Métamorphe

3.2. Ce qu'on prend et ce qu'on laisse

Novembre 3516

C'est dans une détresse la plus totale que Seal et Kelly entrent dans l'hôpital sans demander le numéro de la chambre en question, guidés par l'alter de Seal.

Ils ne prennent pas l'ascenseur, montant les marches quatre par quatre. Et ce n'est que lorsqu'ils arrivent devant la bonne porte de chambre que le premier obstacle se présente : les parents. Assis sur une chaise en face de la porte, le duo les voit se lever tandis que la femme frappe à la porte :

- C'est Kelly !

- Qu'est ce que vous faites ? Qui êtes-vous ?

Seal fait barrage à la mère et la porte s'ouvre, pour se refermer derrière Kelly.

Kelly est une femme d'une trentaine d'années. Blonde mais les cheveux coupés à la garçonne, elle est l'archétype de ce que la mère de n'importe quelle adolescente considèrerait comme une mauvaise fréquentation.

Seal est quant à lui près de deux fois moins épais que Kelly, mais a un peu plus d'une tête de plus qu'elle. Ce qui lui permet de dominer la mère de toute sa hauteur, et elle fait un pas en arrière, alors que son époux tend le bras devant elle.

Seal lève les deux mains :

- Nous sommes des amis de votre fille. Tout va bien, mais elle a besoin d'aide.

- Je sais qu'elle a besoin d'aide ! rétorque la femme en larmes, mais elle ne me laisse pas rentrer !

De l'autre côté de la porte, Kelly observe avec un effroi fasciné les tentacules qui ont refermé la porte, avant d'en être arrachée par un clapotis discret. Les membres visqueux viennent de l'adolescente, engoncée dans une sorte de piscine, une queue de poisson sortant de l'eau, posée sur le rebord, et les branchies sur son cou battantes.

Elle tend ses bras écailleux vers elle, ouvrant les palmes entre ses doigts :

- Kelly !

La jeune fille attendait tellement sa présence pour l'aider que la voir devant elle en est douloureux. Et en dépit de l'eau éclaboussée sur le sol, et de l'apparence inquiétante de celle qu'elle connait, Kelly la rejoint en deux grandes enjambées pour la serrer dans ses bras.

- Sera !

- J'ai voulut être plus rapide pour appeler les secours, et je suis désolée, sanglote-t-elle, tellement désolée ! J'ai tellement peur de redevenir moi !

- Tout va bien, je suis là, maintenant. Je vais t'aider. Ça va aller.

La grande métisse la berce le temps qu'il faut pour la calmer, et s'écarte un peu d'elle prenant une chaise pour l'attirer vers elle.

- On va commencer par le plus simple, dit-elle en s'asseyant.

Kelly tente d'avoir l'air convaincant quand elle n'a, en réalité, pas la moindre idée de ce qu'elle dit. Elle pince les lèvres dans un sourire, tout de même convaincue que l'adolescente parviendra à tout faire.

- On va commencer par ton appareil respiratoire.

Sera ferme les yeux, accrochée à Kelly, et une brume fine et colorée s'échappe de sa peau pour la recouvrir. Lentement, les branchies de son cou et son abdomen s'effacent, tandis qu'elle prend une grande inspiration.

- D'accord.

- Ensuite... les mains. Elles sont pareilles, mais sans les palmes.

Les doigts de Sera retrouvent une forme habituelle, toujours pourtant couvertes de petites écailles. La silhouette que Kelly voit grâce à son alter s'éclaircit de plus en plus, et c'est la jeune fille qu'elle connait qui se jette à son cou, après avoir retrouvé une apparence normale.