The Alfe Wars [terminée]

Chapitre 48

La chaleur étouffante collent déjà mes cheveux à ma nuque. Je viens à peine de mettre un pied dehors. On dirait que le temps à décider de suivre le programme pour nous condamner avant l'heure. Pas un souffle d'air pour me rafraîchir, pas une goutte de pluie sur les planches de notre perron.

Pas une âme familière à qui se confier. Pour combien de temps encore ? Les superviseurs n'ont jamais été très explicites là-dessus. Cela pourrait très bien être une semaine comme un mois entier, où s'ensuivrait encore l'Affrontement. Est-ce que cette étape marque la fin de notre silence ? J'espère de tout cœur que oui.

Je passe sous les arbres gigantesques qui surplombent mon corps fébrile. Leurs branches tendent vers moi leurs feuilles d'un vert pur, sans qu'une seule n'effleurent le haut de mes cheveux. J'appréhende de revoir Théo. Je n'ai emmené ni mon baudrier, ni mes grenades. Si je veux pouvoir les utiliser le jour de l'Affrontement, il y a deux solutions : soit je présente mon projet à Théo en valorisant tous les avantages qu'elles pourraient apporter à l'équipe, mais pas dès le début. Au début, il faut instaurer un climat de confiance, être docile, puis glisser le sujet de manière fine et délicate.

D'après le lettre que j'ai reçue, mon rendez-vous se situe à mille pas au Nord de l'entrée du cimetière, puis trois-cents à l'Est et enfin cinq-cent au Nord-Ouest. Pourquoi faire un tel manège pour une simple réunion ? Les autres n'ont aucune raison de venir ici, sans sécher leur Stratégie, ce qui serait un motif respectable de bannissement temporaire.

Je continue de marcher dans la dernière indication du plan. Aucun bruit ne trahit la position des Rouges. Le son des merles se répercutent dans une douce mélodie envoûtante, bien plus forte à mesure que je me rapproche de ma destination, ce qui signifie qu'il n'y a aucun rumph dans les parages. Tant mieux.

Quel genre de stratégie Théo peut-il bien appliquer ? Frontale ou bien, plus fourbe ? Je parierai sur la deuxième. Il n'a jamais été pour foncer dans le tas. Ses attaques ont toujours eu pour but de dégager une certaine zone quand nous jouions à ContrAttak quand j'étais plus petite. Je perdais la plupart du temps, mais Théo me laissait gagner de temps en temps quand il trouvait que j'étais sur la bonne voie. Il a toujours quelque chose derrière la tête. Je ne me fais pas de soucis, avec lui pour Stratège. Il serait capable de plonger dans l'Ombre Olivier avec ses réflexions offensives

Je m'arrête au cinq-centième pas, au milieu d'arbres par centaine, dans l'une des régions que je connais le moins de la forêt. Personne n'est en vue. Je ne suis pas arrivée en première, tout de même ? Je suis persuadée de ne pas être en avance.

Soudain, une main gantée de noir me bâillonne. Elle noue ses jambes autour de ma taille avant de bloquer les miens de son bras vacant. Elle nous propulse dans les airs d'un coup de pied. Je hurle mais le son étouffé ne m'est d'aucune aide. Je ne connais qu'un seul type de personne qui se camoufle aussi bien et avec une telle agilité : les Alfes de l'Ombre. Que me veulent-ils ? Ils vont me tuer. Je suis susceptible de leur attirer trop de problèmes. Qui ne me dit pas que c'est Will qui les a prévenus ? Ou même Lucas ? Il faut que je sorte de là.

Je me débats comme une furie tout le long de l'ascension, sans que mon ravisseur ne bouge d'un pouce. Quand je lui mords les doigts, il ne pousse pas même un grognement. Je suis fichue.

On atterrit durement sur un tronc large. L'Ombre me repousse quand je me dégage. Je lui attribue un coup de genou dans l'estomac avant de reculer et de me mettre en position défensive. Mon ravisseur commence à retirer sa cagoule d'un geste irrité. Il l'enlève dans coup sec, laissant dévaler une cascade de cheveux blonds dans son dos. Ses yeux clairs se posent sur moi, un éclat dur, presque narquois brille dans leurs pupilles.

- Lucie ? craché-je.

- Salut, ma belle. Tu as aimé le transport ? demande-t-elle d'un air goguenard.