Métamorphe

9.2. Ce qui touche son cœur

Avril 3515

Sera s'est étendue par terre, le souffle haletant, la peau couverte de sueur, et les muscles grinçants de douleur. Une silhouette s'approche d'elle, et elle n'a pas besoin de savoir qui s'est. Elle vient de la mettre au tapis.

- La rentrée, c'est dans deux jours, non ?

Sera acquiesce.

- Ouais.

La femme aux muscles saillants sourit en hochant la tête.

- Tu vas les épater.

- Merci. Vous croyez vraiment ? Parce que j'ai pas l'impression d'être au niveau.

L'autre rit, en lui tendant la main.

- Tu ne peux pas être au niveau d'une héroïne professionnelle, c'est normal.

La peau mate, les oreilles de lapine blanches et le sourire éclatant, la jeune métamorphe observe cette héroïne qui l'a choisie pour lui apprendre quelques « trucs », au départ. Une héroïne avec laquelle elle pense s'être liée d'amitié.

- Tu pense à quoi ?

Sera secoue la tête et attrape sa main.

- Ma mère est over-stressée. Et je ne l'aide pas vraiment à se calmer.

Mirko lui ébouriffe ses mèches rouges en riant.

- Les parents s'inquiètent pour leurs enfants. Ne t'en fais pas. Quand elle verra que tu cartonne, elle se calmera un peu.

L'adolescente hausse les épaules, et se remet en position :

- C'est dur d'être un héro ? demande-t-elle tandis que l'héroïne se met en place à son tour.

Etonnée par la question, elle hausse les sourcils. Ce n'est pas le genre de Sera, de poser de genre de colle. Habituellement, elle demande des détails sur les interventions, sur comment ça se passe, par sur ce qu'elle ressent, de ce qu'il se passe.

- Parfois, c'est tellement facile qu'on se dit qu'on n'aurait pas besoin de protocole, pour faire ça ou ça. Et parfois... on se dit qu'on s'est trompé de voie. Qu'on est trop qualifié pour faire une erreur, et qu'on n'a pas de marche de manœuvre. C'est un beau métier. Mais de manière générale, je dirais qu'il n'est pas facile. Et plus on est haut dans le classement, et plus c'est dur.

- Pourquoi ? s'étonne l'adolescente.

- Parce que tout le monde en attend plus de toi. C'est ça, qui est terrible, je pense. Avoir peur de décevoir ceux qui croient en toi.

Le coup part trop vite pour qu'elle ne pense à quoi que ce soit : Mirko a terminé sa phrase, et balancé son poing en avant pour annoncer le début du combat. Et comme d'habitude, Sera évite le premier coup, le deuxième... elle pourrait tous les éviter, si elle ne cherchait pas à caler les siens au passage.

- Tu as beaucoup progressé, tu le sais ?

Sera s'accroupit :

- Peut-être, mais ce n'est pas assez !

- Quel niveau... tu veux atteindre ? demande-t-elle en évitant son pied.

- Plus que le votre !

La femme-lapine ricane.

- Bel objectif, mais tu feras quoi, quand tu sera meilleure que moi ?

- Je chercherais une personne meilleure que moi, et je tenterais de la dépasser.

- Et après ?

- Encore. Et encore. Et encore. Je veux être un héro sur qui on peut se reposer, et qui est assez fort pour n'avoir besoin de personne.