Chapitre 36

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   Pour la millième fois cette année, je me retrouve prise en étau par des inconnus. Seule différence cette fois-ci ? JE FAIS LA QUEUE EN PLUS.

   Je ne suis absolument pas stressée. Pas du tout.

   — Louna ? hésité-je.

   — Oui ? répond-t-elle en se tournant vers moi, une réelle gentillesse dans son regard vert magnifique.

   — Il se peut que j'ai oublié d'informer mes parents que je me rendrai avec toi ici... éludé-je en tordant mes mains sous le coup de la nervosité.

   — Ils ne vont pas s'inquiéter ? s'enquit-elle en les cherchant du regard parmi la foule affluente.

   — J'espère que non, et qu'ils ne m'attendent pas.

   Elle soupire. Pour une personne qui ne la connaîtrait pas, ce geste signifierait qu'elle est blasée. Pourtant, je sais qu'elle est agacée et inquiète. Tout est atténué chez cette fille. En y repensant, elle est l'exact opposé de Laura, qui n'hésiterait pas à me fustiger devant tout le monde.

   — Em, gémit-elle, on doit faire la queue pour qu'ils nous cochent présents, on n'a pas le temps d'aller voir si tes parents sont encore chez toi.

   Elle a raison. Tenter de rentrer chez moi est un risque pour que je manque l'appel et que je nous fasse tous châtier. Je n'ai plus qu'à espérer qu'ils me connaissent assez bien et qu'ils aient confiance en moi pour comprendre que je suis venue avec Louna.

   — Je sais, dis-je d'une voix blanche. C'est ma faute.

   Louna a pensé à informer ses parents avant de partir, elle. Monica et Ange sont aussi adorables que leur fille. Ils ont accepté volontiers que je me rende à l'annonce avec leur unique enfant.

— Ce n'est pas grave, tu sais ? Dans le pire des cas, s'il y a la moindre représailles, nous iront nous expliquer auprès d'Olivier, qu'en dis-tu ?

— Oui, tu as raison.

La queue s'écoule d'une lenteur affligeante. J'aurai surement eu le temps de faire l'allée retour, mais désormais il est trop tard. Nous sommes sur l'énorme branche du chêne de la Place qui sert de rang. Des lanternes accrochées à intervalle régulier éclairent le passage en le baignant d'une douce lumière qui ne cesse de baisser dans l'obscurité grandissante. La queue diminue petit à petit, jusqu'à que ce soit notre tour.

Un homme imposant, de l'âge de nos parents se dresse devant nous. Ses cheveux blonds lui tombent sur ses épaules couvertes d'une tunique rouge. Toutes les personnes chargées de filtrer les noms semblent porter cette couleur. Je me sens intruse, ayant moi-même revêtu une longue robe rouge dan un tissu fin, dont le bretelles se croisent sur ma poitrine et dans mon dos.

— Votre nom, s-il-vous- plaît.

Une femme à côté de lui est plongée dans sa paperasse.

Louna me fait signe de me présenter.

— Euh... Emelyne Taylor. Avec un « e ».

L'homme hoche la tête tandis que sa collègue s'empresse de soulever des feuilles et cocher une case à mon nom. Elle semble épuisée. Des cernes s'étendent sous ses yeux clairs et ses cheveux sombres s'emmêlent au niveau de sa clavicule.

— Louna Estias, déclare mon amie.

La femme feuillette de nouveaux ses dossiers. L'homme nous fait signe d'avancer mais je secoue la tête.

— Excusez-moi, est-ce que vous pouvez regarder si mes parents sont arrivés, s'il-vous-plaît ?

Il me lance un regard agacé, mais malgré tout, fait signe à sa collègue de s'exécuter. Elle se replonge pêlemêle dans ses affaires. La pauvre.

The Alfe Wars [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant