The Alfe Wars [terminée]

Chapitre 44

Ses cheveux châtains sont malmenés par ses doigts qui fourragent dedans.

— Je l'avais découvert... déclare-t-il d'une voix blanche.

Sa pomme d'Adam joue du yo-yo tandis qu'il cherche ses mots. Son regard s'arrime à la chaise dans le salon, sans sembler la voir.

— Je l'ai surprise la première fois sur le balcon de la cabane avec un gars de notre âge. Il était brun, je ne l'avais jamais vu à l'époque. Je me suis approché, mais il ne m'ont pas repéré pour autant. Heureusement. Quand il s'est tourné vers moi, j'ai vu son visage. Ses yeux... Ils étaient noirs comme de l'encre.

Un Alfe de l'Ombre.

Théo esquisse une ébauche de sourire, mais la tristesse réduit ses efforts à néant.

— Ils se sont embrassés.

Quoi ?

— Après ça, il est parti en la laissant seule. Je suis arrivé juste après, choqué. En voyant mon effarement, elle a tout de suite compris. J'ai hurlé qu'elle était folle, qu'elle prenait des risques considérables, que c'était nos ennemis et qu'ils méritaient tous de crever dans d'atroces souffrances. Qu'elle avait embrassé un monstre.

Je n'arrive pas à l'imaginer dire ça.

— Elle ne m'a pas répondu, m'a contourné et a sauté pour rentrer chez elle. Avant qu'elle parte, j'ai vu les larmes dans ses yeux.

« pendant une semaine elle m'a ignoré, alors un soir, je suis venu devant sa porte après le dîner, j'ai toqué, et comme je l'avais espéré, ce n'est pas vos parents qui ont ouverts, mais bien elle. Elle était surprise, mais avant qu'elle ne me claque la porte au nez, je me suis excusé en la suppliant, en lui disant que j'avais peur pour elle, que je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose, mais que je respecterai son choix et que je ne le dirai à personne. Elle m'a pris dans ses bras et m'a emmené dans un endroit secret, un endroit caché où il y a une cascade. Le plus bel endroit que j'ai vu de toute ma vie.

Le lieux – pas si – secret de Will.

— Elle m'a expliqué que... qu'ils n'étaient pas ce que nous pensions. On peut voir où sa naïveté la conduite, ricane-t-il, amer. Ils étaient une sorte de « gardiens » d'après elle. Olivier refusait de l'accepter, et a menacé de les attaquer s'ils osaient poser ne serait qu'un pied dans notre territoire.

— Gardiens de quoi ?

— Je n'en sais rien ! Elle ne m'a expliqué que ça... dit-il, au comble de la frustration.

Alors c'est vrai. Tout ce dont Léanna accusait ma sœur était juste.

Je pensais que Lucas était juste un allumé qui voulait renverser le pouvoir, mais lui aussi disait la vérité.

— Pourquoi alors, depuis tout ce temps, si tu le savais, tu n'as jamais rien dit ? On parle d'Ella comme d'une martyr, mais elle aussi coupable que nos ennemis.

— Parce que j'étais amoureux d'elle, murmure-t-il.

Je me fige.

— Mais pas elle, reprend-t-il.

Il attrape la chaise qu'il fixait tout à l'heure puis s'assoit lourdement dessus. Son visage n'est que morosité et doûtes.

— Tu penses qu'il faut dénoncer Lucas ? m'enquis-je d'un timbre éteint.

— A ce stade, ça ne serre plus à rien.

Théo se relève avant d'enfiler sa veste sombre. Il rabat sa capuche sur son front, si bien que je ne discerne plus ses yeux maussades.