The Alfe Wars [terminée]

Chapitre 13

La main qui me retient prisonnière est si grande que je n'ose pas me retourner pour savoir à qui elle appartient.

Une fille blonde accompagnée d'un garçon roux apparaissent sur ma droite. A ma gauche, un géant brun sort des fourrées qui peinaient à le recouvrir. Comment avons-nous pu le rater ? C'était... criant.

— Bonjour, vous, raille mon assaillant. Je vois que vous avez réussi à passer la défense, continue-t-il en désignant le ciel. Impressionnant. Malheureusement vous n'irez pas plus loin.

– Pourquoi n'allez-vous pas récupérer les armes au lieu de nous attaquer ?

Ils éclatent de rire sous nos regards interdits.

— Attendez, vous êtes sérieux ? ricane la blonde en reprenant son souffle. Vous avez bien regardé là-haut ? C'est impossible de passer sans se faire prendre en chasse.

— Il y a un truc que je ne comprends pas, osé-je maladroitement. Pourquoi tout le monde ne s'est pas précipité à la réserve ? Ils auraient pu se battre là-bas, au lieu d'en rester à distance.

— Nous sommes plus très loin maintenant, mais je suis sûre que tu sais qu'ils allaient forcément se rencontrer quelque part. Simplement au lieu de se dépêcher, ils ont décidé de se stopper mutuellement. Vous, en revanche, êtes passés entre les mailles du filet. Comme nous. Cependant, on ne peut pas aller plus loin sans se faire attraper, continue Grosse-Paluche. C'est là que vous intervenez !

Oh non. Je me doutais de ce qu'ils allaient dire mais l'entendre c'est autre chose. Mes membres se mettent à trembler sur le coup.

— Vous allez nous servir de bouclier humain, confirme le rouquin.

C'est n'importe quoi !

Je tente de donner un coup de pieds dans un endroit sensible de l'anatomie de l'homme qui me retient prisonnière mais le fait que je sois dos à lui ne joue pas en ma faveur. Il relâche – enfin – ma bouche pour venir me serrer plus fort la mâchoire. Je retiens à peine un gémissement. Mon dos se cambre dangereusement en arrière tandis qu'il me tire vers lui.

Romain n'a pas prononcé un mot, mais il est clair à son regard dur qu'il n'est pas d'accord. Le regard nerveux de Louna se fixe une seconde sur chaque ennemi avant de passer à un autre, comme si elle avait du mal à choisir lequel est le plus dangereux. Heureusement pour nous, Romain est très intelligent, il ne prendra pas de risque inutile maintenant qu'il a tâté le terrain.

— D'accord. Mais relâchez-là !

— Non.

Pourquoi ? Romain est un homme de parole, jamais il ne la trahirait.

— Nous devons être sûrs de votre franchise, reprend le gorille de gauche.

Grosse-Paluche montre du doigt les lianes. Il précise que si par malheur l'ascension ne se déroule pas comme prévu, il me descendrait ou me livrerait. Je pense que descendre chez lui ne veux pas dire tuer mais bien descendre. Me lâcher dans le vide entre-autre.

Heureusement, c'est préférable à l'asphyxie mais je ne suis pas un chat. Cette hauteur me tuerait à coup sûr.

Il commence à remonter après m'avoir jetée comme un sac de pomme sur son épaule. Mes amis suivent le mouvement, aussi que l'on peut l'être quand on tient à une de leurs amies en otage.

Je pensais que c'était juste un exercice, mais ça va bien plus loin. Je ne me doutais pas que ça irait jusque-là.

Les cris augmentent à mesure que la distance diminue avec les combats. Une personne passe au-dessus de nous mais rate la liane qu'elle visait. Elle tombe en chute libre. Je pousse un hurlement mais celle-ci se prend une branche basse en plein ventre. Une autre se précipite pour la relever sans ménagement. J'ai tellement envie de l'aider, mais tout se déroule ainsi dans la forêt. Partout, partout, partout, ce sont les mêmes agissements. De la violence.