J'ai du mal à me rendre compte que tant de temps ce soit écouler depuis le début du Choix. C'est si long au cœur de l'action, on pourrait croire que nous sommes piéger dans un lieux où le temps se fige, mais éloigné des gens qui rythment ces journées, tout semble plat. Alors, oui, je suis étonnée par la vitesse à laquelle le temps nous file entre les doigts. J'ai l'impression que l'espace d'un battement de paupière, je pourrais me retrouver à des années de maintenant.
Parfois, je rêve du futur, de plein de scénarios possibles. De tous ceux que je pense réalisables, mais quand le moment arrive, rien n'est jamais prévisible. Un moment, une circonstance, tout ne dépend pas de que nous-même. Nous ne sommes qu'en partie responsable de ce qu'il va arriver, le reste ne dépend ni de nos choix personnels, mais des réactions des autres. Chaque petit maillon doit ce qu'il arrive à son intervention. C'est là qu'on se rend compte qu'un effleurement peut s'avérer être une menace de guerre. Un sourire, un cadeau empoisonné. Une amitié, une bombe à retardement.
Je fixe le résidu de lièvre à moitié mangé, dont les côtes jaillissent à même la terre. J'ai de la peine pour lui. Je n'arrive pas à détourner la tête de ce spectacle, pourtant c'était mon boulot de chasser, avant. Un lièvre aura toujours une connotation douce, gentille et mignonne à nos yeux. S'il restait là, les petits du village le trouveront à coup sûr. Je ne veux pas qu'il le voit dans cet état. De la pointe de mes pieds, je pousse le pauvre animal sous le buisson le plus proche, avant de le recouvrir de feuilles.
Ça m'apprendra à me promener au sol et d'éviter les ponts.
Je rajuste ma sacoche de cuir sur mon épaule en lançant un dernier regard désolé à la bête. J'ai pris quelques petits ingrédients au hasard, après avoir demandé à ma mère d'un air malicieux ce qui était nécessaire pour faire des potions. D'un ton conspirateur, elle m'a tendu des herbes, que j'ai acceptées en riant.
J'aime la vie, quand elle arrive, quand un rayon de soleil illumine mon salon, quand je vois le sourire de ma famille malgré les épreuves, quand un fou rire nous prend par surprise devant les inepties de Samuel, quand j'aperçois le regard brûlant de Théo posé sur moi, quand Romain touche ma main, quand Louna et moi sommes seule et pouvons discuter, quand Laura me parle de ses projets, quand j'apprends un fait insolite, quand je vie un moment incroyable... parfois, le beau temps se ternit, se couvre de nuage, mais il revient toujours, malgré les douleurs et la tristesse. Mes sautes d'humeur sont éprouvantes mais je veux bien faire. Je veux m'améliorer. Je sais que je me répète les mêmes choses sans cesse, pour tout en envoyer valser au final. Mais les bonnes intentions sont le principal, je présume.
En cachant ce lièvre, j'aime à croire que j'éviterai le ternissement d'une si belle journée à quelqu'un.
Je marche, détendue, mais des centaines de pensées bouillonnent en moi, me traversent de part en part. En pensant à Théo, je revois ma colère, mon désarroi, ma douleur face à sa décision. Je veux faire des pas en avant, revenir dans le passé si je le pouvais, m'excuser, mais tout ce que je parviens à faire, c'est le fuir, encore et encore. Repousser l'échéance.
Je revois ses yeux durs, emprunts d'une émotion que j'ignore encore à présent, presque suppliants. Je veux être dans ses bras dans l'un de ses éternels câlins quand j'étais plus jeune, tout oublier. Effacer.
Mon nuage vient de se poser sur ma tête. Il me suit désormais. Il est à deux doigts de lâcher sa cargaison de pluie. Il faut penser à quelque chose de positif.
Je passe devant la haie d'hier, ce passage fascinant. Je m'immobilise, incapable de m'empêcher de l'observer. Comment la nature a-t-elle pu créer une chose si géniale ? J'aimerai être un buisson parfois.
Oui, enfin non.
Je passe devant, puis entreprends de monter à la corde avant de m'arrêter devant la porte de Will. Je n'ose pas toquer, alors je reste plantée là. Comme d'habitude, seule la cabane est éclairée. Les troncs sont moussus par-ci par-là, mais cela ne rend l'endroit que d'avantage charmant. Ce lieu est empli d'un mélange de mystère, de magie, d'un je-ne-sais-quoi qui lui confère cette aura fabuleuse.
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The Alfe Wars [terminée]
FantasyAprès la mort de Ella Taylor, tuée par les ennemis de son espèce, les Alfes de l'Ombre, un système a été mis en place : le Choix des Élites. Les adolescents âgés de seize à dix-neuf ans sont conscrits à ce service obligatoire. Le but ? Trouver les...