The Alfe Wars [terminée]

Chapitre 45

L'après-midi est passée à une vitesse folle, bien qu'étrange. Il y a cette suite de révélations que je n'arrive pas à réaliser, bien que je sache qu'elles soient réelles.

On a bien avancé sur le projet « bombes de couleurs », mais accepteront-ils mon gadget ? Théo a dit « archer » et moi je veux devenir « bombardier ». La créativité n'a jamais tué personne, non ? Je veux les surprendre. Tous. Les superviseurs autant que mes adversaires.

Je fixe une énième fois mon plafond, songeuse. Je ressasse encore et encore ce moment où Théo m'a déposée a la maison où mes parents n'étaient pas partis manger, trop inquiets de ne pas m'avoir vu revenir. Alors il a prétexter me fournir des explications sur la nuit de la cérémonie de l'Attribution, même si je n'aurai pas rechigner à ce que ce soit réellement le cas. Mes parents ont acquiescé, un peu perturbés par la raison qui m'a retenue et le fait de le voir en ma compagnie.

Le lendemain, une journée similaire à celle de la veille s'écoule d'une lenteur assommante. Un peu plus et on faisait de la marche arrière temporelle. Je me suis amusée à lancer mes grenades de peintures – que j'ai réalisées seule tandis que Will s'occupait de la partie « technique » des opérations – pour un résultat impressionnant. Avec, je projette de la peinture sur une surface de seize pieds sur seize pieds. Je peux toucher une ribambelle d'Attaquants si j'en vois lors de l'Affrontement. Après tout, n'est-ce pas le rôle d'une Espionne ? Être à l'affût, fondue dans l'environnement, sur le qui-vive ? Je suis celle qui va solo dans la forêt, qui doit atteindre le camps ennemis sans me faire toucher. Bon, niveau discrétion, on repassera. Là où Emelyne passe, elle laisse une trace.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour de Stage. Je suis triste de quitter Will si vite. J'ai la conviction qu'il m'a apporté beaucoup, mais que je n'ai pas fini d'apprendre à ses côté. Je me fais la promesse de revenir si j'échoue au Choix. J'ai la certitude depuis longtemps que je serai heureuse quelque soit l'issue de la conscription.

Nous nous sommes donnés rendez-vous – comme d'habitude, à quatre heure du matin – au pied de la grande liane que nous empruntons pour rejoindre son havre de paix. Pour une fois, je suis en avance. Mes mains se tordent d'appréhension. Je vais expérimenter avec de faux adversaires notre armes. Je ne sais pas comment il va s'y prendre, mais j'ai hâte.

— Bonjour, petite, bien dormi ?

Je sursaute. Y aura-t-il un jour où je m'habituerais à ses arrivées furtives ?

— Très bien et vous ?

Je préférerai ne pas lui mentir, mais je ne veux pas qu'il regrette de m'avoir confier toutes ces choses secrètes. S'il me voit comme une fille fragile qui tombe au moindre obstacle, je n'arriverai jamais à tout comprendre. Pourquoi Olivier ne doit-il pas savoir, par exemple ? Pourtant, il n'a pas l'air inquiet que je sois au courant. C'est un mystère.

— C'était une nuit intéressante, élude-t-il.

— Dans quel sens ? questionné-je.

— Dans le sens où cette nuit m'a ouvert l'esprit sur de nouveaux horizons.

Daccoooooord.

— Parfait, je m'exclame, en tapant mes deux mains l'une à l'autre.

Parfois, il ne faut pas aller plus loin. Il n'a pas envie de m'en parler, je respecte.

— Moi je trouve qu'il est un peu tôt pour parler d'horizon, vous trouvez pas ?

Il m'adresse un clin d'œil.

— Il n'est jamais trop tôt pour entrapercevoir de beaux moments.

Waouh. Will a l'âme d'un poète.