Chapitre 26

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— Ça va ? s'inquiète mon meilleur ami.

— Romain, je n'ai pas de mots pour définir ton génie, m'écrie-je en lui sautant dessus pour l'éteindre de nouveaux.

— Ton but, depuis le début, c'était de m'étouffer, hein ? Ce n'est pas de Hanfield dont il faut se méfier, mais de toi ! rit-il.

— Merci, vraiment, tu viens de me rassurer plus que n'importe qui n'aurait su le faire...
Il sourit, une lueur sincère brille dans son regard.

— Em, tu n'as pas besoin de me remercier et puis, de quoi au juste ? De t'offrir des théories ? J'espère quelle s'avéreront justes, mais ce n'est pas de la valeur sûre. N'hésite pas à me dire quand tu as besoin de quoi que ce soit, je serai toujours ravi de t'être utile.

— Merci Romain...

On reste dans les bras de l'autre quelques secondes encore avant de s'écarter. Avec lui, je ne me suis jamais posé de question, j'ai toujours été persuadée d'être amoureuse de Théo, mais c'était un béguin d'enfant, aujourd'hui encore. J'ai peur que ça ait changé, que je le vois autrement. Que mes sentiments aient évolué. Auquel cas, s'il s'avérait que ce n'est pas réciproque, notre relation en pâtirait. J'espère, de tout mon cœur ne pas être éprise de mon meilleur ami. Que ce n'est qu'un moment de doute passager, dû au stress.

Malgré tout cela, malgré toutes mes craintes, mes yeux restent rivés aux siens. Mon corps semble plus lourd que d'habitude, sous le poids des non-dits. Lui avouerai-je un jour ? J'ai peur, qu'il m'embrasse. Ou envie, je ne sais pas. C'est arrivé un fois, il y a bien longtemps, si je me souviens bien. J'espère qu'il va le faire. Son vert est si sombre, si envoûtant, si rassurant. Est-ce qu'il se demande pourquoi je ne m'écarte pas ?

Je ferme les yeux pour essayer de faire abstraction du malaise causé par mes inquiétudes. Romain, inconscient du tourbillon de mes pensées, tel un maëlstrom insondable, continue de me regarder. Je le sens. Comme un rayon de soleil qui viendrait réchauffer la peau de mon dos. C'est rassurant, c'est excitant.

Je me penche imperceptiblement.

DOOOOOOOOOONG !
Dong dong DOOOOOOOOOONG !
Dong, dong dong DOOOOOOOOOONG !

J'ouvre les yeux en entendant le gond. Romain est face à moi, très proche de mon visage. Ses joues sont en feu. On recule d'un même pas précipité. Je panique au son du gond. Ce son, j'ai appris à le détester. La seule et unique fois que je l'ai entendu a été, évidemment, à la mort de ma sœur. Je n'ai pas compris sur le coup la raison de ce coup d'éclat. J'ai vraiment l'impression, en y repensant, que leur but était d'effrayer la population. Mais c'était le seul moyen de la réunir pour l'annoncer. Ce qui me fait très peur pour la suite. Je ne m'appesantis même pas sur le fait que Romain voulait m'embrasser.

Pourquoi y avoir eu recourt ?

J'ai un mauvais pressentiment. Et si ça c'était reprodui sur une autre personne ? Et si Hanfield avait un rapport avec tout cela ? Pire : et s'ils avaient décidé de nous attaquer maintenant ? Après dix années de préparation, c'est plausible. C'est même certain.

Je me précipite vers la sortie en tâtonnant pour me relever, les membres fébriles. On doit se rendre sur la Place, immédiatement. On ne sait pas ce qui s'est passé. J'ai la gorge serrée, comme un étau autour d'une boule qui ne cesse d'enfler. Quand tout cela cessera-t-il ?

— Emelyne, attends-moi !

Romain. Quelle égoïste je fais. J'allais le laisser là, alors qu'il est autant concerné que moi par cette alarme qui présage quelque chose qui aura des répercutions horribles. Je vous en supplie, pas de guerre, on n'est pas prêts...

The Alfe Wars [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant