31.1. Ceux qui manquent de sommeil

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Septembre 3517


A demie endormie, Taeko se fait rappeler à l'ordre... encore une fois. C'est Honenuki qui lui secoue doucement l'épaule, juste à sa droite, pour l'aider à se redresser. Elle n'a pas le temps de se dire que dormir au premier rang est vraiment la pire idée de la planète, quand son camarade lui assure silencieusement que Midnight est au fond de la salle, et qu'elle ne doit pas l'avoir vue.

Sa mâchoire visible lui fait une grimace et elle parvient à se reconcentrer jusqu'à la fin du cours sur les affaires dans lesquelles les grands héros de l'histoire ont été embarqués. La sonnerie retentit, et les élèves quittent leur place, tandis que l'aimable voisin de Taeko lui prête son cahier :

- Tu pourras me le rendre demain, la rassure-t-il. Si tu n'arrive pas à me lire, préviens-moi.

Taeko hoche la tête avec gratitude, et range le précieux cahier dans son sac pendu au bureau.

Elle se redresse, en faisant à demi tomber l'épais carnet de recherches qu'elle se trimbale depuis des jours, dont les feuilles collées dépassent parfois des pages, pour laisser sortir des bandes de tissu ou de cuir, de photographies de vêtements. Elle a commencé il n'y a pas très longtemps. Elle en aura besoin pour continuer d'apprendre à faire transformer les vêtements, alors elle s'est penchée dessus à la pause, encore une fois... pour ne pas se réveiller au début du cours, encore une fois.

Le regard de Shinso braqué dans sa nuque la fait frissonner, et elle doit faire appel à toute sa concentration pour ne pas métamorphoser ce sens qui l'aide si souvent, mais qui lui rend aujourd'hui la tâche très dure.

L'adolescente referme son carnet, le range dans son sac, et essaie de rester éveiller, en dépit du bourdonnement soporifique des voix de ses camarades. Lorsqu'elles cessent enfin, elle peut accorder le peu d'attention dont elle est encore capable à leur dernier professeur de la journée.

Travailler sur la composition des minéraux avec Momo Yaoyorozu lui a prit une bonne partie de son dimanche, et réviser la liste des composés chimiques qu'elle en a tiré lui a pris toute la nuit. Si elle prend en compte le fait qu'elle a aussi été obligée de s'entrainer encore et encore toute la matinée avant de descendre prendre le petit déjeuner, c'est-à-dire les trois premières heures de sa journée fournie, elle en est à une vingtaine d'heures de travail en trois jours, sur ce projet. Le coup de téléphone qu'elle ne reçoit pas l'angoisse aussi. Mais elle ne peut pas prendre le risque d'appeler avant d'avoir du nouveau.

Elle sursaute au son de la cloche de fin de journée, et remballe ses affaires lentement. Peut-être qu'elle peut s'accorder une pause, maintenant. Elle le doit, si elle veut tenir le coup pour le reste de la semaine, de ses recherches, et...

La notification sur son téléphone la sort de sa torpeur. Elle le tire de sa poche de sac mécaniquement, pour lire le contenu de l'email, tout en chargeant son cartable de son cahier et de sa trousse.

- Taeko ?

La lycéenne se retourne vivement.

- Oui ?

Son camarade aux yeux mauves la fixe une seconde, avant de demander, soulagé de voir une nouvelle expression sur son visage épuisé :

- Tu as appris une bonne nouvelle ?

Elle hausse les épaules, et étire un sourire sur ses lèvres :

- Je suis prise, par l'agence près du lycée.

Il sourit à son tour.

- Bonne nouvelle. Félicitations.

L'entrée en stage pour les terminales se fait en décembre, cette année. Avant les lycéens passent toutes sortes d'examens dont la mention seule les fait frissonner. Itsuka lui avait expliqué que les programmes avaient drastiquement changé au cours des deux dernières années : les héros devaient être totalement prêts à la sortie de l'école. A ce titre, Yuei a préféré miser sur l'enseignement et l'équipement à leurs disposition pour faire passer des entraînements de plus en plus cauchemardesques, dans des situations plus que critiques.

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