26.1. Ce qu'elle essaie de faire de sa vie

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Août 3517


De tous les messages de retour de vacances qu'elle a reçus, il n'y a que celui de Kinoko Komori, l'adolescente à l'alter de champignons, qui a attiré son attention. Sa camarade de classe lui demande si elle a passé une bonne semaine, et lui propose d'aller boire un thé glacé en attendant le retour des autres étudiants, le lendemain. Sur le moment, Taeko ne sait pas trop quoi répondre, alors qu'elle a envoyé à tout un groupe un copié-collé de ce qu'elle a répondu à Itsuka : « Oui, ça c'est bien passé, et toi ? Je suis rentrée aujourd'hui, perso. ».

Elle est gênée dans sa recherche, lorsqu'on frappe à sa porte. La jeune métamorphe ouvre rapidement, s'attendant à croiser la petite auteure de ses questionnements.

- Hey. Tu viens boire un thé glacé, toi aussi ? lui demande Itsuka.

Taeko note qu'elle n'a pas eu le temps de se changer, et qu'elle transpire encore. Ce que sa camarade doit sentir aussi, parce qu'elle demande :

- Est-ce-que ça te dérange, si je retire mon haut ? Je dégouline.

- Pas de soucis, tu veux entrer ?

- Oh, j'allais m'entrainer un peu. Comme le rendez-vous est fixé à dix-sept heures...

Sa camarade acquiesce :

- Je vois. Ça te gêne, si je te rejoins ?

Le visage d'Itsuka s'illumine.

- Pas du tout ! C'est toujours mieux de souffrir à deux ! plaisante-t-elle en pliant le bras pour gonfler son biceps. Je passe par Kinoko, je lui dis qu'on arrivera toutes les deux au bar ?

- Nickel, sourit Taeko. Je me change aussi, et je te rejoins.

Après un dernier signe de la rousse, elle referme sa porte, les sourcils froncés. Itsuka n'a pas l'air d'avoir remarqué, mais elle a bien senti le courant d'air passer par sa fenêtre, et l'odeur de sable dont son nez se rappelle.

Le sable en lui-même n'a pas réellement d'odeur. Mais suite à une expérience délicate, Taeko a renoncé à avoir un odorat normal. C'est l'un des sens les plus difficiles à métamorphoser, pour elle. Et c'est sans aucun doute celui qu'elle maîtrise le moins. Elle pourrait se transformer en chien qu'elle ne bénéficierait pas de son flair.

Elle ouvre la bouche pour l'appeler, et se ravise. Saryū n'a aucune raison de rester dans sa chambre, après avoir déposé quoi que ce soit. Si elle ne le voit pas, c'est qu'il est déjà parti. Elle avise rapidement le colis qui a été placé dans un coin de son bureau, de façon naturelle, et s'en détourne brièvement. Un moment de réflexion passé, elle l'attrape pour l'ouvrir, et en regarde le contenu. Une fois les épaisseurs de carton écartées, elle peut attraper un téléphone, bien plus petit que la boite épaisse ne le laissait présager, et entouré d'un nuage de chips blanches et vert clair.

L'appareil est déjà allumé, et un premier message s'affiche sur l'écran. Elle le lit rapidement, en diagonale, honnêtement, et ouvre son tiroir, pour laisser glisser l'appareil dedans.

C'est elle qui a demandé à avoir plus de responsabilités, et à faire réellement partie du groupe. Elle ne s'attendait pas à se retrouver en possession d'un téléphone permettant de contacter Saryū. Surtout qu'il lui a prouvé à plusieurs reprises qu'il pouvait entrer et sortir de sa chambre, de l'école, ou plus largement d'une ruelle sans qu'elle ne se rende compte de sa présence.

- Alors c'est un piège ou bien... ?

Elle éventre le carton pour pouvoir le plier dans sa poubelle, vérifiant au passage que c'était tout ce que contenait la boîte.

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