommes, nous avons besoin de champions pour combattre avec nous et en notre nom. Si vous acceptez le rôle que nous attendons de vous, mêlez votre sang à notre cœur. Si vous refusez, nous choisirons un autre champion pour vous remplacer.
Tous les élus levèrent un poignard qu'ils tenaient dans la main gauche et qu'Omphale n'avait pas vu jusque-là. Ils s'entaillèrent tous la paume de la main, le regard brûlant de détermination. Le sang goutta sur les fragments de cœur divin, plus brillants que des étoiles. Il glissa en traînées écarlates sur la surface avant d'être aspiré.
- Le pacte est scellé, conclut un dragon noir et blanc aux yeux fermés, dressé face à Zolan.
- Et maintenant ? osa les questionner Aymeric.
Praeslia répondit avec le plus grand des sérieux :
- Vous ne pourrez pas utiliser l'énergie contenue dans nos cœurs à l'état brut. Il reste peu de temps mais je peux forger des armes capables de contenir notre puissance sans que le métal se fende. Il n'existe qu'un minerai au monde capable de résister et il se trouve au royaume des Dragons. Tu dois le connaître, c'est avec lui que la lignée royale fabrique les médaillons en forme de dragon pour chaque nouveau-né.
- Comme celui que je possédais...
Le déesse de la guerre hocha sa tête rouge sombre, une lueur de fierté dans les yeux. A partir de ce moment, la tension retomba dans le cercle des humains. Le rituel avait été accompli, un autre pas vers la fin du monde s'accomplissait. Omphale songea à leurs amis, endormis dans la forteresse. Que ce serait-il passé s'ils étaient parvenus à quitter la chambre ? Seraient-ils venus troubler le rituel, l'empêcher de se concrétiser ?
Omphale s'apprêtait à tourner les talons lorsqu'une question de sa mère à Hoforymis l'interpella :
- Pourquoi m'avoir choisi ? Nous n'avons aucun lien et je sais, sans vouloir vous offenser, que vous avez des enfants mortels à Amaris.
Le dieu sylvestre, d'un beau vert feuille, pencha la tête sur le côté avec un certain amusement.
- Les mortels oublient vite mais pas les dieux. Les Sylphes ont plus en commun avec notre panthéon qu'ils veulent bien le croire. Vous êtes un peuple fier mais vous avez oublié vos origines. Cela remonte à des centaines d'années, lorsque vous n'étiez encore qu'un clan nomade. Les autres ethnies vous persécutaient à cause de votre différence. Les Sylphes mourraient par dizaines, ils ne parvenaient à se cacher nulle part. Ils étaient au bord de l'extinction. Et un jour, un jeune homme a été tué entre les racines d'un arbre qui m'était consacré et sur lequel je veillais comme s'il était la prunelle de mes yeux. La façon dont on l'a tué...Elle était si atroce que je me souviens encore des moindres détails. Alors qu'il rendait son dernier souffle, au lieu de réclamer vengeance et de craindre la mort, ce jeune Sylphe a supplié qu'on aide son peuple à trouver un refuge. Je suis peut-être un dieu mais je ne suis pas insensible. J'ai exaucé son vœu et j'ai créé la plus grande œuvre de toute mon existence : l'arbre sacré des Sylphes, celui qui vous protège aujourd'hui encore. J'ai guidé votre peuple jusqu'à lui, au sommet d'une montagne où personne ne viendrait plus jamais les tyranniser. Le reste du monde a fini par oublier l'existence de ce peuple aux cheveux blancs et les Sylphes le nom de leur bienfaiteur. Mais ainsi est la mémoire des mortels. Ton appartenance aux Sylphes et ton désir de paix font de toi un être digne de mon soutien et de ma puissance, Lysange Storm.
- Il n'y a pas de hasard, nos choix sont motivés par des décisions logiques, ajouta le dragon noir et blanc. Nous n'accordons pas nos pouvoirs à n'importe qui.
Il appuya la fin de sa phrase en penchant sa grande tête ornée de cornes majestueuses qui rappelaient celles des cerfs vers Zolan, puis il s'envola avec majesté. Ses frères et sœurs divins l'imitèrent après quelques mots glissés à leur champion. Praeslia fut la dernière à regagner le ciel. Omphale jura que ses yeux de glace dévièrent une fraction de seconde vers leur cachette, remplis d'un feu guerrier annonciateur des troubles à venir.
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Chevalier dragon, tome 4 : La guerre d'Amaris
FantasyDepuis la disparition de Lysange, Aymeric n'a qu'une idée en tête : la retrouver. Cela l'amènera à coopérer avec une vieille connaissance afin d'infiltrer le repaire du dragon rouge et sauver sa compagne. Cependant le temps presse et la fin du monde...