Chapitre 42

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 — Donc, pour faire un feu d'artifice, il faut de la poudre noire, du carbone, du souffre et du carburant. Pour donner la couleur, j'ai une recette secrète... dit-il en feuilletant son grimoire fripé d'un air conspirateur.

— Qui est... ? tenté-je en levant les yeux au ciel.

— Inconnue pour toi et tes oreilles indiscrètes.

— Mais je suis discrète !

Bon, pas tant que ça, mais il n'est pas obligé de le savoir.

— Va dire ça à la cabane qui a craqué de partout quand tu as ne serait-ce que posé le pied sur la branche.

Je ris, consternée par sa raillerie mensongère. C'est impossible que la minuscule onde produite par mon corps en mouvement fasse vaciller l'atelier.

— Oui, oui...

Ce matin, l'air que je respire est rempli d'un sentiment persistant. La nuit passée, je n'ai fait qu'inhaler du stress, de la peur, de la paranoïa, de la frustration à profusion, ce qui explique les larges cernes sous mes yeux écarquillés.

— J'imagine le spectacle, soupiré-je, perdue dans mes pensées. La fin de l'Affrontement, les Rouges vainqueurs, et un feu d'artifice qui explose dans le ciel.

La scène serait incroyable.

— Les Rouges... Cette couleur me fait penser à notre très regrettée Madame Rotguerg.

Très regrettée. Hmm... Je ne veux pas offenser un mort, donc je ne vais pas répondre.

— Vous l'aimiez vraiment ?

Oups, je n'ai pas su me taire.

— Moi ? Ouh là, pas du tout... son mode de fonctionnement était très différent du mien, et je ne te parle même pas de notre entente à peine cordiale.

— Tout le monde la déteste.

— Au présent ?

— Pour toujours et à jamais.

Elle m'a fait flipper toute mon enfance, je ne peux pas effacer ça d'un claquement de doigt. Je préfère opter pour la vérité.

— Tu es toujours honnête, ça me fait rire, déclare-t-il, les lèvres étirées en un sourire en coin.

— Pour toujours et à jamais, répété-je, amusée.

Il hoche la tête, avant de replonger dans son manuscrit épais comme mon poing.

— Tu connais l'origine des couleurs données aux équipes ?

— Parque c'était plus stylé que « équipe Une », « Deux », ou même « Trois » ? marmonné-je.

Je ne vois pas l'intérêt de se poser pareille question.

— Pas du tout. Parce que la couleur, c'est ce qui donne son charme à au monde. C'est en voyant les nuances d'un coucher de soleil qu'on s'aperçoit qu'elles existent, qu'en mettant le doigt sur une couleur que celle-ci prend vie, peut déclencher une myriade de souvenirs, d'envie...

— Ce qui nous amène aux équipes ? le coupé-je.

La encore, je ne vois pas le rapport.

— Effectivement. Une couleur est souvent associée à une valeur. Chaque équipe défend sa valeur. Le bleu symbolise la spiritualité, la sérénité, mais aussi la guerre. Le rouge, lui, représente la détermination, la protection mais aussi le feu qui brûle en vous tous, appuie-t-il d'un regard dur. Tu dois te battre pour ces valeurs, les représenter, en être fière. C'est avec tes couleurs que tu vas planter le drapeau de la victoire, pas avec tes belles paroles. Les gens ne se souviendront que de ça, une couleur.

The Alfe Wars [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant