Lucas répond à mon regard par un embryon de sourire satisfait, si j'en crois son expression. Mes bras sont couverts de chair de poule. Ce n'est pas étonnant que ce soit lui quand on connaît son intimité avec la violence, ou son manque de contrôle sur sa force.
Je me détourne. Quoique je fasse je tombe sur lui. Pas deux fois dans la même journée.
En esquivant son regard inquisiteur, je tombe sur celui de Théo, tout autant mystérieux.
Mon ancien tic se manifeste. Ma paupière gauche se met à tressaillir. Je baisse les yeux pour éviter qu'il le remarque— Je pense qu'on va pouvoir y aller.
— Très bien, merci beaucoup.
Il s'éloigne et annonce :
— C'est la fin du cours, vous pouvez rentrer chez vous, à demain. C'était très bien aujourd'hui, votre progression est très satisfaisante. Je suis fier de vous, affirme-t-il en souriant.
Pas son véritable sourire, celui éclatant où l'on voit ses dents, mais presque. Il est heureux. La douce chaleur est de retour. C'est différent de celle que je ressens quand mes amis sont exaltés, mais tout aussi agréable.
Il se tourne vers moi.
— Je te ramène, tu es prête ?
Je hoche la tête, le visage caché par mes cheveux que je viens de détacher pour plus de sûreté.
Il passe ses bras sous mes jambes, puis sous mon dos. Il me soulève sans effort. Ma tête se cale par automatisme sur son cœur.— Ça va ?
— Super bien.
— Mets tes bras autour de mon cou, si ça ne te dérange pas. Ça évitera que nous tombions, ça serait dommage.
Il marche en veillant bien à ne pas me bousculer. Quand vient le moment de sauter, mes mains le serrent à l'étrangler. Il ne dit rien et se repositionne avec souplesse. J'ai la grâce d'une grand-mère sous son meilleur jour. Je n'y arrive pas quand je suis seule, alors avec quelqu'un ? Mission impossible !
Le chemin s'effectue dans le silence. Il n'y a rien à dire. C'est agréable de partager ce moment sans avoir à se forcer à parler. Nous sommes exténués après une journée pareille.
Il ne me reste plus qu'à aller voir Ella avec ma mère.Théo ne me dépose pas sur le pas de la porte comme je m'y attendais. Il toque, se campe devant sans cesser de me porter, en attendant que ma mère nous ouvre. Elle écarquille les yeux en apercevant mon sauveur. Surpriiiiise !
— Bonjour Anne, comment vas-tu ? demande-t-il d'une voix douce, que j'imagine accompagnée d'un léger sourire.
Interloquée de voir Théo tenir sa petite fille dans ses bras, elle ouvre la bouche sans savoir quoi dire. Elle finit par le couvrir d'un regard mélancolique, attristée de ne pas l'avoir vu pendant des années. . Si je n'étais pas là, elle l'aurait serré dans ses bras. Il lui a manquée. Elle le considérait comme son fils à l'époque. Combien de fois m'a-t-elle demandée si je lui avais parlé, si j'avais eu de ses nouvelles ?
— Je vais très bien et toi ?
Son regard se pose sur moi. Elle percute que je ne devrais pas être dans ce genre de position en temps normal. Ses sourcils se froncent, puis sa peau perd trois teintes de couleur.
— Que t'est-il arrivé ? Théo, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Emelyne s'est mal réceptionnée hier. Malheureusement elle ne l'a remarqué qu'aujourd'hui. Elle ne doit pas venir tant que sa jambe la fera souffrir. La forêt est dangereuse donc je l'ai ramenée.
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The Alfe Wars [terminée]
FantasiaAprès la mort de Ella Taylor, tuée par les ennemis de son espèce, les Alfes de l'Ombre, un système a été mis en place : le Choix des Élites. Les adolescents âgés de seize à dix-neuf ans sont conscrits à ce service obligatoire. Le but ? Trouver les...