Chapitre 40

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Je suis de mauvais poil, mes cheveux sont indomptables, et des cernes manquent d'avaler mon visage. A part ça, tout va bien.

J'attends devant sa cabane, seule, frigorifiée, et un peu angoissée. Il fait nuit, je suis loin de tout signe de vie. Situation on ne peut plus idéale, si quelqu'un veut mon avis.

Will arrive comme une fleur, un panier à bout de bras. Celui-ci contient toute sorte de plante et de champignons. Qu'est-ce qu'il peut bien fait avec ?

Objectif numéro un : ouvrir les yeux et comprendre le plus de choses possibles.

Il me décroche un sourire affable en posant son matériel sur le sol.

— Bonjour, Emelyne, tu as bien dormi ?

Ah ah ah. La bonne blague.

— Très bien merci et vous ? Rétorqué-je, un brin sarcastique.

Il répond à mon ironie par un clin d'œil complice.

— Pas le temps de se reposer, il faut être à l'heure de la nature. Je te conseil de te coucher plus tôt.

— Mais je dois manger avec tout le monde.

Tout de suite après avoir mangé, je vais me coucher. Je suis aux heures de ma communauté.

— M'as-tu déjà remarqué là-bas ?

En y repensant... non. Jamais. La seule fois où je l'ai vu, c'est à l'Attribution.

— Non.

— Je mange ici, dans ma cabane, très tôt. Je vis en décalage par rapport à vous.

— Mais vous ne devez voir personne.

— C'est vrai, mais ça ne me dérange pas. J'aime bien être seul. Je pense que tu me comprends, n'est-ce pas ?

Ça se voit tant que ça ? Il y a quelque chose sur mon visage qui affirme que le silence peut s'avérer être une bénédiction ?

Je pensais m'être ouverte, avoir dépassé ce stade. C'est vrai. Je ne vois jamais voir les autres, je passe mon temps avec mes amis les plus proches, et encore, sans prendre la décision d'aller les voir la plupart du temps.

Je ne réponds pas, persuadée que c'est inutile. Nier serait idiot.

— Quel est le programme du jour ?

Mes parents ont été enchantés d'apprendre que mon stage se déroule ici. J'avoue que perdue dans la végétation, on ne peut que se retrouver.

— J'avais prévu de te montrer quelque chose. Je crois que je suis le seul à l'avoir découvert.

J'écarquille les yeux. Comment est-ce possible ?

— Pourquoi m'en parler, dans ce cas ?

Il rit de bon cœur.

— A quoi servent les secrets, à part à être perdus ? Je suis vieux, et je pense qu'un lieu comme celui que je vais te faire découvrir ne mérite pas d'être perdu.

Un lieu si beau qu'il devient un vestige oublié du passé.

Une excitation prend racine au plus profond de mon ventre, réchauffe mon cœur, l'affole, étire mon sourire, éclaircit le temps, sépare la nuit pour ne laisser filtrer que le bonheur et la joie dans le ciel.

— Quand y allons nous ?

Il doit être surpris par mon enthousiasme car ses yeux papillonnent un moment, avant que ses lèvres ne s'étendent d'amusement.

— Maintenant.

Nous passons devant l'étrange pancarte. J'ai une envie soudaine de lui demander ce qu'elle signifie, mais je m'abstiens. Le chat bondit sur son maître dans une série de roucoulement adorables. Si je pouvais pelotonner mon visage dans son pelage, je ne la lâcherai plus jamais.

The Alfe Wars [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant