11.1. Ce pourquoi elle se bat

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Mai 3517


Passer du temps avec des apprentis héros ne fait pas des gens des héros. C'est quelque chose dont Taeko a sombrement conscience. Et si elle s'est tenue à carreaux jusque là, elle n'hésite pas, massacrante, à s'en prendre à un groupe de jeunes de son âge, dans le couloir. Elle les a vus s'en prendre à une quatrième lycéenne en béquilles, et en colère, elle attrape les deux plus proches par le col. Une fille dans la main droite, un garçon dans la main gauche.

La proposition que les vilains lui ont faite lui trotte dans la tête. Elle ne peut pas se défaire de l'idée que peut-être, peut-être, que la voie des héros n'est ni la plus facile, ni la plus juste.

- Hé ! hurle la blonde en se débattant.

Mais de sa haute stature, plus grande depuis quelques enjambées, et plus imposante, presque masculine, Taeko hausse un sourcil, avant de la pousser contre le mur derrière. Elle évite un coup de poing, lance un coup de pied, attrape un poignet, le tourne...

Ça ne se passe pas aussi rapidement qu'elle l'aurait cru. Mais ses adversaires ne sont que des petites frappes, et le temps qu'ils se sauvent, la fille en béquilles n'a que le temps de se relever, grimaçant de celle qui a été tordue dans un angle droit quasiment parfait.

Seules, Taeko s'approche d'elle, et la fille recule, lâche sa béquille, et se colle au mur, comme pour disparaître. La métamorphe a pourtant regagné sa taille normale, et sa couleur de cheveux habituelle, pour s'approcher d'elle.

C'est très certainement une étudiante étrangère ou métisse, la peau brune, et les cheveux encore plus sombres, les yeux à peine plissés, mais portant l'uniforme impeccable.

Taeko ne lui demande pas son nom. Elle ramasse la tige d'appui, la redresse par un tour de passe-passe qu'elle ne montre que très peu, cachant dès qu'elle le peut son habilité à métamorphoser les objets, et la pose contre le mur, près de la fille. Elle glisse ensuite sa capuche noire sur sa tête, fourre ses mains dans ses poches, et referme par le geste la veste gris clair qu'elle a par-dessus son sweat.

Etre métamorphe n'est pas un avantage dans une société pareille. C'est incroyable, c'est vrai, et rare, mais dans un monde où les gens doivent avoir plusieurs niveaux de protection contre les abus et la colère, dans un univers où les gens laissés de côté sont ignorés, et isolés davantage, que peut elle espérer ?

- Des cases. Il s'agit de rentrer ou non dans les cases.

Elle hésite entre la colère et la peine, douloureuse de devoir regarder le monde tourner dans un sens qui ne lui plait pas. Elle n'est pas là depuis deux mois, qu'elle a déjà provoqué une bagarre, courte, certes, mais une bagarre tout de même, et ça ne lui plait pas. Que diront ses parents s'ils apprenaient ça ?

Elle s'arrête devant un panneau d'affichage, au rez-de-chaussée, attirée par une affiche de couleur vive, et qui annonce un concours interne pour les étudiants en filière assistance. L'objectif est de créer un costume pour un apprenti en filière héroïque, qui colle le plus fidèlement possible à ses attentes, mais aussi à son alter. Le tout, au coût le plus bas possible.

Elle réfléchit longuement, très contrariée, et sans y réfléchir, elle envoie un message à Nagako :

« Tu participe au concours de costume ? »

A-t-elle tenté de se servir d'elle pour ce concours ? A-t-elle prévu de lui demander de l'aide pour obtenir une bonne place ?

« Oui, avec Midoriya, pourquoi ? » lit-elle en réponse.

MétamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant