Décembre 3516
Le faible éclat des voix dans le couloir de l'hôpital confirme à Sera qu'il est l'heure pour elle de partir.
Elle glisse les derniers vêtements dans son sac de voyage, glisse rapidement un œil dehors pour regarder si quelqu'un arrive, et avant même que ce ne soit le cas, elle s'élance dehors, à grandes enjambées, son sac sur l'épaule.
Dans l'ascenseur, elle glisse sa capuche sur ses cheveux habituellement rouges provoquant, pour avoir glissé dans un rose pâle atterré, puis dans un brun trop normal pour être vrais, sur la tête d'une métamorphe.
La seule information qui joue en sa faveur pour le moment, c'est que cette femme n'est pas là. Qu'elle ne crie pas. Qu'elle ne peut pas s'approcher d'elle. C'est tout ce qu'il faut à l'adolescente pour avoir cette impulsion obligatoire : rentrer chez elle. Se rouler en boule dans cette pièce si récente qu'elle appelle sa chambre, et espérer se lever le lendemain comme si tout était normal.
Sauf que sa vie n'est pas normale. Et qu'elle n'aura pas pour vocation de le devenir, visiblement.
Il pleut, dehors. Et elle fait comme si les fines gouttes n'existaient pas, tirant son téléphone de sa poche de pantalon, et appuyant sur le contact « Maman ».
- Allô ?
- Ma chérie ? Tout va bien ?
- Je suis sortie de l'hôpital, répond-elle après un court silence.
- Ah... ? Mais... il s'est passé quelque chose ? Tu vas bien ?
- Oui, tout va bien. Vous pouvez juste... venir me chercher ? S'il-te-plaît ? Je vais aller dans le café où on allait quand on habitait le quartier, en attendant. Ça te parait raisonnable ?
Leur relation est comme ça. Elle demande la permission, mais en même temps, pas vraiment. Elle a grandit un peu toute seule, ce n'est pas la première fois qu'elle doit prendre une décision pour elle-même.
Sa mère doit l'avoir sentit :
- Oui, on se retrouve là. On part de la maison tout de suite. Tu veux que ton père vienne aussi ?
- Mon père...
L'homme que sa mère n'a pas épousé il y a plus d'un an et demi à présent. Son père. Son nouveau père.
- Oui. Papa peut venir aussi, répond-elle sans s'arrêter de marcher. Avec le temps qu'il fait, je ne devrais pas tomber sur l'autre folle.
Elle entend sa mère rire nerveusement, et son conjoint prendre le téléphone :
- Si elle s'approche de toi, appelle la Police. On fera tout ce qu'il faut, d'accord ?
Sera acquiesce, avec ce sentiment rassuré qu'il lui transmet toujours avec ses mots calmes.
- Oui, je le ferais.
Ils raccrochent, et elle tourne à l'angle de la rue pour entrer dans le café.
C'est quelqu'un de bien, l'homme que sa mère a épousé. Sera en est consciente. C'est la seule chose qui fait qu'elle ne peut pas le détester, elle s'en est rendue compte, avec le temps : Ryūtarȏ Sunakawa est un homme bien, qui prend soin d'elles avec le sourire.
Elle commande un café, un décaféiné, et patiente, une pâtisserie entamée dans l'assiette qu'on vient de lui apporter, mais dont elle a engloutit la moitié. Cette nourriture sucrée ou amère lui avait manqué. Même si elle devrait arrêter le café.
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Métamorphe
FanfictionCycle I, Livre II D'un côté, il y a Taeko, et de l'autre, Sera, visages de l'apprentissage héroïque semé d'embuches et au cruel point commun d'un alter aux conséquences désastreuses : la métamorphose. Parce qu'il peut être si dur d'être soi quand on...