Mai 3517
Taeko regarde ses mains avec attention. L'idée de pouvoir copier jusqu'à l'ADN de quelqu'un lui aurait lancé, à une époque, quelques frissons d'excitation. Aujourd'hui, la seule chose qui la fait frissonner, c'est cette question persistante de savoir comment retrouver le sien ensuite. D'après Noa, si elle mute ses cellules jusqu'à prendre celles de quelqu'un d'autre, elle pourrait utiliser l'alter de la personne en question, mais pourrait aussi perdre le sien, par transformation. Cette idée la terrifie.
Tout comme un part d'elle en a envie. Elle voudrait tester ses limites, comme les autres, tout en se disant que les siennes, en revanches, une fois franchies, peuvent l'emprisonner dans son propre corps.
On frappe à la porte de sa chambre de dortoir, et elle sursaute, cachant ses mains dans son dos, telle une fillette prise en faute, avant de se ressaisir. Elle ouvre la porte à Shinso, qui ne la regarde pas pour lancer :
- Le gymnase est fermé, ce soir. Pas la peine d'y aller.
- Oh, merci.
Il grommelle quelque chose, et elle cesse de faire métamorphoser ses joues pour cacher la gêne qui l'habite à chaque fois qu'elle le croise. Elle se mord l'intérieur de la joue en se disant que personne ne pourrait réagir comme elle, puisque ce genre de chose ne doit à arriver... qu'à elle.
Elle s'endort avec un trop plein d'énergie ce soir là, qui lui rend le sommeil agité, et elle peine à se reposer, les yeux clos. Quand elle se réveille le lendemain matin, elle peut remarquer les désagréables cernes qui lui enserrent les yeux, et sa bouche s'ouvre et se referme obstinément dans un ensemble de bâillements dont elle se serait passée au petit déjeuner, pendant les cours, et même pendant la séance d'entraînement, à laquelle elle assiste aujourd'hui.
- Mademoiselle Akada, si vous vous ennuyez, n'hésitez pas à le dire, s'agace Midnight au bout d'une énième intervention.
La métamorphe la regarde lentement, les cheveux plus pâles qu'à l'accoutumée, mais loin d'être blanches, les mèches sont d'un blond gris vaporeux.
- Excusez-moi. Je vous écoute.
- Vous allez faire du secourisme pendant des combats, aujourd'hui. Donc il me faut une équipe de vilain, une de héros, et une de personnes à secourir. Vous allez choisir chacun une personne avec laquelle vous voulez faire équipe, et je ferais les grandes équipes, histoires que vous soyez en conditions réelles.
- Pourquoi réelles ? demande Taeko sous les soupirs désespérés.
L'enseignante prend tout de même le temps de lui répondre posément :
- Parce que peu importe dans quelle équipe on se retrouve, on n'a pas toujours prévu de se retrouver là avec telles ou telles personnes. Donc vous ne saurez pas non plus qui travaille avec vous tout de suite, je vous donnerais les équipes une par une. Vous aurez en revanche tous un signe distinctif : un ruban de couleur accroché à votre uniforme.
- Dans ce cas, ça, ce n'est pas de la condition réelle, marmonne l'adolescente somnolente.
- Pourquoi ? demande Midnight en haussant un sourcil.
- Parce que parfois, on ne peut pas différencier les ennemis des civils, et d'ailleurs, il est déjà arrivé que des héros soient sur le terrain, alors qu'ils sont en tenue civile, même si c'est déconseillé.
L'héroïne frappe des mains avec un sourire :
- Même à moitié endormie, vous n'avez pas perdu votre cerveau, bonne nouvelle ! C'est vrai. Mais les vilains ont une manière de s'habiller bien particulière.
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Métamorphe
FanfictionCycle I, Livre II D'un côté, il y a Taeko, et de l'autre, Sera, visages de l'apprentissage héroïque semé d'embuches et au cruel point commun d'un alter aux conséquences désastreuses : la métamorphose. Parce qu'il peut être si dur d'être soi quand on...